Des mères saluent le lancement historique de la vaccination contre le paludisme au Burundi

À l’approche de la saison des pluies, qui marque le retour du paludisme, de nombreux parents burundais se réjouissent : leurs jeunes enfants sont désormais mieux protégés que jamais.

  • 31 mars 2025
  • 4 min de lecture
  • par Moses Havyarimana
Une mère et son enfant sont assis aux côtés d’un agent de santé lors d’une séance de vaccination contre le paludisme dans la commune de Mpanda, au Burundi, le 20 mars 2025.   Crédit : Moses Havyarimana
Une mère et son enfant sont assis aux côtés d’un agent de santé lors d’une séance de vaccination contre le paludisme dans la commune de Mpanda, au Burundi, le 20 mars 2025. Crédit : Moses Havyarimana
 

 

Début mars, un sentiment de soulagement a envahi Cherissa Niyokwizera, 32 ans, originaire de Mpanda, dans la province de Bubanza, au nord-ouest du Burundi.

Mère de quatre enfants, elle s’est rendue à l’hôpital général de Mpanda avec le plus jeune d’entre eux – et en est ressortie rassurée : son enfant venait de faire partie des tout premiers à recevoir le vaccin contre le paludisme dans le pays.

Le vaccin est administré en quatre doses, à partir de l’âge de cinq mois environ, conformément aux recommandations en vigueur.

« C’est vraiment important pour la santé de nos enfants, car dans notre village, il y a beaucoup de cas de paludisme à cause des inondations et de l’eau stagnante. Le paludisme est vraiment mortel, c’est pourquoi nous avons répondu rapidement à cet appel – nous avons vu nos voisins perdre leurs enfants à cause de cette maladie », confie Cherissa Niyokwizera.

Le paludisme reste très répandu au Burundi : jusqu’à quatre habitants sur dix ont été infectés en 2023. Les enfants de moins de cinq ans représentent près de la moitié des cas recensés. Ce sont aussi, à l’échelle mondiale, les plus exposés au risque de décès : plus de 75 % des quelque 600 000 morts du paludisme chaque année concernent cette tranche d’âge.

La pression sur le système de santé est considérable. « Nous manquons de personnel depuis un moment dans ce centre de santé, et nous sommes débordés par le nombre de patients, venus non seulement pour le paludisme, mais aussi pour d'autres maladies. Nous espérons que la vaccination contre le paludisme permettra de réduire l’afflux de patients », confie un agent de santé d’un centre situé à Cibitoke, non loin de Mpanda.

Le Burundi lance la vaccination

Un lot de 543 950 doses du vaccin antipaludique RTS,S est arrivé à Bujumbura en janvier. Le 17 mars, le Burundi a officiellement lancé son programme de vaccination contre le paludisme, rejoignant ainsi la liste croissante de pays africains proposant ce vaccin à leurs jeunes enfants. « Depuis décembre 2024, 17 pays ont intégré le vaccin antipaludique dans leur programme de vaccination infantile, et grâce au soutien financier de Gavi, l’Alliance du vaccin, 1 445 500 doses ont été sécurisées pour le Burundi », a indiqué le Dr Xavier Crespin de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Selon le ministère burundais de la Santé, la première phase de la campagne concernera neuf provinces particulièrement touchées par le paludisme, avec des taux de mortalité infantile élevés.

Le vaccin est administré en quatre doses, à partir de l’âge de cinq mois environ, conformément aux recommandations en vigueur.

Mothers registering their children at the malaria vaccination session in Mpanda commune, Burudni, 20 March 2025. Credit: Moses Havyarimana
Des mères inscrivent leurs enfants lors d’une séance de vaccination contre le paludisme dans la commune de Mpanda, au Burundi, le 20 mars 2025.
Crédit : Moses Havyarimana

Pas une minute trop tôt

Pour des parents comme Cherissa Niyokwizera, cette période de l’année est source d’inquiétude : les cas de paludisme au Burundi atteignent généralement leur pic en avril, mai et juin, avec l’arrivée des pluies et la prolifération des moustiques dans un environnement saturé d’eau.

Getrude Niteretse, 36 ans, mère de six enfants vivant à Cibitoke, raconte que cinq de ses enfants ont déjà été touchés par le paludisme, dont trois ont dû être hospitalisés.

« Parfois, nous recevons des moustiquaires pour nous protéger, mais mes enfants tombent toujours malades. C’est vraiment épuisant, car je dois rester à l’hôpital tout en m’occupant des autres responsabilités à la maison », confie-t-elle, en espérant que le vaccin permettra au moins de mieux protéger son plus jeune enfant.

Niyokwizera n’a qu’un seul regret : que ses enfants plus âgés soient trop grands pour bénéficier du vaccin. « Pour l’instant, seuls les plus jeunes, ceux de moins de deux ans, sont protégés — dans une même famille, il arrive qu’un seul enfant soit vacciné, mais nous, on voudrait que tous puissent l’être », a-t-elle confié à VaccinesWork. Un sentiment que de moins en moins de parents devraient connaître, à mesure que le Burundi étend sa campagne de vaccination dans les années à venir.

Lors du lancement officiel du programme, Mario Jimenez, responsable de l’équipe Gavi pour le Burundi, a déclaré : « Nous sommes honorés d’accompagner le Burundi dans cette première phase de déploiement — une étape historique pour la santé publique et la lutte contre le paludisme… cela signifie moins d’hospitalisations, moins de souffrances, et plus d’enfants qui grandissent en bonne santé. »