INTRODUCTIONS : LES DIRIGEANTS DE GAVI
Il faut un engagement collectif encore plus important ; il faut mettre davantage l’accent sur le renforcement des systèmes de vaccination de routine ; il faut innover continuellement et apprendre sans cesse.
Dr Seth Berkley, Directeur exécutif
En 2017, 65 millions d’enfants ont été vaccinés avec notre aide, soit 3 millions de plus qu’en 2016, et nous sommes bien positionnés pour atteindre notre objectif de 300 millions d’enfants vaccinés entre 2016 et 2020. L’étendue de la protection a également augmenté, passant de 37% à 41%, avec plus de pays offrant une gamme élargie de vaccins dans le cadre de leurs programmes de vaccination systématique.
Ces progrès ont été réalisés malgré les difficultés d’approvisionnement que nous continuons à rencontrer avec certains vaccins, notamment le vaccin inactivé contre la poliomyélite (VPI) et le vaccin contre le virus du papillome humain (VPH). Les problèmes d’approvisionnement de ces deux vaccins, résultat de l’augmentation spectaculaire de la demande, expliquent pourquoi, en 2017, il n’a été possible de réaliser que 35 des 50 introductions prévues.
La vaccination s’impose toujours comme l’intervention sanitaire la plus rentable. Depuis sa création en 2000, l’Alliance du Vaccin a permis d’élargir considérablement l’accès à la vaccination. Dans les pays qui bénéficient de notre soutien, nous sommes arrivés à réduire de moitié le nombre d’enfants qui échappent à la vaccination de base : ils étaient 28 millions en 2000, ils sont à peine plus de 16 millions aujourd’hui. Nous sommes parvenus à ce résultat malgré l’augmentation de 15%, depuis 2000, du nombre d’enfants survivant au-delà de l’âge de 12 mois.
Au cours de cette période stratégique, nous avons constaté une amélioration appréciable de la couverture avec trois doses de vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTC3), tel que le pentavalent, avec une augmentation d’un point de pourcentage par rapport à 2015. C’est un début, mais ce n’est pas autant que nous l’aurions souhaité. Nous sommes en-dessous du taux de croissance escompté, ce qui montre la nécessité d’accélérer les progrès. Pour cela, il faut un engagement collectif encore plus grand ; il faut mettre davantage l’accent sur le renforcement des systèmes de vaccination de routine ; il faut innover continuellement et apprendre sans cesse.
Cela s’applique tout particulièrement aux pays et aux zones fragiles. Quelle que soit la cause de ces fragilités –conflits, déclin économique ou pressions dues au climat – les habitants des zones considérées comme fragiles ont davantage besoin de la protection offerte par la vaccination, mais ce sont par définition les plus difficiles à atteindre.
Dans ces conditions, les campagnes de vaccination jouent souvent un rôle important en permettant de protéger rapidement un grand nombre de personnes vulnérables contre des maladies redoutables. Mais pour beaucoup de pays, le recours répété aux campagnes de vaccination peut aggraver le problème au lieu d’apporter une solution à long terme. Menées le plus souvent en réponse aux épidémies, les campagnes de vaccination de masse coûtent cher ; elles éloignent les agents de santé de leur lieu de travail régulier et les détournent de ce qui devrait être leur priorité – renforcer les services de vaccination de routine et participer à l’édification de systèmes solides de soins primaires. C’est une des raisons pour lesquelles la couverture vaccinale contre la rougeole n’a pas augmenté depuis 2015. Autre exemple, la fièvre jaune : les efforts et les ressources ont porté sur la lutte contre les épidémies avec plusieurs campagnes de vaccination, mais la couverture systématique est restée, ces cinq dernières années, en-dessous des niveaux d’avant 2009.
Si la problématique de la couverture vaccinale reste critique, cela n’enlève rien aux progrès que nous avons réalisés dans d’autres domaines. Les efforts de Gavi pour façonner le marché, par exemple, ont continué à porter leurs fruits ; ils ont stimulé la concurrence, ce qui a permis d’assainir le marché des vaccins. Ainsi, le coût de la vaccination complète d’un enfant avec le vaccin pentavalent et les vaccins contre le pneumocoque et contre le rotavirus est tombé à 16,63 dollars US en 2017, soit une réduction de 12% par rapport à 2016. Autre témoignage du succès du modèle de Gavi, huit pays se passeront de notre soutien financier d’ici la fin de l’année, ce qui portera à 16 le nombre de pays ayant réussi leur transition. Cela signifie que nous sommes en très bonne voie d’atteindre notre objectif, à savoir que 20 pays puissent se passer de notre aide d’ici 2020.
