Portrait vaccinal : le vaccin contre le mpox
Le mpox avait principalement été observée en Afrique de l’Ouest jusqu’à l’épidémie mondiale de 2022 ; le vaccin antivariolique utilisé pour réduire le nombre de cas n’a jamais atteint les pays à faible revenu qui en ont encore besoin.
- 2 février 2024
- 5 min de lecture
- par Personnel de Gavi
Fiche d’information : mpox
- Type : Virus
- Symptômes : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, gonflement des ganglions lymphatiques, frissons et épuisement, suivis d’une éruption cutanée sur le visage, les mains et les pieds, qui peut s’étendre à l’intérieur de la bouche, aux organes génitaux et à la cornée.
- Taux de mortalité : jusqu’à 10 % en fonction de la souche
- Cas et décès annuels : très variable, mais en 2020, la République démocratique du Congo a signalé 6216 suspicions de cas et 222 décès.
- Portée géographique : principalement en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, bien que l’année 2022 ait été marquée par l’apparition d’une épidémie mondiale dans 111 pays.
Jusqu’en 2022, le mpox avait uniquement été observé en dehors des zones endémiques d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale lorsqu’un voyageur « rapportait » avec lui le virus semblable à celui de la variole. En mai 2022, un cas de mpox a été détecté au Royaume-Uni et, peu après, plusieurs autres cas – apparemment sans lien entre eux – ont été découverts, se propageant au-delà des frontières en Europe et aux États-Unis.
Il s’agissait d’un phénomène sans précédent. Les scientifiques se sont demandé comment une maladie que l’on ne pensait pas facilement transmissible pouvait se propager aussi largement.
Malgré l’épidémie mondiale de 2022, c’est en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud que la charge de morbidité reste la plus élevée.
Les épidémiologistes africains avertissaient depuis quelques années, sans que le reste du monde n’y prête attention, que les schémas de transmission semblaient évoluer dans les pays où le virus était transmis depuis longtemps. En 2022, pour la première fois, le virus a semblé se propager facilement entre des personnes vivant dans des pays non endémiques.
Il est rapidement apparu que la plupart des cas recensés en Europe et aux États-Unis concernaient des hommes ayant des relations homosexuelles, en particulier ceux qui avaient des réseaux sexuels étroitement liés, ce qui a permis au virus de se propager d’une manière « inédite » au sein cette population et non à la population en général.
En juillet 2022, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que l’épidémie mondiale constituait une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), une mesure destinée à galvaniser l’action pour répondre à la situation d’urgence. Le mpox est étroitement lié à la variole, et le vaccin antivariolique, qui peut prévenir environ 85 % des cas de mpox, a été déployé pour enrayer la transmission.
Toutefois, les vaccins ont été utilisés presque exclusivement dans les pays à revenu élevé. Aujourd’hui l'Afrique n’a toujours pas reçu la moindre dose. Lorsque l’OMS a déclaré la fin de l’USPPI en mai 2023, plus de 87 000 cas et 140 décès avaient été signalés dans 111 pays.
Parallèlement, depuis 2018, la République démocratique du Congo (RDC) a signalé plus de 3 000 cas suspectés par an, avec un pic à 6 216 cas suspectés et 222 décès en 2020.
En 2017, le Nigéria a vu réapparaître des cas après près de quatre décennies d’absence totale ; cette épidémie a culminé en mai 2018 avec 122 cas confirmés ou probables dans 17 États, et sept décès. Le pays a continué à signaler des cas de mpox, dont la plupart sont concentrés dans les États les plus méridionaux, y compris en milieu urbain.
Malgré l’épidémie mondiale de 2022, c’est en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud que la charge de morbidité reste la plus élevée.
