Les champions de la vaccination, des acteurs clés pour transformer l’accès aux vaccins au Togo
Malgré des progrès au niveau national, l’accès à la vaccination reste inégal selon les régions. Dans la préfecture de la Binah, au nord du Togo, l’engagement d’acteurs locaux comme Augustin Kola, champion de l’OAFRESS depuis 2019, contribue à améliorer la couverture vaccinale en sensibilisant les communautés et en recherchant les enfants non vaccinés.
- 17 février 2025
- 4 min de lecture
- par Nephthali Messanh Ledy

Un acteur clé pour la vaccination dans la Binah
Dans la préfecture de la Binah, au nord du Togo, une initiative portée par l’OAFRESS a permis d’identifier et de vacciner 985 enfants qui n’avaient pas reçu toutes leurs doses de vaccin. Parmi eux, 900 avaient une vaccination incomplète et 85 n’avaient reçu aucune dose. Grâce à ce travail de terrain, les taux de couverture vaccinale ont connu une hausse spectaculaire. Entre 2022 et 2024, la couverture du vaccin Pentavalent-3 est passée de 79,9 % à 110,4 %, et celle du BCG de 69,7 % à 107 %. Ces résultats sont en partie le fruit de l’engagement d’acteurs locaux comme Augustin Kola, champion de l’OAFRESS depuis 2019.
Également coordinateur du secrétariat technique de la Plateforme des organisations de la société civile pour la vaccination et l’immunisation (POSCVI) au Togo, Augustin Kola est un acteur essentiel de la vaccination dans cette région. À la fois présent sur le terrain et dans les instances décisionnelles, il mobilise les communautés, sensibilise les familles et appuie les autorités sanitaires dans l’organisation des campagnes de vaccination.
« Dans notre district, depuis plus de trois ans, nous avons observé une augmentation significative des taux de couverture vaccinale pour plusieurs vaccins du Programme Élargi de Vaccination (PEV) ».
– Dr Wiyao Katchoou, médecin-chef et directeur préfectoral de la santé de la Binah
« Pour la Binah, nous avons organisé des réunions de cadrage avec l’équipe cadre du district afin de définir l’accompagnement et d’identifier les acteurs à impliquer. Ensuite, nous avons déterminé les zones prioritaires et formé les acteurs communautaires chargés de la collecte des données. Ils ont ensuite recensé les enfants par ménage, en identifiant ceux qui n’avaient reçu aucune dose ou dont la vaccination était incomplète », explique Augustin Kola.
Ce travail de recensement et de mobilisation a porté ses fruits. Aujourd’hui, les résultats sont visibles sur le terrain. « Dans notre district, depuis plus de trois ans, nous avons observé une augmentation significative des taux de couverture vaccinale pour plusieurs vaccins du Programme Élargi de Vaccination (PEV) », confirme le Dr Wiyao Katchoou, médecin-chef et directeur préfectoral de la santé de la Binah.
L’impact des champions de l’OAFRESS
L’action d’Augustin Kola ne se limite pas aux chiffres : elle change la perception des communautés sur la vaccination. « Le champion de l’OAFRESS nous aide énormément. Nous sommes en contact direct avec les populations, mais nous manquons parfois de stratégies efficaces pour convaincre les parents d’adhérer à la vaccination. Aujourd’hui, grâce à l’appui de M. Kola, nous parvenons à ramener progressivement les parents réticents à la raison. Il est lui-même très présent sur le terrain », témoigne Laima Salifou, agent de santé communautaire engagé dans le dialogue avec les familles.

Crédit : Nephthali Messanh Ledy
L’engagement des acteurs communautaires, y compris les Papas Champions, a également joué un rôle essentiel dans cette mobilisation. Ces figures locales, souvent respectées dans leurs communautés, sont devenues des relais efficaces pour sensibiliser les familles et convaincre les parents hésitants.
Le rôle d’un champion de l’OAFRESS dépasse la seule sensibilisation. Il s’agit également d’un engagement stratégique. « Le rôle d’un champion est d’être le porte-parole de l’OAFRESS à l’échelle nationale, régionale et mondiale pour promouvoir la vaccination et le renforcement du système de santé (RSS) dans les pays membres. Pour cela, il élabore un plan d’action opérationnel lui permettant de prendre part aux grandes rencontres décisionnelles en matière de santé et de vaccination et d’intégrer les instances de prise de décisions », explique Augustin Kola.
Grâce à cette double casquette, il accompagne les autorités locales de santé dans la coordination des efforts de vaccination et participe aux réunions où sont analysés les résultats des campagnes. Son travail contribue ainsi directement à l’amélioration de la couverture vaccinale dans la Binah.
Des défis persistants
Malgré ces avancées, plusieurs défis restent à surmonter. La désinformation et les rumeurs sur la vaccination compliquent la tâche des acteurs de santé. « Il est essentiel de renforcer la formation des acteurs communautaires sur l’importance de la vaccination et du respect du calendrier vaccinal. Il est également crucial d’intensifier la communication au niveau local à travers des dialogues communautaires », souligne le Dr Wiyao Katchoou.
Pour aller plus loin
Un autre défi majeur réside dans le manque de ressources financières, qui limite la capacité d’action des champions de la vaccination. « Nos plus grands défis sont d’ordre financier. Pour remplir nos obligations en tant que champions, nous avons besoin de ressources que nous ne disposons pas toujours au bon moment », explique Augustin Kola, qui lance un appel au soutien des organisations engagées et des bonnes volontés pour améliorer l’accès à la vaccination.
Malgré ces obstacles, l’exemple de la Binah montre que l’implication d’acteurs locaux, bien formés et mobilisés, peut faire une réelle différence. Le modèle des champions de l’OAFRESS, alliant travail de terrain et plaidoyer politique, constitue une approche prometteuse pour améliorer durablement l’accès à la vaccination au Togo et dans d’autres pays.
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