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On a parlé vaccins avec... Edzaire Paul, pasteur en Haïti

Les premiers cas de COVID-19 ont été déclarés en Haïti le 19 mars 2020. Des prévisions alarmantes planaient sur le pays. Alors que tout paraissait incertain, Edzaire Paul, pasteur à l’Église méthodiste de Duplan, a enseigné à ses membres qu’un comportement responsable face au virus n’enlèverait rien à leur chrétienté.

  • 30 août 2022
  • 4 min de lecture
  • par Laura Louis
Etzaire Paul, pasteur à l’Église méthodiste de Duplan (crédit : Etzaire Paul)
Etzaire Paul, pasteur à l’Église méthodiste de Duplan (crédit : Etzaire Paul)
 

 

Le révérend Edzaire Paul dirige l’Église méthodiste de Duplan, en Haïti, depuis bientôt 25 ans. Après sa formation en Théologie au Canada, il a pris le leadership de l’assemblée dont il était déjà membre. Ce père de famille de 58 ans se présente comme un éducateur, un entrepreneur et un leader communautaire. C’est l’un des pasteurs protestants haïtiens qui a toujours encouragé les membres de l’église à respecter les gestes de barrière et à se faire vacciner contre la COVID.

Comment avez-vous appris la nouvelle du coronavirus en Haïti ?

Le 19 mars 2020 quand le gouvernement haïtien a annoncé officiellement la présence du coronavirus en Haïti, nous étions tous sous le choc. Des prévisions de 1.500 morts par jour nous ont laissé dans une tourmente sans égale ; nous allions vers l’inconnu. J’étais au Canada quand j’ai appris la nouvelle. J’ai passé six mois à l’étranger sans pouvoir me rendre en Haïti. À distance, j’ai enseigné à l’église qu’en tant que chrétiens protestants, nous croyons dans l’omnipotence de Dieu mais que nous devons tout de même prendre des précautions pour nous protéger.

Quelles mesures l’église a-t-elle pris pour faire face à la COVID-19 ?

Après l’annonce de la maladie, tout rassemblement d’au moins dix personnes était interdit donc les églises ne pouvaient pas fonctionner. Pour y remédier, nous avons tenu en ligne les cultes du dimanche pour ceux qui avaient les moyens de les suivre. Avec des jeux et des concours de chants initiés sur des groupes WhatsApp avec nos membres, nous avons pu créer de l’ambiance avec eux.

Quand les églises ont été autorisées à reprendre leurs activités en présentiel le dimanche 12 juillet 2020, le port du masque était obligatoire dans nos locaux, sauf pour des raisons de santé. Nous nous sommes approvisionnés d’une énorme quantité de masques afin d’en distribuer gratuitement à tout le monde. Il nous reste encore quelques masques.

« À distance, j’ai enseigné à l’église qu’en tant que chrétiens protestants, nous croyons dans l’omnipotence de Dieu mais que nous devons tout de même prendre des précautions pour nous protéger. »

Pour respecter la distanciation sociale, au lieu de l’unique culte que nous tenons généralement à l’église le dimanche matin, nous avons organisé un second culte. Cela nous a permis de réduire le nombre de l’assemblée. Puis, nous avons recommandé aux personnes âgées et celles ayant des comorbidités de rester chez elles pour suivre les services en ligne. Par ailleurs, nous avons remplacé les bancs par des chaises et avons pris des mesures pour respecter la distance d’un mètre entre les sièges.

Êtes-vous vacciné contre le coronavirus ?

Absolument. J’ai reçu trois doses de vaccins. Une dose en Haïti et deux autres au Canada.

Avez-vous pu, vous-même, douter des vaccins contre la COVID-19 ?

Selon le besoin et les priorités, je pense que les vaccins peuvent être élaborés rapidement. Le coronavirus a passé le stade d’épidémie pour devenir une pandémie, il y avait l’urgence de créer un vaccin. Donc, je n’interprétais pas le vaccin comme la marque de la bête ni la COVID comme étant un signe de la fin des temps.

Deux ans après, pouvez-vous dresser un bilan de la gestion de la pandémie à l’église ?

Nous n’avons malheureusement pas de bilan. Ce qui ne devrait pas être un sujet tabou, l’est pourtant dans notre communauté. Nous n’avons pas enregistré de cas à l’église. Les tests de COVID n’étaient pas accessibles à tout le monde pour prouver qui était infecté et qui ne l’était pas mais je pense que beaucoup présentaient des symptômes du coronavirus. En 2020 par exemple, lors des premiers moments, beaucoup parlaient d’une « petite fièvre ».

Cette année, au début du mois d’août, deux de nos membres ont laissé le pays pour l’étranger. Cette même semaine, ils ont été testés positifs à la COVID-19. Il se pourrait qu’ils l’eussent déjà attrapé en Haïti. C’est pour vous dire que nous ignorons le nombre de personnes infectées au coronavirus. Aussi, nous avons enregistré des décès mais nous n’en connaissons pas les causes. Tout ce que nous pouvons vous dire c’est que tout le monde était informé de la pandémie. Nous en avons parlé à l’église et nous avons pris des mesures pour y faire face.