Tout cela nous positionne favorablement pour notre évaluation à mi-parcours qui aura lieu à Abou Dhabi en décembre 2018, quand nous rendrons compte de nos progrès à nos donateurs. À l’approche de 2020, nous commençons à réfléchir à notre prochaine période stratégique ; il est cependant indispensable de continuer à nous pencher sur les problèmes mis en évidence dans ce rapport. Comme la période 2021-2025 (dénommée « Gavi 5.0 ») apportera probablement son cortège de nouveaux défis, la priorité est maintenant de remettre la couverture vaccinale sur la courbe ascendante. Avec l’attention renouvelée des pays et des partenaires, nous pouvons assurer qu'aucun enfant ne sera laissé de côté.
Pour maintenir les taux de vaccination à un niveau élevé après le retrait de l’appui de Gavi, nous poursuivrons notre engagement vis-à-vis des pays en transition et leur fournirons le soutien dont ils ont besoin pour réussir.
Dre Ngozi Okonjo-Iweala, Présidente du Conseil d’administration
L’un des thèmes récurrents de cette année était « les partenariats ». Tout au long de l’année 2017, Gavi a imaginé de nouvelles façons de collaborer avec ses partenaires pour arriver à surmonter les défis, anciens et nouveaux. Pour une alliance comme la nôtre, cela me paraît une évidence.
Alors qu’elle compte maintenant plus de 60 partenaires, l’Alliance du Vaccin a mis en place un cadre d'engagement avec ses partenaires (PEF, pour Partners’ Engagement Framework) qui offre de nouvelles façons de travailler grâce à son approche intrinsèquement centrée sur les pays. Au cours de ses deux premières années de fonctionnement, le PEF a permis de financer plus de 200 postes pour les bureaux de pays de l'OMS et de l'UNICEF dédiés à la vaccination.
Notre nouvelle politique relative à la fragilité, aux situations d’urgence et aux réfugiés nous permet de travailler différemment, en étroite collaboration avec les pays concernés. Mise en place en juin 2017, cette politique permet à Gavi de réagir plus vite et avec plus de flexibilité que jamais, et aux pays de vacciner davantage de sujets dans des milieux fragiles.
Ceci n’a jamais été aussi nécessaire. En 2017, plus de 68 millions de personnes ont été chassées de chez elles, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale. Notre nouvelle politique vise à résoudre ce problème croissant, par exemple en permettant aux pays qui accueillent un grand nombre de réfugiés de demander une aide supplémentaire pour les vacciner. Le Bangladesh a été le premier pays à bénéficier de cette possibilité. Grâce au financement de Gavi, il a pu mener des campagnes de vaccination à Cox’s Bazar pour les réfugiés rohingyas à la fin de l’année 2017.
La collaboration est également essentielle pour assurer la pérennité du modèle de Gavi. Des 16 pays qui ne sont plus soutenus par Gavi, six seulement montrent les signes d’une tendance à la baisse de la couverture vaccinale. Afin de maintenir les taux de vaccination à un niveau élevé après le retrait de notre aide, nous poursuivrons notre engagement auprès des pays en transition. En travaillant plus étroitement encore avec les partenaires clés tels que la Banque mondiale, le Fonds mondial et le Mécanisme de financement mondial, sur la question du financement de la santé et de la transition, nous pourrons apporter à ces pays l’appui dont ils ont besoin pour réussir.
Ce soutien inclut également la mise en place de mécanismes permettant le partage des connaissances entre pairs, par exemple des partenariats Sud-Sud, l’organisation de rencontres et de voyages d'étude, ou l’installation d’une plateforme en ligne réservée aux membres, dont le but est de favoriser l’adoption des meilleures pratiques en matière de vaccination.
Ces initiatives permettront de continuer à renforcer et à élargir nos liens de travail avec les partenaires clés. Notre collaboration avec le Fonds mondial, par exemple, couvre déjà un large éventail d'activités liées à la vaccination : gestion des risques, sensibilisation et mobilisation en faveur de la vaccination, renforcement des systèmes de santé, surveillance et évaluation. Aux côtés de l’OMS et d’Unitaid, le Fonds mondial est également l’un des principaux partenaires dans notre initiative commune de mettre au point un nouveau vaccin contre le paludisme. Des essais cliniques à grande échelle devraient débuter fin 2018.
Avec des effets positifs sur l'éducation, la sécurité sanitaire mondiale et l’inscription à l’état civil, la vaccination constitue l’une des grandes voies d’accès à la couverture sanitaire universelle. Alors que l’importance du rôle de notre Alliance dans le domaine de la santé mondiale ne cesse de croître, nous prévoyons d’intensifier nos collaborations et d’élargir notre panel d’acteurs et de partenaires, pour travailler ensemble à la réalisation de nos objectifs communs.