La COVID-19 expose les enfants à davantage de risques cardiaques que la vaccination
Une analyse approfondie des dossiers de santé en Angleterre montre que les enfants et adolescents ayant contracté la COVID-19 courent un risque plus élevé de rares complications cardiaques que ceux ayant reçu un vaccin contre la COVID-19 à base d’ARN messager.
- 10 novembre 2025
- 5 min de lecture
- par Linda Geddes
Points clés :
- Malgré les premiers signalements de rares cas d’inflammation cardiaque après la vaccination contre la COVID-19, cette vaste étude portant sur près de 14 millions d’enfants en Angleterre montre que l’infection par le virus elle-même est bien plus susceptible de provoquer de graves troubles cardiaques, de coagulation et inflammatoires dans les mois qui suivent.
- Ces risques ont également duré beaucoup plus longtemps que ceux observés après la vaccination.
- Les chercheurs estiment que leurs résultats soutiennent la poursuite de la vaccination chez les enfants et les jeunes comme une stratégie efficace pour réduire les risques plus fréquents et persistants associés à l’infection par la COVID-19.
Alors que les signalements de rares cas d’inflammation cardiaque chez les jeunes après la vaccination contre la COVID-19 se multipliaient au début de la pandémie, de nombreux parents se sont naturellement inquiétés des risques potentiels.
Aujourd’hui, l’une des plus grandes études menées à ce jour apporte un éclairage rassurant : les enfants et les adolescents étaient bien plus susceptibles de développer de rares mais graves affections cardiaques et inflammatoires après une infection par la COVID-19 qu’après la vaccination – et ces risques persistaient beaucoup plus longtemps après l’infection.
« Je tiens à souligner que ces complications graves restent extrêmement rares chez les enfants et les jeunes dans l’ensemble », a déclaré la professeure Angela Wood, coauteure de l’étude à l’Université de Cambridge (Royaume-Uni). « Mais dans ces données, qui couvrent les deux premières années de la pandémie, on constate que les risques de complications graves étaient généralement plus élevés et plus durables après une infection par la COVID-19 qu’après une vaccination. »
Quel lien entre les vaccins contre la COVID-19 et la myocardite ?
Les inquiétudes concernant de rares cas de myocardite et de péricardite — inflammations du muscle cardiaque et du tissu qui l’entoure — ont émergé en 2021, lorsque les programmes de vaccination ont été étendus aux groupes d’âge plus jeunes, en particulier avec les vaccins à base d’ARN messager. Parallèlement, un nombre croissant de données suggéraient que l’infection par la COVID-19 elle-même pouvait déclencher ces complications, ainsi que d’autres atteintes cardiaques.
Pourtant, la plupart des recherches menées jusqu’à présent se concentraient sur les effets à court terme et ne comparaient pas directement, sur le long terme, les risques cardiovasculaires et inflammatoires liés à l’infection et à la vaccination dans une large population d’enfants et d’adolescents.
« La véritable force et la valeur de cette étude résident dans la capacité de suivi à long terme des enfants et des jeunes dans le contexte de cette pandémie », a déclaré la professeure Pia Hardelid, coauteure de l’étude, à l’University College London et au National Institute of Health and Care Research – Great Ormond Street Hospital Biomedical Research Centre (Royaume-Uni).
Que ont fait les chercheurs ?
La nouvelle étude, publiée dans The Lancet Child and Adolescent Health, a analysé les dossiers de santé électroniques anonymisés de près de 14 millions de personnes de moins de 18 ans en Angleterre entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2022 – soit environ 98 % de la population enfantine du pays, marquée par une grande diversité ethnique.
Durant cette période, 3,9 millions d’enfants et de jeunes ont reçu un premier diagnostic de COVID-19, tandis que 3,4 millions ont reçu une première dose du vaccin Pfizer/BioNTech (BNT162b2) – le principal vaccin contre la COVID-19 proposé aux 5–18 ans en Angleterre à cette époque.
