Ndao hanao vaksiny : à Antananarivo, la vaccination contre la COVID-19 s’intensifie

Les responsables municipaux d’Antananarivo, la capitale malgache, font en sorte de secouer l’hésitation voire l’insouciance des gens face aux vaccins anti-COVID.

  • 21 mars 2022
  • 5 min de lecture
  • par Rivonala Razafison
Un vaccinodrome vu à Mahazo, Antananarivo. Crédit: Rivonala Razafison
Un vaccinodrome vu à Mahazo, Antananarivo. Crédit: Rivonala Razafison

 

Prendre la vaccination au sérieux

La municipalité d’Antananarivo et ses partenaires s’évertuent à vacciner 460 000 personnes en un mois, du 21 février au 21 mars. « L’idée a émané des dirigeants de la ville. La plus grande ville de Madagascar est en communication permanente avec ses périphéries immédiates. En partenariat avec le ministère malgache de la Santé publique, nous avons proposé de mener une campagne de vaccination ciblant les habitants de la capitale et ceux des 37 autres communes des zones suburbaines », précise Dr Hajatiana Raharinandrasana, directrice des actions sociales et de la santé auprès de la commune urbaine d’Antananarivo.

L’initiative intitulée « Ndao hanao vaksiny » ou « Allons nous faire vacciner ! » qui en découle implique les agences onusiennes, des organismes internationaux et la Banque mondiale, entre autres. Les zones ciblées couvrent quatre services de santé de district qui compte près de 15 % de la population malgache. Cette portion démographique à elle toute seule crée 42 % de la richesse nationale.

Crédit: Rivonala Razafison
Séance de vaccination au vaccinodrome à Soarano, Antananarivo, le 10 mars.
Crédit: Rivonala Razafison

Il en résulte un contexte plus que favorable à la circulation du virus due aux conduites collectives effervescentes. De plus, la faiblesse de la couverture vaccinale et la réouverture des frontières en vigueur depuis le 5 mars invitent à pousser davantage d’habitants à prendre au sérieux la vaccination en vue de l’immunité collective et de prévenir les formes graves. A la date du 9 mars, le nombre de personnes ayant reçu une dose de vaccin est de 1 258 980 et seulement 1 012 453 personnes ont été complètement vaccinées soit une couverture vaccinale complète de 3,5 %.

Approcher les gens là où ils sont

L’habitude collective est à la vaccination des enfants de bas âge. Dans le contexte de pandémie à coronavirus, qui, de mars 2020 au 4 mars 2022, a tué 1 373 personnes à Madagascar, les adultes sont encouragés à se faire vacciner sur la base du volontariat. L’hésitation s’installe ainsi dans la communauté. « Les vaccins anti-COVID sont désormais disponibles auprès de tous les centres de santé au même titre que les vaccins de routine. Mais ils ne sont pas obligatoires », souligne Dr Manitra Rakotoarivony, directeur de la promotion de la santé à Madagascar. Mais les gens manifestent peu d’intérêt à cet égard.

« Les vaccins anti-COVID sont désormais disponibles auprès de tous les centres de santé au même titre que les vaccins de routine. »

Pour faire bouger les choses, l’administration municipale d’Antananarivo a adopté une stratégie consistant à approcher les gens là où ils sont. Tous les jours, de 8 à 16 heures, 34 vaccinodromes mobiles, dont 27 à Antananarivo ville, sont présents tout près des lieux à grandes affluences quotidiennes comme les marchés, les gares routières, les arrêts des bus… Les services de sapeurs-pompiers accueillent également les vaccinateurs.

Chaque vaccinodrome reste trois jours à un endroit avant de migrer ailleurs. Les sonos mobiles sillonnent les différents quartiers en sus des spots envoyés à la radio et à la télé. Les murs sont placardés des affiches de sensibilisation et des jeunes sont spécifiquement recrutés pour sensibiliser la population sur la nécessité d’aller se faire vacciner. « La communication communautaire est importante. Une autre direction s’en occupe à la mairie », note Dr Raharinandrasana.

Les volontaires ont le choix entre l’Astra Zeneca/Covishield, le Janssen, le Sinopharm et le Pfizer. Une évaluation à mi-parcours a eu lieu le 7 mars. Jusque-là, les équipes déployées sur le terrain ont visité 90 sites au rythme de 400 à 500 vaccins effectués par jour. « La tendance est à la forte motivation des adultes de 35 à 50 ans. Les personnes âgées ne se manifestent pas trop pour des raisons de mobilité physique peut-être. Un rapport sortira à l’issue du délai fixé », observe l’informatrice.

Une approche qui fonctionne

L’approche convainc visiblement. « Je suis de passage à Antananarivo. En entendant les informations, j’ai décidé de me faire vacciner. Je souffre d’une bronchite chronique. J’appartiens donc à la catégorie des personnes vulnérables. En outre, mon travail m’amène à beaucoup circuler. Je me demande en effet si la carte de vaccination me sera exigée à l’avenir », témoigne Tony Fanantenana Ramanantsoa, 33 ans. Il a été rencontré au hasard le 10 mars au vaccinodrome installé à côté de la gare ferroviaire de Soarano, située non loin de la mairie d’Antananarivo sur l’avenue de l’indépendance.

D’après ce père de famille venu de Boriziny (nord-ouest de Madagascar, ndlr), il n’a pas encore vu des personnes atteintes de la COVID autour de lui. Par contre, quelques membres de la famille à Antananarivo l’étaient. « Ils étaient sous traitement intensif. Je compare le vaccin à la vie religieuse. On mourra un jour. Mais avant de mourir, il faut avoir l’assurance d’aller au paradis après la vie d’ici-bas ».

Se basant sur les orientations de l’OMS et les recommandations de l’Académie nationale de médecine, Madagascar a adopté la vaccination comme stratégie de riposte face à la COVID-19. Le plan national de déploiement des vaccins a été élaboré en avril 2021 à cet effet. La mise en œuvre couvre la période de mai 2021 à juin 2023. Elle vise à vacciner 50,5 % de la population totale ainsi répartie : 3,5 % de la population (1 000 000 de personnes âgées de 18 ans révolus) en 2021, 30,95 % (8 707 155) en 2022 et 16 % (4 501 809) en 2023.