Portrait vaccinal : le vaccin contre le tétanos

La maladie peut tuer une personne infectée sur cinq, mais il existe un vaccin efficace. La vaccination systématique contre le tétanos sauve la vie de milliers de nouveau-nés chaque année.

  • 21 août 2023
  • 4 min de lecture
  • par Priya Joi
Clostridium tetani, bactérie pathogène responsable du tétanos – Illustration en 3D
Clostridium tetani, bactérie pathogène responsable du tétanos – Illustration en 3D
 

 

Le sujet infecté sent son cœur s’emballer ; sa température monte en flèche, il se met à transpirer. Puis il présente des spasmes musculaires, sa mâchoire se contracte et il n’arrive pas à la desserrer (ce que l’on appelle ‘‘trismus’’). À ce stade, il n’y a plus de doute ; il a le tétanos.

Le tétanos tue environ 10 à 20 % des personnes infectées. La mise en place du PEV et le travail d'organisations telles que Gavi ont permis d'élargir la couverture vaccinale à travers le monde, faisant passer le nombre de décès annuels de plus de 300 000 en 1990 à 15 000 environ en 2018.


Ceux qui avaient la malchance d’avoir le tétanos dans la Grèce antique pouvaient éventuellement suivre les conseils attribués à Hippocrate pour se traiter : boire du vin et s’envelopper dans des vêtements imbibés d'huile. Ceux que l’on soupçonnait d’avoir le tétanos à l’époque de la Renaissance avaient encore moins de chance : le remède consistait à se couvrir de fumier. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle qu’a été découverte la bactérie à l'origine du tétanos. Et il a fallu attendre encore un demi-siècle pour la mise au point d’un vaccin.

Le tétanos est rarement un problème dans les pays occidentaux - en 2019, il y a eu seulement quatre cas en Angleterre - car le vaccin antitétanique est administré dans le cadre de la vaccination systématique des enfants. Le nombre de cas de tétanos a régulièrement diminué au cours des dernières décennies et le nombre de nouveau-nés qui meurent de la maladie a chuté de 96 %. Mais le tétanos reste un problème de santé publique dans les pays où la couverture vaccinale est faible et où les accouchements sont pratiqués dans de mauvaises conditions d’hygiène (par exemple, utilisation d'instruments non stériles pour couper le cordon ombilical).

Une bactérie omniprésente

Le tétanos est causé par une bactérie appelée Clostridium tetani, qui sécrète des toxines responsables la maladie. La bactérie se trouve dans pratiquement tous les environnements, en particulier dans les sols organiques, les matières fécales animales et humaines et sur les outils rouillés (clous, aiguilles, fils de fer barbelés), généralement sous forme de spores, pratiquement indestructibles, qui résistent aussi bien à la chaleur qu’à la plupart des antiseptiques. La maladie survient suite à la pénétration des germes dans l’organisme par des coupures, des plaies ou des brûlures.

Une fois que la bactérie a pénétré dans l'organisme, elle libère des toxines qui atteignent le système nerveux central et bloquent les signaux nerveux de la moelle épinière vers les muscles, ce qui déclenche les symptômes, notamment des spasmes musculaires, d’une telle intensité qu’ils peuvent arriver à briser les os.

Les symptômes du tétanos apparaissent en moyenne 14 jours après l'infection, mais ce délai peut varier de 3 à 21 jours. Ils comprennent, outre la contracture de la mâchoire (trismus) et les spasmes musculaires (en particulier au niveau du dos), des difficultés à avaler, des crises d'épilepsie, des maux de tête et de la fièvre. Comme ils sont très caractéristiques, ils permettent de poser le diagnostic sans avoir recours à des tests de laboratoire.

Le tétanos ne se transmet pas de personne à personne, sauf en cas de grossesse. À moins d’avoir été vaccinées, les mères infectées peuvent en effet transmettre l’infection à leur bébé.

Le développement des vaccins

L'effet protecteur de l'antitoxine tétanique dans la prévention de l'infection a été découvert dans les années 1890. Dès la première guerre mondiale, les soldats blessés étaient traités avec de l'antisérum prélevé sur des chevaux. Lors de la Seconde Guerre mondiale, un vaccin contenant de l'anatoxine tétanique, forme inactivée de la toxine, a été mis au point et administré dans le cadre de la vaccination systématique.

Des vaccins contre la diphtérie et la coqueluche avaient également été mis au point à cette époque et, en 1948, le vaccin contre le tétanos a commencé à être administré en combinaison avec ces deux vaccins (vaccin DTC). Il est recommandé de vacciner les bébés à l'âge de 2, 4 et 6 mois, puis à 18 mois, puis à nouveau entre 4 et 6 ans, avec une dose de rappel tous les 10 ans. Les femmes enceintes doivent être vaccinées entre la 27e et la 36e semaine de grossesse.

Le Programme élargi de vaccination (PEV) a été créé en 1974 pour favoriser l'accès aux vaccins essentiels, et le tétanos a été considéré comme l'une des principales maladies contre lesquelles il fallait se protéger. La couverture par le DTC3 correspond au pourcentage d'enfants d'un an ayant reçu les trois doses du vaccin combiné en primo-vaccination au cours de l’année.

Une menace persistante

Le tétanos tue environ 10 à 20 % des sujets infectés. La mise en place du PEV et le travail des organisations telles que Gavi ont permis d'élargir la couverture vaccinale dans le monde entier, ramenant le nombre de décès annuels de plus de 300 000 en 1990 à 15 000 environ en 2018. Plus d'un tiers de ces décès concernent des nouveau-nés, principalement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. La couverture mondiale du DTC en 2020 était de 83 %, contre 75 % en 1990.