La dengue est-elle en train de devenir endémique en Europe ?
Le changement climatique rend le continent suffisamment chaud pour que les moustiques vecteurs de la dengue puissent prospérer.
- 6 juin 2025
- 2 min de lecture
- par Priya Joi

La dengue et le chikungunya, autrefois considérées comme des maladies tropicales, pourraient bientôt devenir une menace sanitaire persistante en Europe, le changement climatique favorisant la propagation de moustiques vecteurs de maladies dans des régions auparavant plus fraîches, selon une nouvelle étude publiée dans The Lancet Planetary Health.
Cette étude, menée par des chercheurs de l’Université d’Umeå en Suède et de l’Université de Heidelberg en Allemagne, a analysé 35 ans de données sur la propagation de la dengue et du chikungunya en Europe.
Le réchauffement climatique accélère la propagation du moustique tigre (Aedes albopictus) et, dans une moindre mesure, du moustique de la fièvre jaune (Aedes aegypti), les principaux vecteurs des virus de la dengue et du chikungunya.
Les résultats révèlent un changement radical : on est passé de cas importés sporadiques à des foyers locaux, et désormais vers une possible endémisation — ce qui signifie que ces maladies pourraient devenir une réalité régulière dans certaines régions du continent.
Une Europe plus chaude, plus à risque
Les scientifiques avertissent depuis longtemps que le changement climatique va redessiner la carte des maladies comme le paludisme ou la fièvre jaune.
Aujourd’hui, près de la moitié de la population mondiale est exposée au risque de contracter la dengue ou le chikungunya, deux maladies pouvant provoquer de fortes fièvres et, dans de rares cas, être mortelles.
Le réchauffement climatique accélère la propagation du moustique tigre (Aedes albopictus) et, dans une moindre mesure, du moustique de la fièvre jaune (Aedes aegypti), les principaux vecteurs des virus de la dengue et du chikungunya.
L’étude montre que des températures estivales plus élevées sont le facteur prédictif le plus fort du risque d’épidémie. Cela, combiné à l’augmentation des voyages et de la mobilité, facilite la diffusion de ces deux maladies.

Crédit : The Lancet Planetary Health
En 2024 — l’année la plus chaude de la période étudiée — l’Union européenne a recensé 304 cas de dengue, un pic historique, contre 275 cas cumulés au cours des 15 années précédentes.
Le premier foyer de chikungunya en Europe a été documenté à Ravenne, en Italie, en 2007, avec 330 cas signalés. En 2010, une épidémie de dengue a eu lieu en Croatie. Depuis, l’Italie, la France et l’Espagne ont connu des foyers récurrents de dengue et de chikungunya.
Hausse des épidémies
Dans les scénarios climatiques les plus pessimistes, les chercheurs estiment que le nombre d’épidémies de dengue et de chikungunya pourrait être multiplié par cinq d’ici 2060 par rapport aux niveaux actuels. Les intervalles entre les épidémies raccourcissent également, ce qui accroît le risque d’endémisation.
Pour aller plus loin
Les auteurs soulignent que, jusqu’à présent, les cas ont été recensés dans des pays à revenu élevé dotés de systèmes de surveillance performants, ce qui soulève la question d’une possible propagation silencieuse dans des pays disposant de moins de ressources.
L’étude met en évidence l’urgence de mettre en place des mesures de santé publique solides, notamment un contrôle plus strict des vecteurs, une surveillance renforcée et des systèmes d’alerte précoce.
« Atténuer la transition vers l’endémisation nécessitera des interventions de santé publique proactives, vigilantes et bien ciblées », écrivent les auteurs.