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Comment le mécanisme de financement du « Jour zéro » pourrait contribuer à protéger la planète lors de la prochaine pandémie

Le Fonds de première réponse de Gavi vise à garantir un accès immédiat aux vaccins et à protéger les programmes de vaccination systématique en cas de crise majeure de santé publique.

  • 15 octobre 2024
  • 5 min de lecture
  • par Personnel de Gavi
Des infirmières préparent les doses de vaccin Covishield pour les administrer aux habitants du Sunderbarn (Inde). Crédit : Gavi/2022/Benedikt v.Loebell
Des infirmières préparent les doses de vaccin Covishield pour les administrer aux habitants du Sunderbarn (Inde). Crédit : Gavi/2022/Benedikt v.Loebell
 

 

Le Conseil d'administration de Gavi a approuvé la constitution d'un fonds de 500 millions de dollars US destiné à garantir un accès rapide aux nouveaux vaccins et à protéger les programmes de vaccination déjà en place, dans les jours qui suivent la déclaration d'une pandémie ou d'une urgence de santé publique de portée internationale.

L'un des principaux enseignements de la pandémie de COVID-19, c’est que le moindre retard dans l’accès aux financements peut entraver considérablement l'accès équitable aux vaccins. L'initiative COVAX a été lancée en avril 2020 pour tenter d'accélérer le développement et la fabrication des vaccins contre la COVID-19 et garantir un accès juste et équitable à ces vaccins. Néanmoins, à la fin de l'année 2020, seulement 400 millions de dollars US avaient été versés sur les 2,4 milliards de dollars promis.

« Aucun autre mécanisme international ne fournit des fonds « à risque » pour aider les pays à faible revenu à s'assurer une place prioritaire dans la file d'attente pour l’obtention des vaccins pandémiques – c’est l'une des grandes leçons de la COVID-19 ».

– David Kinder, directeur du département Financement du développement, Gavi

Une étude indépendante du Fonds monétaire international a révélé que 60 à 75 % des retards dans la livraison du vaccin contre la COVID-19 aux pays à revenu faible ou intermédiaire étaient imputables au fait que ces pays avaient signé leurs contrats d'achat bien après les pays à revenu élevé, ce qui les plaçait loin derrière eux dans la file d’attente des livraisons.

Le Fonds de première réponse est l'un des instruments financiers mis au point dans le cadre du mécanisme de financement du Jour zéro (DZF, pour Day Zero Financing Facility) établi par Gavi pour lutter contre les pandémies. Globalement, ces instruments devraient permettre d’accroître de 2,5 milliards de dollars US la capacité de financement destinée à mener sans délai la riposte vaccinale en cas d’urgence de santé publique, de façon à obtenir un accès plus équitable pour les pays soutenus par Gavi, l'Alliance du Vaccin.

« Le problème que nous essayons de résoudre est celui du délai entre le jour zéro de la prochaine pandémie et la disponibilité des fonds prévus à cet effet », explique Charles Bleehen, chef du département Financement du développement chez Gavi.

« Selon une simulation réalisée récemment par le groupe de travail conjoint du G20 sur le financement de la santé, la mise en place d'un tel financement dans les premières semaines d'une pandémie de type COVID-19 pourrait réduire le nombre de décès de 74 % et les coûts économiques de 95 %, ce qui pourrait vraiment faire une énorme différence. »

Qu'est-ce que le Fonds de première réponse ?

Le Fonds de première réponse sera mis à la disposition des pays éligibles au soutien de GAVI dans les premiers jours suivant la déclaration d'une pandémie ou d'une urgence sanitaire majeure. Il permettra de prépositionner jusqu'à 500 millions de dollars US pour un fonds d’urgence destiné à l'achat « à risque » de vaccins. En d’autres termes, ce fonds servira à garantir la fourniture d’un certain nombre de doses à Gavi et à lui assurer une bonne place dans la file d’attente pour leur livraison, au moment où les fabricants de vaccin atteignent les derniers stades avant l’obtention des approbations réglementaires et le passage à la production à l’échelle industrielle.

Instrument du mécanisme de financement du Jour zéro (DZF) le premier à intervenir, le Fonds de première réponse a pour but de combler les besoins de financement immédiats en attendant le déblocage d'autres ressources. Il pourra être utilisé pour trois grands objectifs :

  • Assurer aux pays éligibles au soutien de GAVI un accès rapide aux nouveaux vaccins ;
  • Préparer et soutenir les systèmes de vaccination de ces pays, pour qu'ils soient prêts à recevoir, distribuer et administrer les vaccins ;
  • Assurer le fonctionnement des programmes de vaccination de routine, notamment en protégeant les agents de santé, par exemple en leur fournissant des équipements de protection individuelle (EPI).