Histoire du virus
Le mpox et la variole appartiennent au genre Orthopoxvirus de la famille des Poxviridae. Le mpox a été découvert pour la première fois en 1958, lorsque des foyers d’une maladie provoquant des symptômes semblables à ceux de la variole ont été découverts chez des singes détenus en captivité à des fins de recherche. Elle a été observée pour la première fois chez l’homme en 1970 en République démocratique du Congo (RDC) et est désormais endémique en Afrique centrale et de l’Ouest.
Pour aller plus loin
L’homme peut être infecté soit par contact avec des animaux, par exemple par l’intermédiaire de rongeurs infectés, à la suite d’une peau éraflée (morsure ou griffure), soit par contact direct avec le sang ou les fluides corporels d’un animal infecté ou avec les lésions de la variole (plaies). Le virus peut également se transmettre d’une personne à l’autre, par contact cutané avec des plaies, des croûtes, des gouttelettes respiratoires ou des fluides oraux, généralement dans le cadre d’une relation intime.
Les premiers symptômes sont la fièvre, les maux de tête, les douleurs musculaires, les maux de dos, le gonflement des ganglions lymphatiques, les frissons et l’épuisement. Une fois la fièvre apparue, une éruption cutanée tend à suivre, principalement sur le visage, les mains et les pieds, avant de s’étendre à d’autres parties du corps. Elle peut se propager à l’intérieur de la bouche, aux organes génitaux et à la cornée.
L’éruption progresse jusqu’à la formation d’une croûte qui tombe et, dans certains cas, de vastes lambeaux de peau peuvent se détacher du corps. Les symptômes apparaissent généralement entre cinq et treize jours après l’infection, mais il peut s’écouler jusqu’à 21 jours avant leur apparition.
Les taux de mortalité dépendent du type de mpox à l’origine de l’infection. Il existe deux groupes ou « clades » ; dans le cadre des infections de clade I, un cas sur dix peut être fatal. Les personnes infectées par le clade II sont beaucoup moins susceptibles de décéder, mais les personnes dont le système immunitaire est gravement affaibli, les bébés de moins d’un an et les personnes enceintes ou allaitantes risquent davantage de tomber gravement malades ou de succomber à la maladie. Ces groupes ont également moins de chances de recevoir un vaccin, les vaccins actuellement autorisés contre la variole n’étant pas approuvés pour une utilisation dans ces parties de la population.
Vaccins contre le mpox
Deux vaccins, Jynneos (Bavarian Nordic) et ACAM2000 (Emergent Biosolutions), ont été homologués aux États-Unis, au Canada et en Europe pour le mpox, tous deux pour les personnes âgées de plus de 18 ans. Le LC16m8, un vaccin antivariolique atténué et réplicatif, est actuellement homologué au Japon pour les enfants et les adultes. Toutefois, la durée de l’immunité n’est pas encore clairement établie.
BioNTech, en partenariat avec la CEPI (Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies), débute un essai clinique de phase 1/2 du vaccin candidat contre le mpox à base d’ARNm, le BNT166.
Défis potentiels dans le déploiement du vaccin
Actuellement, il est difficile de se faire une idée précise de la manière dont le mpox circule dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, car la surveillance est complexe et caractérisée par une sous-déclaration des cas. Le diagnostic du mpox est également difficile car les symptômes peuvent ressembler à ceux de la varicelle ou d'autres maladies provoquant des éruptions cutanées. Il est par conséquent nécessaire de disposer de diagnostics moléculaires, qui ne sont probablement pas disponibles dans les zones rurales d’Afrique.
La stigmatisation est un autre facteur qui a empêché de bien comprendre le comportement du virus dans la mesure où l’épidémie mondiale était en grande partie due à la transmission sexuelle. Tout ceci rend difficile la recherche des contacts et la communication des cas, ce qui se traduit par des données incomplètes et de mauvaise qualité dans la région africaine.
En outre, le déploiement du vaccin nécessitera l’identification des populations à risque au niveau de la communauté qui devront être ciblées pour la vaccination, la vaccination de masse contre le mpox n’étant pas recommandée à l’heure actuelle.