La porte de l’Amazonie : pourquoi la COP30 à Belém doit placer la santé et l’équité au cœur de l’action climatique
À ce moment charnière, les décisions prises à Belém peuvent consolider les engagements mondiaux pour protéger la santé des populations face à l’aggravation de la crise climatique.
- 11 novembre 2025
- 3 min de lecture
- par Pascal Barollier
Belém, capitale de l’État du Pará, au nord du Brésil, est une ville de contrastes. Connue comme la « porte de l’Amazonie », ses avenues bordées d’arbres et ses demeures coloniales côtoient de vastes quartiers informels. En 2025, cette ville de 1,3 million d’habitants accueillera le sommet mondial le plus important sur le climat — la COP30 — devenant ainsi la première métropole amazonienne à le faire.
Les enjeux n’ont jamais été aussi élevés. Selon l’Organisation météorologique mondiale, la température moyenne mondiale en 2024 était comprise entre 1,34 °C et 1,41 °C au-dessus des niveaux préindustriels. L’OMM prévoit désormais que la moyenne de réchauffement sur vingt ans, entre 2015 et 2034, atteindra environ 1,44 °C. Si cela reste dans la limite fixée par l’Accord de Paris, il existe toutefois 86 % de chances que la température mondiale dépasse 1,5 °C au moins une fois au cours des cinq prochaines années — une perspective inquiétante pour la planète.
La présidence brésilienne de la COP30 appelle les nations à tenir leurs promesses passées, notamment en matière de réduction des émissions et de transition énergétique. Mais cette année, le Brésil place également l’adaptation — la manière dont les sociétés s’ajustent à un climat en mutation — au centre de l’agenda. Dans une lettre adressée à la communauté internationale, le président de la COP30 a averti : « Sans adaptation, le changement climatique devient un multiplicateur de pauvreté, détruisant les moyens de subsistance, déplaçant les travailleurs et aggravant la faim. À mesure que les impacts s’intensifient, l’inaction n’est pas une négligence technique ; c’est un choix politique sur qui vivra et qui mourra. (…) L’adaptation est aussi essentielle à la protection des économies qu’à celle des vies humaines. »
Cette philosophie se concrétise dans le Plan d’action de Belém pour la santé, un nouveau cadre visant à renforcer la résilience des systèmes de santé face au changement climatique. Appelé à être approuvé lors de la COP30, ce plan repose sur trois piliers : la surveillance et le suivi ; les politiques fondées sur des données probantes et le renforcement des capacités ; et enfin l’innovation, la production et la santé numérique. Il s’appuie sur des principes fondamentaux : l’équité en santé, la justice climatique et la gouvernance participative.
Pour la première fois, un document officiel de la COP invite les pays et leurs partenaires à identifier et à actualiser régulièrement la liste des maladies sensibles au climat, afin d’orienter la surveillance et la réponse sanitaire. Il reconnaît également le rôle essentiel des vaccins et de la vaccination dans la lutte contre ces maladies, y compris la nécessité de maintenir et de suivre les stocks de vaccins et les produits de santé essentiels.
Les programmes de vaccination systématique et préventive sont essentiels pour réduire le fardeau des maladies infectieuses aggravées par le changement climatique. Gavi, l’Alliance du vaccin, finance les vaccins contre sept maladies — la dengue, la méningite A, l’encéphalite japonaise, la fièvre jaune, le choléra, le paludisme et la fièvre typhoïde — qui se propagent rapidement avec le réchauffement climatique. L’Alliance soutient également des stocks mondiaux de vaccins contre la fièvre jaune et le choléra, permettant une réponse rapide en cas d’épidémie.
Pourtant, assurer la livraison des vaccins et le maintien des services de santé pendant les urgences climatiques représente un véritable défi. Cela exige une planification anticipée, une communication efficace et une coordination étroite entre les prestataires de santé, les agences d’urgence et les communautés. L’adaptation rapide est essentielle.
C’est ici que l’investissement dans des technologies durables devient crucial. Les chaînes du froid, établissements de santé et entrepôts alimentés à l’énergie solaire offrent une électricité propre et fiable, renforçant la résilience des programmes de vaccination et de santé face aux chocs climatiques tels que les vagues de chaleur ou les coupures de courant. Les outils de suivi numérique et les transports adaptés au climat peuvent garantir la continuité des services tout en réduisant l’empreinte environnementale des interventions sanitaires.
Le Plan d’action de Belém pour la santé : un tournant
Alors que la COP30 se tient à Belém, la porte de l’Amazonie devient une scène mondiale pour repenser l’action climatique à travers le prisme de l’équité en santé et de la résilience. Le Plan d’action de Belém pour la santé marque un tournant, plaçant la vaccination au cœur des stratégies d’adaptation. En reconnaissant les vaccins comme des outils essentiels contre les maladies sensibles au climat, le plan permet aux pays de privilégier des solutions concrètes pour protéger la santé publique dans un monde en réchauffement. Les investissements dans les technologies durables contribuent à garantir que les vaccins vitaux atteignent les populations les plus à risque — même en période de perturbations climatiques.
À ce moment charnière, les décisions prises à Belém peuvent consolider les engagements mondiaux pour protéger la santé des populations face à l’aggravation de la crise climatique.