Cinq façons dont Gavi sauve des vies grâce à des financements innovants – et ce n’est qu’un début
Grâce à des mécanismes de financement innovants, Gavi a permis à de nombreux pays de protéger la vie de millions de personnes.
- 13 juin 2025
- 4 min de lecture
- par Michael Anderson, CEO of MedAccess

Comme le dit l’adage, quand on n’a qu’un marteau, tous les problèmes ressemblent à des clous. Trop souvent, en santé mondiale, notre réflexe est de financer un nouveau projet en reproduisant des schémas connus.
Gavi, l’Alliance du Vaccin, n’a jamais hésité à puiser dans toute sa boîte à outils. Plutôt que de chercher des problèmes correspondant à des solutions toutes faites, elle a mobilisé des instruments financiers créatifs pour répondre à des défis précis dans l’accès aux vaccins.
Créée en 2000 comme mécanisme commun d’achat groupé – un outil de financement innovant en soi – Gavi a su faire preuve d’audace, en testant de nouveaux modèles de financement et en tirant les leçons nécessaires pour s’adapter et progresser.
Il ne s’agit pas d’innover pour le plaisir. Gavi a su relever d’importants défis en matière de vaccination grâce à une approche à la fois inventive et collaborative. Voici cinq exemples particulièrement marquants :
1. Accélérer l’accès aux vaccins contre le pneumocoque
La maladie pneumococcique est la première cause de pneumonie. En 2010, elle a coûté la vie à environ 1,4 million d’enfants. La garantie de marché (AMC) mis en place par Gavi pour le vaccin pneumococcique a incité les fabricants à développer de nouveaux vaccins et à les proposer à des prix réduits dans les pays éligibles à Gavi. En garantissant un complément de prix aux fabricants via les fonds de l’AMC, Gavi a pu offrir une visibilité à long terme sur les retours sur investissement, ce qui a permis l’entrée de trois fournisseurs sur le marché. En 2024, l’UNICEF rapportait que les décès liés à la pneumonie chez les enfants avaient presque diminué de moitié depuis 2010, pour atteindre 725 000.
2. Mobiliser les marchés obligataires pour protéger la vie des enfants
La Facilité internationale de financement pour la vaccination (IFFIm) permet à Gavi d’accéder plus rapidement aux fonds nécessaires à ses programmes de vaccination, tout en assurant aux investisseurs un rendement équitable à long terme. Surnommées « obligations vaccins », les premières émissions d’IFFIm ont permis à Gavi d’élargir rapidement l’accès aux vaccins pentavalents, qui protègent contre cinq maladies mortelles. Dans les pays éligibles au soutien de Gavi, la couverture vaccinale du pentavalent est passée de 0 % en 2000 à 81 % en 2022. IFFIm a ainsi contribué à l’achat de plus d’un milliard de doses, favorisant un marché sain et concurrentiel pour cet outil vital.
Pour aller plus loin
3. Se préparer aux futures épidémies d’Ebola
L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest entre 2013 et 2016 a fait plus de 10 000 morts et plongé les communautés dans la peur. Pour anticiper les futures flambées, Gavi a mis en place un engagement d’achat anticipé pour un vaccin expérimental contre Ebola, permettant la constitution de stocks en vue d’une utilisation ultérieure, avec des paiements indexés sur des étapes réglementaires. Cet accord a permis à Gavi de déployer les premières doses à titre compassionnel, avant même la préqualification par l’Organisation mondiale de la Santé. En 2019, le stock initial de 300 000 doses a été porté à 500 000. Les pays peuvent désormais accéder rapidement à ces réserves en cas d’épidémie.
4. Faire face à une pandémie mondiale
Au début de la pandémie de COVID-19, le monde s’est retrouvé divisé entre ceux qui avaient accès aux vaccins et les autres. Alors que les vaccins étaient mis au point à un rythme inédit, les pays à revenu faible et intermédiaire risquaient de se retrouver en fin de file. La Facilité COVAX a constitué un partenariat inédit qui a permis de mutualiser les ressources des donateurs pour conclure des accords avec plusieurs fabricants de vaccins candidats. Cela a permis aux pays éligibles à COVAX de recevoir des doses en même temps que l’Europe et les États-Unis. Les premières doses COVAX ont été livrées moins d’un mois après l’administration du premier vaccin au Royaume-Uni. Mais les difficultés n’ont pas tardé : entre rétention de doses et interdictions d’exportation, l’approvisionnement de COVAX a été fortement perturbé. Malgré cela, COVAX a distribué 2 milliards de doses à 146 économies, sauvant environ 2,7 millions de vies.
5. Accélérer l’accès au premier vaccin antipaludique au monde
Après plus de 30 ans de développement, le vaccin antipaludique RTS,S de GSK – le tout premier jamais homologué – attendait encore des décisions de financement et de politique de santé. Fin 2022, la production de l’antigène vaccinal était menacée : sans recommandation d’usage en Afrique ni engagement de Gavi à l’acheter, aucun marché n’existait. Pour éviter l’arrêt des lignes de production, Gavi, GSK et MedAccess ont mis en place un mécanisme financier innovant : Gavi a financé la poursuite de la production en échange d’un crédit en doses, et MedAccess a garanti cet investissement en cas de décision défavorable. Cet accord a permis d’avoir des doses prêtes à être déployées dès le début de 2024, à l’issue du processus d’approbation de Gavi par pays.
Je suis fier que MedAccess ait pu soutenir Gavi dans l’usage de ces outils financiers innovants. Gavi reste l’un des investissements les plus judicieux en santé mondiale. En un quart de siècle, ses programmes ont permis de sauver plus de 18 millions de vies. Chaque dollar investi dans la vaccination génère un retour sociétal estimé à 54 dollars. Et Gavi a su faire ses preuves : toujours le bon outil pour le bon défi. Rien ne ressemble à un clou quand on sait manier toute une boîte à outils.
Davantage de Michael Anderson, CEO of MedAccess
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