Rendre la vaccination contre le VPH naturelle pour toutes les adolescentes ? Cela commence avec les infirmières.
Mettre en place la vaccination contre le VPH est une chose. Assurer dans la durée une forte adhésion chez plusieurs générations d’adolescentes en est une autre. Un nouveau programme d’apprentissage entre pairs réunit 80 000 professionnels de santé du monde entier pour partager les pratiques qui fonctionnent.
- 5 décembre 2025
- 4 min de lecture
- par María Fernanda Monzón
L’introduction du vaccin contre le papillomavirus humain (VPH) est l’un des défis les plus déterminants de la santé publique moderne. Atteindre les objectifs mondiaux visant à vacciner les filles avant qu’elles ne deviennent sexuellement actives pourrait prévenir 62 millions de décès dus au cancer du col de l’utérus au cours du prochain siècle.
Cependant, le chemin qui mène d’un lancement national à un programme de routine durable est complexe. Les professionnels de santé doivent tenir compte des sensibilités liées à la puberté féminine, atteindre les filles qui ne sont pas scolarisées, et contrer des rumeurs qui circulent parfois plus vite que le virus lui-même.
Pour y répondre, la Geneva Learning Foundation (TGLF) et l’UNICEF ont lancé un nouveau programme d’apprentissage entre pairs destiné à recueillir et diffuser la « vérité du terrain » sur ce qui fonctionne réellement.
Ce module d’introduction, intitulé « Bien démarrer la vaccination contre le VPH (et la faire durer) », constitue la première étape d’un ensemble plus vaste d’activités conçues pour compléter les programmes mondiaux à l’échelle infranationale. Il ne s’agit pas d’un manuel figé, mais d’un corpus vivant de connaissances tirées de l’expérience de milliers de professionnels de santé.
Des campagnes à la durabilité
Le moment choisi est crucial. D’importants efforts sont en cours pour introduire ou renforcer la vaccination contre le VPH dans plusieurs grands pays, notamment l’Inde et le Pakistan. Si les campagnes de masse permettent d’atteindre une large couverture de la première cohorte de filles éligibles, le véritable enjeu réside dans l’intégration de la vaccination contre le VPH dans les services de vaccination de routine, afin de protéger chaque nouvelle génération.
Cette transition nécessite des connaissances fines et locales, souvent détenues uniquement par le personnel de première ligne. Le nouveau programme y répond en s’appuyant sur le réseau existant Teach to Reach, qui a déjà permis de connecter plus de 80 000 professionnels de santé. En partageant leurs stratégies, ces acteurs construisent une base mondiale de preuves reposant sur des micro-innovations, capables de maintenir la couverture vaccinale une fois les tentes de campagne repliées.
Des solutions venues du terrain
Le contenu du programme repose entièrement sur des expériences réelles partagées par des professionnels de santé. Il met en lumière la manière dont les acteurs au niveau des districts et des établissements répondent aux défis logistiques et sociaux propres à la vaccination contre le VPH.
Lorsqu’un professionnel de santé d’un district au Pakistan partage une stratégie efficace pour mobiliser des leaders religieux, ou qu’une infirmière en Inde découvre une nouvelle manière de conseiller des parents hésitants, ce savoir devient une part de l’intelligence collective du réseau.
Par exemple, une préparation approfondie est citée comme un facteur clé de durabilité. Un spécialiste de santé publique travaillant avec un partenaire international en Inde a souligné la nécessité de dépasser la formation technique : « Les prestataires de services devraient recevoir une très bonne formation sur le vaccin contre le VPH… Il faudrait consacrer davantage de temps à sensibiliser le personnel à la communication pour le changement de comportement. »
De même, atteindre les filles les plus vulnérables suppose souvent d’aller au-delà des stratégies scolaires. Mamanding Kinteh, spécialiste de santé publique en Gambie, a partagé une méthode efficace pour toucher les filles non scolarisées en s’appuyant sur les réseaux de pairs : « Nous demandons à une élève : “As-tu une camarade non scolarisée dans ta communauté ?” » Cette approche communautaire a contribué à un taux national de couverture de 83 % pour la première dose.
Ces enseignements peuvent rappeler les recommandations mondiales. La différence est que, dans chaque cas, c’est un professionnel de santé qui l’a réellement fait, et qui explique ce qu’il a fait – et comment – à ses collègues.
Un curriculum vivant
Ce qui distingue cette initiative, c’est que le curriculum n’est pas figé. Dans le cadre du processus d’apprentissage, les participants sont invités à partager leurs défis récents et les plans spécifiques qu’ils ont élaborés pour y répondre.
Cela transforme chaque participant en contributeur. Lorsqu’un professionnel de santé d’un district au Pakistan partage une stratégie efficace pour mobiliser des leaders religieux, ou qu’une infirmière en Inde découvre une nouvelle manière de conseiller des parents hésitants, ce savoir devient une part de l’intelligence collective du réseau.
Le programme aborde de front les questions les plus sensibles, notamment les fausses rumeurs affirmant que le vaccin pourrait nuire à la fertilité. Par exemple, une technicienne d’ingénierie sanitaire de l’État au Burkina Faso a expliqué comment elle a convaincu un cousin qui refusait initialement de faire vacciner sa fille à cause de cette désinformation. En analysant ces situations concrètes et vécues, le programme aide les professionnels de santé à se préparer aux conversations difficiles qui déterminent la réussite ou l’échec d’un programme de vaccination.
Pour aller plus loin
Première étape d’un parcours mondial
En se concentrant sur la réalité vécue par les professionnels de santé, le programme cherche à dépasser les approches descendantes pour instaurer un modèle de résolution collective de problèmes entre pairs. Ce court module d’introduction constitue la première activité d’un programme ambitieux visant à assurer la pérennité de la vaccination contre le VPH au-delà des campagnes, en exploitant la force de l’apprentissage entre pairs, du partage d’expériences jusqu’à l’appui à des mises en œuvre locales.
Les inscriptions sont désormais ouvertes pour la première cohorte. Les professionnels de santé sont encouragés à inviter un collègue à les rejoindre afin de constituer une équipe locale capable de transformer de nouvelles idées en actions durables.
En savoir plus et s’inscrire : https://go.learning.foundation/tglf/c/30136
- Vaccination contre le VPH : un nouvel apprentissage et un nouveau leadership pour combler l’écart entre planification et mise en œuvre https://redasadki.me/2025/02/25/new-ways-to-learn-and-lead-hpv-vaccination-bridging-planning-and-implementation-gaps/
- Un podcast sur l’IA révèle des enseignements surprenants de professionnels de santé sur la vaccination contre le VPH https://redasadki.me/2025/02/26/ai-podcast-explores-surprising-insights-from-health-workers-about-hpv-vaccination/
