Au Ghana, 25 ans de soutien de Gavi nourrissent l’ambition d’un système vaccinal autonome
Depuis un quart de siècle, Gavi collabore avec le Ghana pour élargir l’accès aux vaccins qui sauvent des vies. L’impact a été profond.
- 14 juillet 2025
- 4 min de lecture
- par Francis Kokutse , Personnel de Gavi

« Je porte la cicatrice de mon vaccin BCG avec fierté », déclare Rahinatu Abdul Fatau, une infirmière de 25 ans à l’hôpital de Mamprobi, à Accra. Ses parents lui ont raconté qu’elle avait reçu non seulement ce vaccin contre la tuberculose, mais aussi l’ensemble des vaccins infantiles dès ses premières années — faisant d’elle l’un des tout premiers enfants au Ghana à bénéficier des vaccins financés par Gavi.
Aujourd’hui professionnelle de santé, Fatau comprend mieux que quiconque ce que ces vaccins ont pu lui éviter. « Les vaccins sont importants car ils contribuent à améliorer notre santé et notre immunité », explique-t-elle. « La vaccination protège les populations vulnérables, comme les nouveau-nés et les femmes enceintes, elle aide aussi à freiner la propagation des maladies et à réduire leur impact sur les individus. C’est pour cela qu’il est essentiel qu’elle soit gratuite. »
Ghana–Gavi : une alliance qui arrive à maturité
Il y a environ un quart de siècle, à peu près au moment où sont nés l’infirmière Fatau et Gavi, l’Alliance du Vaccin, le programme vaccinal soutenu par Gavi au Ghana protégeait les enfants contre six maladies. Aujourd’hui, cette liste s’est allongée à onze, et elle passera bientôt à douze avec l’introduction du vaccin contre le papillomavirus humain (VPH), qui prévient certains cancers, prévue pour cet été.
Si le soutien de Gavi reste essentiel pour garantir la gratuité des vaccins pour les familles, le Ghana se prépare à financer seul son programme de vaccination à l’avenir.

Crédit : Francis Kokutse
« Nous espérons accélérer notre sortie progressive du soutien de Gavi d’ici 2030 », a déclaré le président ghanéen John Dramani Mahama dans un discours émouvant lors du récent Sommet mondial de Gavi à Bruxelles. Ce sommet a enregistré un nombre record de promesses de dons pour soutenir les cinq prochaines années de l’Alliance du Vaccin. « J’espère que nous travaillerons dur pour suivre l’exemple de l’Indonésie, et qu’un jour, nous deviendrons nous aussi un pays donateur pour Gavi. »
L’engagement du Ghana en faveur de la vaccination est à la fois remarquable et cohérent. L’Enquête démographique et de santé du Ghana (2022) a révélé que le taux national de mortalité des enfants de moins de cinq ans avait chuté de 33,3 % entre 2014 et 2022. Sur la même période, la mortalité infantile — soit les décès survenus avant l’âge d’un an — a diminué de 31,7 %. L’an dernier, le Service statistique du Ghana (GSS) a confirmé la poursuite de cette tendance à la baisse, en attribuant une part importante de cette amélioration à la vaccination.
Ces chiffres sont impressionnants — mais pour beaucoup de Ghanéens des générations précédentes, y compris le président, l’impact de la vaccination est ressenti de manière plus intime.
« Pour moi, la question des vaccins est profondément personnelle », a confié Mahama. « Quand j’étais enfant, l’un de mes frères cadets a été atteint de la polio — il est resté paralysé. Il a vécu avec le stigmate de son handicap pendant de nombreuses années, a sombré dans la dépression, puis dans l’alcoolisme. Il est mort d’une intoxication alcoolique. Aujourd’hui, je m’occupe de ses deux enfants. Je sais ce que signifie un vaccin qui sauve une vie. »
« Nous avons grandi à une époque où l’accès aux vaccins était quasi inexistant dans notre région d’Afrique », a-t-il ajouté. « Aujourd’hui, Gavi a changé cela, en redonnant espoir à des millions d’enfants.
« Partout dans le monde, des enfants deviennent aujourd’hui des citoyens responsables dans leurs communautés, parce que leur vie a été sauvée grâce aux vaccins de Gavi. »
Pour aller plus loin
Ces adultes que la vaccination a rendus possibles
L’un de ces citoyens — que le président le sache ou non — c’est Fatau : peu connue du grand public, mais précieuse là où elle est connue.
Comme John Dramani Mahama, elle a grandi avec un frère ou une sœur malade — une sœur, dans son cas, dont le parcours de soins, dit-elle, aurait pu être meilleur. Cette expérience aussi a été fondatrice : « Je me suis dit que j’aurais pu faire plus pour elle », confie-t-elle.
C’est l’un des paradoxes de la vaccination : son histoire se raconte plus facilement à l’envers — à travers les occasions manquées, les maladies évitables, les vies perdues. Les innombrables réussites, elles, s’expriment dans un langage plus discret, presque banal. Elles ne sont pas spectaculaires. L’héritage de la vaccination se trouve dans des vies comme celle de Fatau — des vies, tout simplement, rendues possibles.
Un jour de semaine récent, à la clinique communautaire de Teshie, à Accra, deux mères, Alberta Adjetey et Emelia Akita, sont venues faire vacciner leurs enfants. Akita, née à domicile dans une famille modeste peu connectée au système de santé, a voulu un avenir plus sûr pour sa propre fille. « Je veux la vacciner, car cela va la protéger », dit-elle.
Adjetey, elle, exprime une forme de retenue : « Je sais que la vaccination protège mon enfant contre les maladies de l’enfance », reconnaît-elle. Avant d’ajouter : « Mais je ne suis pas sûre que je viendrais régulièrement à la clinique si je devais payer pour cela. »