Sensibilisation et solidarité pour lever les barrières à la vaccination des enfants ruraux

Au Bénin, malgré les nombreuses sensibilisations, faire vacciner son enfant n’est pas une chose aisée. Jusqu’à 9 mois, il faut débourser moins de 1000 FCFA pour pouvoir faire vacciner son enfant. Mais à partir de 12 mois, c’est un luxe que ne peuvent s’offrir certains parents, surtout dans le monde rural. Ils sont donc nombreux, ces enfants en milieu rural et même dans les grandes villes, qui se retrouvent exposés à de nombreuses maladies pour défaut de vaccination. Pour y remédier, les personnels de santé et les mères s’organisent.

  • 21 juillet 2022
  • 4 min de lecture
  • par Edna Fleure
Bébé prêt à être vacciné contre la rougeole, à Ouidah. Crédit : G.F.A.
Bébé prêt à être vacciné contre la rougeole, à Ouidah. Crédit : G.F.A.
 

 

Protéger son enfant quoi qu'il en coûte

Nous sommes ici à Ouidah, une ville située à moins de 50 kilomètres de Cotonou. Le lundi est jour de vaccination pour les moins de neuf mois. Mais dans le lot, certaines mamans sont venues prendre des renseignements sur le coût de la vaccination pour leurs enfants âgés pour certains, d’un an et pour d’autres de deux ans et plus.

Carine Semassa est vendeuse de poissons au grand marché de la localité. Elle pense que la vaccination pour sa fille âgée de 14 mois s’est arrêtée à la dernière dose prise à neuf mois. « 27.000 FCFA pour une vendeuse de poissons comme moi ? Où vais-je trouver un tel montant qui dépasse de loin la recette que je peux me faire en plusieurs jours ? Son père a même refusé ces histoires de vaccination. Moi je m’entête parce que l’assistance sociale a dit que les vaccins empêchent les maladies ».

Certains groupements de femmes ont initié des tontines journalières ou hebdomadaires qui varient entre 200, 500, et 1.000 FCFA. Le but est d’aider les mères qui ne peuvent assumer d’un coup les frais de vaccination à les épargner jusqu’à la date fixée.

Selon la zone, débourser entre 26.000, 30.000 même 45.000 FCFA avant de pouvoir recevoir une dose, est une mission impossible pour certains parents qui se retrouvent dans l’incapacité de sacrifier la recette d’une récolte, d’un jour de marché pour une vaccination.

Mères attendant de faire vacciner leurs bébés, à Ouidah. Crédit : G.F.A.
Mères attendant de faire vacciner leurs bébés, à Ouidah.
Crédit : G.F.A.

Comme Carine, de nombreuses mères se heurtent à la cherté des vaccins destinés aux enfants. Selon Astrid Prodjinonto, médecin généraliste, tous les vaccins sont chers. « Seuls les vaccins réalisés jusqu'à 9 mois sont subventionnés par l'État béninois et les Partenaires techniques et financiers afin de garantir une couverture vaccinale optimale. Les autres vaccins coûteraient autant si l'État et les PTF ne déboursaient pas énormément d'argent », a-t-elle souligné pour expliquer les raisons pour lesquelles certains vaccins sont hors de portée pour certaines familles.

Iris Sintondji est assistante sociale dans le même hôpital. Elle reçoit chaque jour des mères qui se plaignent du fait qu’elles n’arrivent pas à faire face à la cherté de certains vaccins. « Je crois que les sensibilisations ont porté leurs fruits et que de nombreuses familles savent qu’il faut nécessairement vacciner leurs enfants pour les mettre à l’abri de certaines maladies. Ces vaccins sont nécessaires mais en fonction des moyens disponibles. Chaque pays fait des choix et définit des priorités. Et ces choix sont guidés par plusieurs études et données épidémiologiques. L'idéal serait que tous les vaccins soient gratuits mais l'Etat n'en a pas les moyens pour le moment », a-t-elle souligné.

Solidarité entre mères

Le gouvernement est conscient de la situation et cherche les voies et moyens pour permettre à tous les enfants béninois d’être vaccinés sans que l’argent ne soit une barrière. C’est d’ailleurs dans ce cadre que du 21 au 27 mars 2022, il y a eu une campagne de vaccination contre la méningite de type A (MenA). Grâce à l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 1.573.502 enfants âgés de 1 à 9 ans révolus ont pu être vaccinés dans les cinq départements les plus à risque du Bénin que sont l’Alibori, l’Atacora, le Borgou, les Collines et la Donga.

De façon isolée, certains groupements de femmes ont initié des tontines journalières ou hebdomadaires qui varient entre 200, 500, et 1.000 FCFA. Le but est d’aider les mères qui ne peuvent assumer d’un coup les frais de vaccination à les épargner jusqu’à la date fixée. La présidente de ce groupe est un médecin à la retraite. Pour elle, il vaut mieux agir et ne pas forcément attendre l'État tant qu’on a la force et la volonté.

Le Bénin fait partie des pays d’Afrique de l’Ouest où la couverture vaccinale chez les enfants reste un défi. Relancer la vaccination de routine et accélérer l’élimination des maladies infantiles fait partie des objectifs que poursuit le gouvernement béninois qui met au cœur de ses priorité la santé et le bien-être des enfants.