« Le Fonds de première réponse est unique », déclare David Kinder, Directeur du département Financement du développement à Gavi, l'Alliance du Vaccin. Aucun autre mécanisme international existant ne fournit des fonds « à risque » pour aider les pays à faible revenu à s'assurer une place prioritaire dans la file d'attente pour l’obtention des vaccins pandémiques – c’est l'une des grandes leçons de la COVID-19.

Pour pouvoir bénéficier de ce financement, il faut que l'Organisation mondiale de la Santé décrète que la situation représente une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) - ou une urgence de niveau 2 ou 3 (ce qui indique une menace importante pour la santé publique) - et qu’il s’agisse d’une maladie ou d’un agent pathogène contre lequel Gavi ne dispose ni d'un programme de vaccination ni de dispositif de riposte en cas d’épidémie.

« Lorsqu'une épidémie a été reconnue par l'OMS comme une urgence de niveau 2 ou supérieur à 2, nous procédons, en collaboration avec nos partenaires, à une évaluation technique et formulons une recommandation sur l'opportunité de prélever des financements sur le Fonds de première réponse », explique Laura Craw, cheffe du service Sécurité sanitaire au niveau mondiale chez Gavi, l'Alliance du vaccin.

« Au moins 80 % des fonds sont réservés aux menaces les plus graves, c'est-à-dire celles pour lesquelles l'OMS déclare l'existence d'une USPPI. Mais nous en gardons 20 % pour les épidémies de niveau 2 ou 3 qui peuvent poser des problèmes importants pour les pays concernés et éventuellement pour les pays voisins, et qui peuvent donner lieu à une réponse vaccinale, ou qui peuvent affecter la vaccination de routine ».

De quels autres instruments financiers va-t-on pouvoir disposer ?

Deux autres instruments de financement d'urgence pourront être débloqués par le biais du mécanisme de financement du Jour zéro (DZF) pour intensifier la réponse vaccinale si la pandémie continue de s'aggraver et si Gavi parvient à obtenir de nouveaux financements de la part de ses donateurs :

  • La Facilité de financement rapide : il s’agit d’un mécanisme permettant d'emprunter temporairement jusqu'à un milliard de dollars en liquidités auprès de l’Agence américaine de financement pour le développement (US Development Finance Corporation), cet emprunt étant garanti par les promesses de dons recueillies pour faire face à l'urgence.
  • Un mécanisme supplémentaire de préfinancement, négocié avec la Banque européenne d'investissement (BEI), qui permettra d’obtenir une avance d’un milliard d'euros supplémentaires garantis par les promesses de subventions des donateurs.

Tous ces outils devraient permettre à l'Alliance de mener rapidement une riposte vaccinale au nom des pays bénéficiant du soutien de Gavi, dans les 100 premiers jours suivant la déclaration d'une pandémie ou d'une urgence sanitaire majeure.

Comment la Facilité de Gavi s'inscrit-elle dans les autres initiatives de financement du Jour zéro ?

Le concept de financement du Jour Zéro (DZF) a été présenté pour la première fois lors d'une table ronde sur la sécurité sanitaire mondiale, dans le cadre de la Conférence de Munich sur la sécurité de décembre 2021. De même que le DZF de Gavi, cette vaste initiative en faveur de la sécurité mondiale vise à garantir la monétisation immédiate des promesses de dons pour leur affectation à la mise en place de contre-mesures médicales et aux investissements « à risque » dès le début d’une nouvelle pandémie.

Si Gavi se focalise sur la rapidité de la réponse vaccinale, il n’en est pas moins nécessaire d'investir dans les traitements médicaux, les tests diagnostiques et les autres dispositifs tels que les équipements de protection individuelle (EPI) et l’oxygénothérapie, afin de contrôler et d'atténuer l'impact des pandémies. Diverses initiatives sont actuellement développées par le G7, le G20, l'OMS, le Fonds de lutte contre les pandémies et diverses organisations, dans le but de garantir le financement de ces instruments destinés à faire face aux pandémies. Gavi participe activement à ces discussions et continuera à veiller à ce que la réponse vaccinale s’inscrive dans le cadre de ces nouvelles structures qui se mettent en place.