Huit choses à savoir sur les nouveaux variants de la COVID-19 « Nimbus » et « Stratus »
Les sous-variants NB.1.8.1 et XFG se propagent rapidement et rivalisent pour dominer à l’échelle mondiale.
- 10 juillet 2025
- 6 min de lecture
- par Linda Geddes

La COVID-19 a peut-être disparu des gros titres, mais elle n’a ni disparu ni cessé d’évoluer.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recense actuellement six « variants sous surveillance » — c’est-à-dire des variants dont la prévalence croissante et les implications potentielles pour la santé publique justifient une attention et un suivi accrus de la part des autorités sanitaires.
Parmi eux figure NB.1.8.1, surnommé officieusement « Nimbus » par un groupe de chercheurs et de scientifiques citoyens, à qui l’on doit déjà les noms non officiels Kraken, Centaurus ou Eris — des appellations destinées à rendre les variants plus reconnaissables pour le grand public.
Un autre variant attire également l’attention des observateurs, bien qu’il ne soit pas encore classé comme variant sous surveillance par l’OMS : il s’agit de XFG, surnommé « Stratus ».
Voici ce que l’on sait jusqu’à présent sur ces deux variants.
1. Ils se propagent rapidement — mais ne sont pas forcément plus dangereux
Depuis son identification en janvier 2025, NB.1.8.1 s’est rapidement répandu en Asie puis dans d’autres régions, représentant 11 % des cas séquencés fin avril 2025, contre seulement 2,5 % un mois plus tôt.
C’est une progression rapide comparée à d’autres variants en circulation. Bien qu’une hausse des cas et des hospitalisations ait été rapportée dans certains pays — notamment dans la région du Pacifique occidental — rien ne laisse penser que NB.1.8.1 provoque une forme plus grave de la maladie que les autres descendants d’Omicron.
Dans sa dernière évaluation des risques, publiée le 23 mai 2025, le Groupe consultatif technique de l’OMS sur l’évolution des virus a déclaré : « Les données disponibles concernant NB.1.8.1 ne suggèrent pas de risque supplémentaire pour la santé publique par rapport aux autres lignées descendantes d’Omicron actuellement en circulation. »
XFG, quant à lui, a été détecté pour la première fois au Canada, et connaît lui aussi une propagation rapide à l’échelle mondiale. Fin mai, il représentait 25 % des cas en Europe, contre 9 % pour NB.1.8.1. Il prend également de l’ampleur en Inde, où 206 cas avaient été détectés au 11 juin.
Dans son évaluation des risques sur NB.1.8.1, l’OMS a noté que XFG se propageait encore plus vite que ce variant. Là encore, aucune donnée n’indique pour l’instant qu’il soit associé à une forme plus grave de la maladie.
2. « Nimbus » n’est pas une référence à Harry Potter
Selon le professeur T. Ryan Gregory, de l’Université de Guelph au Canada — membre d’un groupe de chercheurs et de scientifiques citoyens qui attribuent des surnoms non officiels aux variants de la COVID susceptibles d’attirer l’attention du public — NB.1.8.1, alias « Nimbus », est le premier variant à recevoir un tel surnom depuis « Pirola » (BA.2.86) en août 2023.
« Depuis, tout tournait autour de Pirola, avec presque uniquement des descendants directs ou des recombinaisons de ses descendants en circulation, » a-t-il déclaré à VaccinesWork.
Il explique que plusieurs éléments ont justifié le choix d’un nouveau surnom pour NB.1.8.1 : « Ce n’est pas juste un énième membre de la soupe de variants Pirola : il a émergé comme une lignée distincte, qui évolue désormais chez les hôtes humains. Il a provoqué des vagues dans certaines régions du monde — et pourrait le faire plus largement. Il a aussi été classé comme variant sous surveillance (VUM) par l’OMS le 23 mai. »
Certains pourraient penser que le nom Nimbus fait référence au balai magique Nimbus 2000 dans Harry Potter, au vaisseau spatial Nimbus dans la série Futurama, ou encore au personnage Mr. Nimbus dans Rick and Morty. Mais Gregory précise que le nom fait référence à un type de nuage, ajoutant : « Et puis, c’est pratique : le mot contient les lettres n et b, comme NB.1.8.1. »
La décision d’attribuer également un surnom au variant XFG découle du constat que Nimbus (NB.1.8.1) et Stratus (XFG) sont actuellement les deux variants principaux en compétition pour la domination mondiale, chacun ayant le potentiel de déclencher une nouvelle vague épidémique.
« En général, nous sommes très prudents avant d’attribuer un nouveau surnom. Ensuite, on échange des propositions jusqu’à trouver un terme suffisamment reconnaissable pour être utile dans les communications grand public, » explique Gregory.
« Nous avons commencé par des créatures mythologiques (comme Orthrus, Kraken), puis des noms d’origine astronomique (Eris, Pirola), et cette fois, nous avons puisé dans la météorologie, avec des types de nuages comme Nimbus et Stratus. »
3. Des variants Frankenstein issus de recombinaisons génétiques
NB.1.8.1 possède un arbre généalogique particulièrement complexe. Il s’agit d’un virus hybride, issu d’un processus appelé recombinaison : plusieurs virus — tous des versions du variant Omicron — infectent une même cellule et échangent du matériel génétique.
NB.1.8.1 est un descendant de XDV, lui-même un hybride de JN.1 et XDE — ce dernier étant un croisement entre GW.5.1 et FL.13.4.