L’étude a évalué les risques de développer de rares complications après une infection par la COVID-19 ou après la vaccination, notamment des caillots sanguins, une baisse du nombre de plaquettes (fragments cellulaires qui favorisent la coagulation du sang), des myocardites ou péricardites, ainsi que d’autres troubles inflammatoires.
Qu’ont découvert les chercheurs ?
Concernant la myocardite et la péricardite – qui touchent environ cinq enfants sur 100 000 chaque année – la COVID-19 était associée à 2,24 cas supplémentaires pour 100 000 enfants dans les six mois suivant l’infection, le risque demeurant légèrement élevé pendant près d’un an.
Chez les enfants vaccinés, en revanche, les chercheurs ont observé une hausse plus faible et de plus courte durée – équivalente à 0,85 cas supplémentaire pour 100 000 personnes – sur une période de six mois. Ce risque, déjà très faible, se concentrait principalement dans les quatre premières semaines suivant la vaccination, avant de revenir à la normale. Aucune preuve d’inflammation cardiaque persistante n’a été observée après la vaccination.
L’étude a également mis en évidence une forte augmentation des cas de thrombose veineuse (formation de caillots sanguins dans les veines), en particulier durant la semaine suivant le diagnostic de COVID-19, mais aucun risque de ce type après la vaccination. Sur une période de six mois, l’infection par la COVID-19 a entraîné environ 5,6 cas supplémentaires de caillots sanguins pour 100 000 enfants.
De même, des taux anormalement bas de plaquettes ont été observés plus fréquemment après une infection (2,28 cas supplémentaires pour 100 000 enfants), mais n’ont pas augmenté après la vaccination.
Enfin, les chercheurs ont également constaté une forte et durable augmentation des affections inflammatoires sévères, telles que le syndrome inflammatoire multisystémique de l’enfant (PIMS ou MIS-C) et la maladie de Kawasaki, chez les enfants ayant contracté la COVID-19. À l’inverse, le risque de ces affections était négligeable — voire légèrement inférieur — après la vaccination.
Pour aller plus loin
Quel message retenir de cette étude ?
Les chercheurs ont indiqué que leurs résultats ne devaient pas être utilisés pour remettre en cause la sécurité et l’efficacité des vaccins à ARN messager contre la COVID-19 chez les enfants et les jeunes.
« Bien que nous ayons observé un risque légèrement accru de myocardite ou de péricardite à court terme après la première vaccination, ces événements sont restés très rares et limités dans le temps, tandis que l’infection par le SARS-CoV-2 était associée à des effets rares mais plus fréquents et plus durables sur le plan vasculaire et inflammatoire », ont-ils écrit.
« Combinés aux nombreuses preuves montrant que la vaccination réduit fortement le risque de formes graves de la COVID-19, d’hospitalisation et de complications associées, nos résultats confirment que les bénéfices des vaccins à ARN messager dépassent clairement leurs faibles risques, et qu’ils ont joué un rôle essentiel dans la protection de cette population. »
Ils ont ajouté que leurs conclusions soutenaient la poursuite de la vaccination des enfants et des jeunes comme stratégie efficace pour réduire les risques plus fréquents et persistants associés à l’infection par la COVID-19.
« Les décideurs politiques et les professionnels de santé peuvent s’appuyer sur ces résultats pour nourrir des discussions éclairées avec les parents et les aidants au sujet des profils de sécurité relatifs de l’infection et de la vaccination », ont-ils précisé.
Wood a ajouté que, si les risques liés à la vaccination devraient rester rares et de courte durée, les risques futurs liés à l’infection pourraient évoluer à mesure que de nouveaux variants apparaissent et que l’immunité de la population change. « C’est pourquoi le suivi sanitaire à l’échelle de la population reste essentiel pour orienter les décisions sur la vaccination et d’autres politiques de santé publique importantes », a-t-elle déclaré.