Au Zimbabwe, la vaccination systématique créditée pour la baisse de la mortalité infantile
Les taux de mortalité néonatale et des moins de cinq ans au Zimbabwe diminuent régulièrement, et les autorités sanitaires estiment que la vaccination a joué un rôle clé dans cette amélioration.
- 6 mars 2025
- 5 min de lecture
- par Elia Ntali

Le Zimbabwe a réalisé des progrès significatifs dans la réduction de la mortalité néonatale et infantile au cours des quinze dernières années, un succès que les autorités sanitaires attribuent notamment à l’ampleur du programme national de vaccination, ainsi qu’à d’autres interventions de santé publique.
Lors d’une allocution publique marquant le jubilé d’or du Programme élargi de vaccination (PEV) à Harare, fin 2024, le ministre de la Santé et de la Protection de l’enfance, le Dr Douglas Mombeshora, a déclaré que les vaccins permettent de sauver six vies chaque minute.
« Le PEV continue de viser à prévenir davantage de maladies évitables lorsque des vaccins sont disponibles. Les vaccins sont porteurs de vie, ils sauvent six vies chaque minute. Nous avons pu bénéficier des vaccins disponibles dans la région et dans le pays.
« Nous avons commencé avec six antigènes et nous en avons désormais 13, ce qui représente une avancée majeure », a déclaré le Dr Mombeshora. « Nous utilisons la mortalité néonatale et infantile comme indicateurs pour évaluer nos progrès.
« Les résultats sont positifs. Nous avons réduit la mortalité infantile, en partie grâce à la vaccination, mais aussi à une meilleure prise en charge des mères pendant leur grossesse. Les vaccins sont véritablement des sauveurs. »
La mortalité néonatale désigne les décès de nouveau-nés dans les 28 premiers jours de vie. Elle est souvent causée par des infections, comme le tétanos – une maladie évitable grâce à un vaccin administré systématiquement aux femmes enceintes au Zimbabwe –, mais aussi par des complications liées à l'accouchement, la prématurité ou un accès insuffisant aux soins.
Comme de nombreux autres pays d'Afrique subsaharienne, le Zimbabwe a longtemps affiché des taux de mortalité néonatale particulièrement élevés. Selon le Groupe inter-agences des Nations unies pour l’estimation de la mortalité infantile (UN IGME), le taux de mortalité néonatale atteignait près de 33 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2008, soit presque le double du taux mondial actuel de 17 pour 1 000. Mais d’après les estimations de l’UN IGME, la mortalité néonatale au Zimbabwe avait chuté à 24,26 pour 1 000 en 2022.
La mortalité des moins de cinq ans suit une tendance également encourageante. En 2008, 93,33 enfants sur 1 000 mouraient avant leur cinquième anniversaire ; en 2022, ce chiffre était tombé à 47,73, selon les estimations de l'UN IGME.
Un accès équitable aux vaccins
Le Dr Aspect Maunganidze, secrétaire à la Santé et à la Protection de l'enfance, affirme que le programme national de vaccination, soutenu par des partenaires internationaux comme Gavi (depuis 2000), l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a été un pilier fondamental de l'amélioration des indicateurs de santé au Zimbabwe et demeure au cœur de la stratégie nationale.
« L'amélioration de l'accès aux soins de santé pour les communautés, grâce aux investissements dans les infrastructures sanitaires et dans les ressources humaines – en formant des travailleurs de santé qualifiés capables d’administrer les vaccins et d’offrir d'autres services intégrés – a joué un rôle clé dans la réduction de la mortalité infantile », a déclaré le Dr Maunganidze à VaccinesWork lors d'une interview.
« D'importants investissements ont été réalisés dans le Programme élargi de vaccination. Le gouvernement continuera à œuvrer pour atteindre chaque personne, partout, avec des vaccins vitaux, dans un esprit d’inclusion totale. Le ministère travaille également à étendre la couverture vaccinale en renforçant les capacités de toutes les structures de santé. »
Le Dr Maunganidze souligne que les agents de santé qualifiés formés par le gouvernement ne se contentent pas d’administrer les vaccins : ils jouent aussi un rôle essentiel dans la sensibilisation des communautés à l'importance de la vaccination.
Pour aller plus loin
Vaccination de proximité : une approche qui sauve des vies
Selon Tariro Makahamadze, agent de santé villageoise (VHW), les campagnes de vaccination itinérantes ont fait toute la différence.
« La réduction de la mortalité néonatale est en grande partie due aux programmes de proximité que nous avons mis en place ces deux dernières années. Nous avons sensibilisé les futures mères à l'importance des consultations prénatales », explique-t-elle depuis Buhera, dans la province du Manicaland.
Miriam Munyikwa, 26 ans, témoigne de l’impact des consultations postnatales, qui ont sauvé la vie de sa fille d’un an :
« Pour être honnête, lors de la naissance de mon premier enfant, je ne me suis jamais souciée d’aller à la clinique pour des contrôles. Mais les informations sur l'importance des visites postnatales, fournies par les professionnels de santé locaux, ont eu un grand impact sur moi.
« Trois jours après l’accouchement, en allant à la clinique, on m’a dit que mon bébé souffrait d’une pneumonie qui mettait sa vie en danger. Elle a été prise en charge et vaccinée. Aujourd’hui, je peux dire que cela a sauvé ma fille. Si je n’avais pas reçu cette sensibilisation, l’histoire aurait été bien différente. »
À Nyanzira, un village de Buhera, de nombreux parents expriment leur gratitude pour ces interventions sanitaires, qui, selon eux, ont sauvé leurs enfants.
« J’ai perdu mon premier enfant à deux semaines de vie, car nous ne pouvions pas accéder à une clinique. Aujourd’hui, nous sommes soulagés : des cliniques mobiles viennent jusqu’à nous et nos enfants sont à jour dans leurs vaccinations », confie Charity Chiga, mère de trois enfants.
Pour Sithabile Maswa, agent de santé locale, l'effet de ces campagnes est indéniable :
« Nous avons constaté une nette augmentation du nombre d’enfants vaccinés lors de nos visites dans les villages. Grâce au soutien du ministère et des chefs de village, nous avons pu organiser des campagnes de sensibilisation, et les résultats sont là. »
Le Dr Maunganidze assure que le gouvernement continuera d'étendre la couverture vaccinale afin que chaque enfant, où qu’il vive, puisse être vacciné.
« Nous allons poursuivre nos visites de proximité dans les zones difficiles d’accès et renforcer la formation des professionnels de santé pour promouvoir la vaccination. Notre objectif est de garantir que les enfants du Zimbabwe grandissent en bonne santé, à l’abri des maladies évitables par la vaccination. »
Davantage de Elia Ntali
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