Ces recombinaisons ont doté « Nimbus » de sept nouvelles mutations dans sa protéine Spike — la partie du virus qui se fixe aux cellules humaines — ainsi que 20 autres mutations réparties ailleurs dans son génome.
XFG, de son côté, est issu d’un croisement entre deux variants précédents : LF.7 et LP.8.1.2. Il présente quatre mutations clés dans sa protéine Spike.

4. Nimbus adhère très bien à nos cellules – et les infecte efficacement
Des études virologiques indiquent que NB.1.8.1 se lie fortement au récepteur ACE2, que le SARS-CoV-2 utilise pour pénétrer dans les cellules humaines — plus fortement que XFG et que la plupart des autres variants.
Il montre également une forte infectiosité dans des cellules cultivées en laboratoire, ce qui suggère qu’il est bien armé pour se propager. Sa capacité d’infection pourrait être 2,5 fois plus élevée que celle de LP.8.1, actuellement le variant le plus répandu dans le monde.
Cela pourrait expliquer pourquoi il supplante progressivement d’autres variants — non pas en échappant mieux au système immunitaire, mais en infectant plus efficacement les individus.
5. Stratus échappe bien au système immunitaire
Deux des mutations présentes dans la protéine Spike de XFG sont soupçonnées d’aider le virus à échapper aux anticorps qui ciblent habituellement certaines zones de la protéine. L’une d’elles pourrait même lui permettre de déjouer une classe plus large d’anticorps, rendant la neutralisation plus difficile pour le système immunitaire, et facilitant la propagation du virus.
En revanche, XFG se lie moins efficacement au récepteur ACE2 humain que certains autres variants. Il pourrait donc être moins performant pour infecter les cellules ou se propager de manière autonome — à moins qu’il n’acquière de nouvelles mutations.
6. Les vaccins contre la COVID-19 restent probablement efficaces contre ces variants
Lors de tests en laboratoire utilisant des échantillons de sang provenant de personnes vaccinées ou précédemment infectées, XFG a montré une baisse d’efficacité des anticorps d’environ 2 fois par rapport au variant actuellement le plus répandu dans le monde. NB.1.8.1, quant à lui, a montré une réduction d’environ 1,6 fois.
Cela dit, les personnes entièrement vaccinées – en particulier celles ayant reçu un rappel à jour – devraient conserver une certaine protection, notamment contre les formes graves, les hospitalisations et les décès.
Pour aller plus loin
7. Certains symptômes spécifiques pourraient être à surveiller
Bien que les symptômes de ces variants semblent globalement similaires à ceux des autres versions d’Omicron, des médecins britanniques ont signalé certains signes particuliers liés à NB.1.8.1 : une sensation de « lame de rasoir » dans la gorge ainsi que des symptômes gastro-intestinaux comme nausées, vomissements, diarrhées, brûlures d’estomac, ballonnements, constipation et douleurs abdominales.
Ces observations n’ont toutefois pas encore été confirmées par des études scientifiques.
En Inde, des médecins ont également noté une voix enrouée comme symptôme fréquent chez les patients récemment reçus en consultation externe à l’hôpital.
8. Nimbus est étroitement surveillé, mais n’inspire pas une inquiétude majeure pour l’instant
L’OMS a classé NB.1.8.1 comme un variant sous surveillance (VUM) — et non comme un variant d’intérêt (VOI) ou un variant préoccupant (VOC). Cela signifie qu’il mérite d’être suivi de près, sans pour autant être alarmant à ce stade.
Le risque global pour la santé publique est actuellement considéré comme “faible”.
Quant à XFG, il n’est pas (pour l’instant) jugé suffisamment préoccupant pour figurer sur la liste des variants sous surveillance de l’OMS. Cela dit, comme tout variant émergent, il fait l’objet d’une surveillance génomique continue, et toutes les séquences virales enregistrées sont analysées de près afin de détecter d’éventuelles évolutions, mutations ou implications sanitaires.