7 choses que tout le monde devrait savoir sur l’état de la vaccination dans le monde
De nouvelles estimations de l’OMS et de l’UNICEF indiquent que les pays à revenu faible protègent plus de personnes contre plus de maladies que jamais auparavant – mais certains enfants passent encore entre les mailles du filet.
- 17 juillet 2025
- 6 min de lecture
- par Personnel de Gavi

Chaque année, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’UNICEF publient une série de chiffres qui offrent un aperçu précieux de l’état de santé des enfants dans le monde.
Connues sous le nom d’Estimations OMS/UNICEF de la couverture vaccinale nationale (ou WUENIC, pour leur acronyme anglais), ces données indiquent combien d’enfants à travers le globe sont protégés contre des maladies mortelles mais évitables, comme la rougeole, le tétanos ou la poliomyélite.
Entre 2000 et 2024, plus de 1,2 milliard d’enfants ont été vaccinés avec son soutien – dépassant ainsi l’objectif initial de 1,1 milliard fixé pour 2025.
Les derniers chiffres sont arrivés. Alors, où en sommes-nous ? Et que révèlent ces données sur les progrès réalisés dans les 57 pays à revenu faible soutenus par Gavi, l’Alliance du Vaccin ?
Voici sept points clés pour comprendre la situation actuelle – et les priorités à venir.
1. Grâce au soutien de Gavi, un nombre record d’enfants sont aujourd’hui vaccinés

En 2024, plus de 72 millions d’enfants dans les pays à revenu faible ont été vaccinés contre diverses maladies infectieuses mortelles – un chiffre jamais atteint auparavant.
Ce résultat remarquable, rendu possible grâce au soutien de Gavi à la vaccination de routine, témoigne non seulement de progrès logistiques, mais aussi d’un engagement croissant des pays à investir dans la vaccination à travers le cofinancement – un mécanisme par lequel les pays contribuent au coût des vaccins qu’ils reçoivent. En 2024, ces pays ont versé un montant record de 255 millions de dollars américains au titre du cofinancement.
Cette dynamique a permis à Gavi de dépasser l’un de ses plus grands objectifs : entre 2000 et 2024, plus de 1,2 milliard d’enfants ont été vaccinés avec son soutien – dépassant ainsi l’objectif initial de 1,1 milliard fixé pour 2025.
2. La couverture des vaccins de base progresse régulièrement après avoir chuté pendant la pandémie de COVID-19.

En 2024, 70 % des pays soutenus par Gavi ont maintenu ou amélioré leur couverture vaccinale pour les trois doses du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTC3) – un indicateur souvent utilisé pour mesurer la capacité d’un pays à atteindre régulièrement les enfants avec les vaccins essentiels.
Résultat : la couverture DTC3 dans les pays soutenus par Gavi a atteint 82 %, soit un point de pourcentage en dessous du niveau d’avant la pandémie.
De nombreux pays africains ont désormais entièrement rattrapé leur retard, avec une couverture DTC3 de 76 %, équivalente à celle de 2019 – et ce, malgré la croissance démographique, qui oblige les pays à atteindre un nombre toujours plus élevé d’enfants pour maintenir leurs acquis. Les plus fortes progressions ont été observées au Mali (+7 points), en République démocratique du Congo (+5), au Rwanda (+4) et en Éthiopie (+3).
Cependant, toutes les régions ne suivent pas la même trajectoire. Malgré des progrès dans plusieurs pays soutenus par Gavi de la région Méditerranée orientale de l’OMS – notamment au Pakistan, en Syrie et en Somalie – la couverture DTC3 globale dans la région est tombée à 79 %, en raison de fortes baisses liées aux conflits au Soudan et au Yémen.
Par ailleurs, si les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ont entièrement retrouvé leurs niveaux de couverture d’avant la pandémie, la couverture DTC3 moyenne dans les 26 pays à faible revenu soutenus par Gavi reste à 70 %, contre 75 % en 2019.
3. Dans les pays fragiles ou en conflit, la vaccination infantile de routine se maintient – et progresse même dans de nombreux cas.

Maintenir une couverture vaccinale dans des zones confrontées à la fragilité et aux conflits est un véritable défi. Pourtant, dans les 12 pays que Gavi classe dans cette catégorie, la couverture avec les trois doses du vaccin DTC3 est restée stable à 61 %, après une forte baisse de 68 % à 61 % entre 2022 et 2023.
Pour aller plus loin
Les fortes baisses enregistrées au Soudan (-12 points) et au Yémen (-4 points) ont masqué des progrès notables dans d’autres pays fragiles ou touchés par des conflits – notamment des hausses de 6 à 7 points de pourcentage dans des pays comme le Mali, la Syrie ou Haïti – démontrant que même dans les contextes les plus difficiles, des avancées sont possibles avec le bon soutien.
4. La couverture vaccinale contre la rougeole a elle aussi progressé dans les pays à revenu faible

