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Cinq raisons pour lesquelles le slogan « Mon corps, mon choix » ne fonctionne pas pour les vaccins

Alors que plusieurs pays rendent la vaccination contre la COVID-19 obligatoire pour les agents de santé, les enseignants et autres personnels de première ligne, les manifestants anti-vaccination ont détourné à leur profit le slogan « Mon corps, mon choix » emblématique des mouvements pour les droits des femmes à décider de leurs grossesses et à disposer de leur corps. Voici pourquoi ce raisonnement ne peut pas s’appliquer aux vaccins.

  • 18 octobre 2021
  • 5 min de lecture
  • par Priya Joi
Photo de Michael Marais sur Unsplash
Photo de Michael Marais sur Unsplash

 

1. Il porte atteinte à la légitimité des mouvements revendiquant le droit des femmes à décider de leurs grossesses

Ces mouvements revendiquent le droit des femmes à éviter les grossesses ou à y mettre un terme. Ils militent en faveur du droit des femmes à disposer de leur corps, et luttent contre le mariage forcé des enfants (qui ne sont pas en mesure donner leur consentement) – ce qui concerne plus particulièrement les filles - et contre les relations sexuelles forcées. Ces droits, qui sont inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, ont été durement acquis dans de nombreux pays. Mais dans de nombreuses régions du monde, la population doit encore se battre pour les obtenir, et le paie parfois en vies humaines.

La liberté de ne pas avoir à subir de préjudices causés par autrui se défend du point de vue des droits de l'homme ; le même argument est valable pour l’interdiction de l'alcool au volant.

2. Il est tout aussi injuste de vivre en parasite que de compter sur les autres pour la vaccination

Il faut que le plus de monde possible se fasse vacciner, pour essayer d'atteindre l'immunité collective, réduire le nombre de cas et de décès, arrêter la propagation du virus et protéger les personnes immunodéprimées qui ne peuvent pas se faire vacciner. Par ailleurs, dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, des millions de personnes voudraient se faire vacciner, mais n'y ont pas encore accès. Certains peuvent refuser de se faire vacciner par peur des effets indésirables ; d’autres pensent qu’ils ne courent aucun risque parce qu'ils sont jeunes et en bonne santé, ou sont rassurés parce que leur entourage est vacciné. Mais le principe voulant que l’on agisse pour le bien collectif s'effondre si l’on commence à prendre des décisions sur la seule base des convictions individuelles.

3. En ne se faisant pas vacciner, on risque de provoquer des désastres au niveau collectif

« Mon corps, mon choix » est le cri de ralliement militant qui fait référence aux choix de santé individuels, centrés sur le droit à disposer de son corps. Ces choix (à l'exception de l'avortement qui pourrait éventuellement affecter le bien-être émotionnel de l'autre parent potentiel) n'affectent généralement personne d'autre. Face à une pandémie qui a déjà tué 4,5 millions de personnes, le choix de ne pas se faire vacciner contre la COVID-19 alors que l’on dispose de vaccins sûrs et efficaces a de toute évidence des implications majeures pour la santé des autres, en particulier celle des personnes vulnérables qui ne sont peut-être pas en mesure de se faire vacciner. Du point de vue des droits de l'homme, la protection contre le préjudice causé par autrui constitue un argument du même ordre que celui qui justifie l'interdiction de l'alcool au volant.

4. Le choix personnel en matière de vaccination peut s'étendre à d'autres mesures de santé publique

Si le choix personnel est au centre de la décision de se faire vacciner, alors pourquoi ne pas en faire autant pour les autres mesures de santé publique comme le port du masque ou le recours aux traitements. Certains pays ont déjà fait du port du masque une question de choix, même dans les espaces intérieurs non ventilés, ce qui est contraire aux recommandations scientifiquement fondées qui visent à limiter la propagation du SRAS-CoV-2. De même que les vaccins, les masques ne protègent pas seulement contre l'infection, ils réduisent également le risque de transmission du virus.

5. Le choix n'est pas forcément éclairé

L’évaluation de la sécurité des vaccins fait appel à des scientifiques et à des organismes de réglementation extrêmement compétents, qui doivent analyser un grand nombre de données avant de prendre des décisions. La majorité des citoyens, y compris ceux qui ont des connaissances scientifiques, ne sont pas capables d'effectuer ce genre d'évaluation. C’est pourquoi les vaccins ne peuvent être distribués dans la population qu’après avoir subi de nombreux contrôles à plusieurs niveaux et avoir été homologués par les organismes de réglementation. Cela ne s'applique d’ailleurs pas seulement aux vaccins, mais aussi aux médicaments, aux interventions médicales, et au-delà de la médecine, aux industries automobile ou alimentaire. S’il fallait suivre une approche attentiste et attendre, pour se faire vacciner contre la COVID-19, d’être sûr d’avoir identifié tous les effets indésirables possibles chez ceux qui auraient accepté de se faire vacciner, cela demanderait des années, et encore à condition de recueillir des données au niveau mondial. La population a le droit d’être informée des risques potentiels avant de se faire vacciner, mais cette information, les agents de santé sont à même de la fournir. Et maintenant, avec plus de deux milliards de personnes vaccinées, nous disposons d’excellentes données sur les effets indésirables, même ceux qui se produisent rarement, et qui sont très peu nombreux. Toutes les données recueillies à ce jour indiquent que les vaccins contre la COVID-19 sont sûrs, même en cas de nouvelles flambées épidémiques et d’émergence de nouveaux variants. La vaccination reste le meilleur moyen de se protéger et de protéger son entourage.