Les agents de santé communautaire en première ligne contre les maladies évitables par la vaccination au Bénin
Au Bénin, la santé communautaire s’impose comme un pilier du système de soins, grâce aux relais et agents mobilisés pour vacciner les enfants zéro dose et sensibiliser les communautés. Une approche ambitieuse pour garantir l’accès aux soins essentiels et lutter contre les inégalités.
- 16 décembre 2024
- 4 min de lecture
- par Edna Fleure

La généralisation de la politique de santé communautaire est devenue une réalité, porteuse d’un espoir de transformation dans l’accès à la santé. Sur le terrain, ce défi repose sur les épaules des relais communautaires et des Agents de santé communautaire qualifiés (ASCQ). Ces derniers, formés pour mener une multitude d’activités, interviennent notamment à travers des visites à domicile, des séances de sensibilisation, des campagnes de masse, et des orientations en cas de maladie. Ils jouent également un rôle clé dans le renforcement du Programme élargi de vaccination (PEV), en incitant notamment à la vaccination de routine, en particulier pour les enfants dits « zéro dose ».
Roland Houndété, relais communautaire, illustre cet engagement. « Ce que j’aime le plus, c’est aller chercher les enfants zéro dose et les réintégrer dans le programme de vaccination. Cela procure un sentiment d’utilité. Quand je fais le bilan du nombre de parents que j’ai convaincus de l’importance de vacciner leurs enfants, je ressens un vrai accomplissement », confie-t-il. Beaucoup partagent ce sentiment, car vacciner ces enfants, qui échappent aux services de santé primaires, permet également de les connecter à d’autres services sanitaires, nutritionnels et sociaux.
Un défi peu à peu relevé
La vaccination de routine a toujours été un défi. Avant le lancement officiel de la politique de santé communautaire, le 9 juin 2023, les données administratives de 2020 à 2022 révélaient que plus de 100 000 enfants au Bénin n’avaient encore reçu aucune dose de vaccin. En rapprochant les services de vaccination des communautés et en ciblant les enfants sous-vaccinés, le gouvernement entend garantir à chaque citoyen son droit fondamental à des soins de qualité.
« Avant, les gens se liguaient contre nous. Aujourd’hui, ils n’hésitent pas à signaler les enfants non vaccinés. C’est la preuve que nos messages passent. »
– Rosine Ekloutché, relais communautaire
Grâce aux agents communautaires, ce défi est peu à peu relevé. Selon le Directeur départemental de la Santé du département de Zou, « 38 588 enfants zéro dose ont été vaccinés sur un objectif de 42 340. Il reste donc 3 752 enfants à atteindre. Quant aux sous-vaccinés, nous avons vacciné 35 977 enfants, avec encore 6 363 à couvrir. » Ce dispositif, ajoute-t-il, améliore non seulement la couverture vaccinale, mais aussi la disponibilité des moustiquaires imprégnées, l’hygiène de base et la lutte contre les épidémies.
Sur le terrain, Colette Selman, Directrice des programmes prioritaires de Gavi, a été impressionnée par l’implication des relais communautaires et l’accueil des familles. Elle a notamment salué les progrès réalisés : « Ce que j’ai vu ici est encourageant. Bien qu’il reste des défis, cette approche avec les relais communautaires montre des résultats prometteurs. »
Une vision ambitieuse pour la santé communautaire
Le Bénin a misé sur la prévention et la promotion de la santé en s’appuyant sur un dispositif permanent d’alerte au niveau communautaire. Pour ce faire, 1 500 relais communautaires et 37 agents de santé communautaire qualifiés ont été déployés. « Chaque relais communautaire prend en charge en moyenne 200 ménages, qu’il doit visiter au moins une fois par semaine pour détecter les problèmes de santé, conseiller, orienter et distribuer des produits de santé », a expliqué le ministre de la Santé lors du lancement du programme.
Pour aller plus loin
À Abomey, dans le Zou, les relais communautaires, très actifs, assurent le bien-être de la population. Dans cette région, où Colette Selman a conduit fin novembre 2024 une visite en compagnie de représentants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Unicef, les efforts des agents de santé ont été salués unanimement.
« Je n’aimais pas les vaccinations. Mais quand on m’a expliqué leur importance pour mes enfants, j’ai changé d’avis. Maintenant, je sensibilise d’autres mères au marché. »
– Mirma Djogbénou, revendeuse de poissons
Même dans des zones plus complexes, comme Sô-Ava, un village lacustre autrefois réfractaire à la vaccination, les mentalités changent. Conrad Déguénon, Directeur de l'Hygiène et de la Santé communautaire, note que « la politique de santé communautaire a permis de surmonter de nombreux préjugés et de répondre efficacement aux défis locaux ».
Changer les mentalités, construire la confiance
Rosine Ekloutché, relais communautaire, observe une évolution positive : « Avant, les gens se liguaient contre nous. Aujourd’hui, ils n’hésitent pas à signaler les enfants non vaccinés. C’est la preuve que nos messages passent. » Du côté des parents, les changements sont également visibles. Mirma Djogbénou, revendeuse de poissons, raconte : « Je n’aimais pas les vaccinations. Mais quand on m’a expliqué leur importance pour mes enfants, j’ai changé d’avis. Maintenant, je sensibilise d’autres mères au marché. »
Gavi, partenaire majeur de cette initiative, a investi près de 300 millions de dollars au Bénin, renforçant les systèmes de vaccination et réduisant la mortalité infantile. En collaboration avec le gouvernement, l’organisation prévoit d’aller encore plus loin : former 1 400 nouveaux relais communautaires, fournir des vélos et des barques motorisées pour atteindre les zones reculées.
Davantage de Edna Fleure
Recommandé pour vous