Les taux de vaccination contre la rougeole sont en hausse après les fortes chutes enregistrées pendant la pandémie de COVID-19, mais les lacunes en matière d’immunité restent dangereusement importantes.
En raison de l’extrême contagiosité du virus, même de légères baisses de couverture peuvent entraîner des flambées épidémiques. Or, la plupart des pays restent bien en dessous du seuil de 95 % nécessaire pour empêcher l’apparition d’épidémies.
Pendant la pandémie, de nombreux pays ont dû reporter les campagnes de vaccination préventive et l’introduction de nouveaux vaccins. Pour y remédier, Gavi et les pays partenaires ont intensifié les efforts contre la rougeole ces dernières années, atteignant des centaines de millions d’enfants par le biais de la vaccination de routine, préventive ou en réponse aux flambées.
Ces efforts portent leurs fruits. En 2024, la couverture de la première dose contre la rougeole (MCV1) est montée à 80 %, soit une hausse de 2 points par rapport à l’année précédente – notamment grâce à des progrès dans certains des pays les plus peuplés du monde.
La couverture de la deuxième dose (MCV2) a elle aussi progressé, passant de 59 % en 2019 à 70 % en 2024, preuve que l’intégration progressive de cette seconde dose dans les programmes de vaccination de routine porte ses fruits.
Malgré ces avancées, 15,5 millions d’enfants dans les pays à revenu faible sont passés à côté de leur première dose de vaccin contre la rougeole en 2024 – soit les trois quarts des 20,6 millions d’enfants non vaccinés dans le monde.
5. Les enfants sont aujourd’hui protégés contre un plus grand nombre de maladies que jamais auparavant

Les pays à revenu faible protègent aujourd’hui plus de personnes contre un plus grand nombre de maladies qu’à tout autre moment de l’histoire.
En 2024, la couverture vaccinale moyenne a augmenté de 8 points pour dix vaccins soutenus par Gavi, avec des progrès notables dans la vaccination de routine contre la polio, le cancer du col de l’utérus, la rougeole, la pneumonie, le rotavirus et la fièvre jaune.
6. De plus en plus de filles sont protégées contre le cancer du col de l’utérus

Ces avancées historiques concernent aussi la protection contre le cancer du col de l’utérus.
La couverture contre le VPH dans les pays à revenu faible est passée de 3 % en 2019 à 25 % en 2024 – avec plus du double de filles vaccinées en 2024 (32,6 millions) par rapport à 2023.
Depuis la relance de son programme de vaccination contre le papillomavirus humain (VPH) en 2023, Gavi a contribué à une montée en puissance spectaculaire de la protection contre l’une des principales causes de décès par cancer chez les femmes dans les pays à revenu faible.
Grâce à ces efforts, davantage de filles ont été vaccinées contre le VPH en 2024 que pendant toute la décennie précédente réunie. La couverture contre le VPH dans les pays à revenu faible est passée de 3 % en 2019 à 25 % en 2024 – avec plus du double de filles vaccinées en 2024 (32,6 millions) par rapport à 2023.
À ce jour, près de 60 millions de filles ont été entièrement protégées contre le VPH grâce au soutien de Gavi – un chiffre qui rapproche l’Alliance de son objectif : atteindre 86 millions de filles vaccinées d’ici fin 2025.
7. Le nombre d’enfants n’ayant reçu aucun vaccin de base est en baisse – mais le chemin reste long

Le nombre d’enfants zéro dose – c’est-à-dire n’ayant reçu aucune injection vaccinale – a diminué de 500 000 en 2024 dans les pays soutenus par Gavi.
La couverture par la première dose du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTC1) constitue un indicateur clé de l’accès des enfants aux vaccins vitaux. En 2024, elle s’élevait à 87 %, un niveau proche de celui d’avant la pandémie, grâce notamment à des efforts ciblés dans des pays très peuplés comme l’Inde, la République démocratique du Congo (RDC) et l’Éthiopie.
Malgré ces avancées, des millions d’enfants restent non protégés. La pandémie de COVID-19, la croissance démographique et la fragilité des systèmes de santé continuent de freiner les progrès. Près de la moitié (4,9 millions) des 10,2 millions d’enfants zéro dose dans les pays à revenu faible vivent dans cinq pays très peuplés – le Nigeria, la RDC, l’Inde, le Pakistan et l’Éthiopie – qui représentent ensemble 60 % des naissances dans les pays soutenus par Gavi. Par ailleurs, 2,9 millions d’enfants vivent dans des contextes fragiles ou touchés par des conflits.
Pour atteindre ces enfants, Gavi collabore étroitement avec les pays à travers des programmes ciblés, notamment le Zero-dose Immunization Programme (ZIP). Ce programme a permis de livrer neuf millions de doses de vaccin dans des zones de conflit en Afrique, vaccinant environ un million d’enfants jusque-là non atteints.
Mais les progrès restent insuffisants pour atteindre l’objectif fixé par Gavi : ramener le nombre d’enfants zéro dose à 6,9 millions d’ici 2025 – une cible fixée avant que la pandémie ne fragilise les systèmes de santé du monde entier. Il faudrait pour cela une baisse de 32 % en une seule année.