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Une étude révèle un effet bénéfique inattendu des vaccins à ARNm contre la COVID-19 chez les patients cancéreux

Les vaccins contre la COVID-19 pourraient prolonger la vie des patients atteints de cancer en déclenchant une puissante réponse immunitaire qui renforce l’efficacité de l’immunothérapie.

  • 6 novembre 2025
  • 4 min de lecture
  • par Priya Joi
Vaccination contre le coronavirus. Crédit : Way Home Studio / Freepik
Vaccination contre le coronavirus. Crédit : Way Home Studio / Freepik
 

 

Les vaccins à ARNm contre la COVID-19, qui ont sauvé des millions de vies à travers le monde pendant la pandémie, auraient également doublé les taux de survie au cancer, selon une nouvelle étude publiée dans Nature.

Les chercheurs attribuent ce résultat au fait que les vaccins à ARNm peuvent « réveiller » le système immunitaire, renforçant ainsi l’efficacité des traitements anticancéreux.

Des bénéfices collatéraux

L’équipe de recherche savait qu’un type de cellule immunitaire, appelé interféron de type I, peut stimuler la réponse immunitaire.

Plus tôt cette année, l’un des coauteurs, Elias Sayour, de l’Université de Floride, et ses collègues, ont également publié dans Nature les premières données montrant que les vaccins à ARNm — connus pour activer l’interféron de type I — pouvaient renforcer les défenses de l’organisme et rendre les tumeurs plus sensibles au traitement.

L’équipe a donc émis l’hypothèse que les vaccins à ARNm conçus pour cibler le virus du SARS-CoV-2 pourraient aussi avoir des effets anticancéreux collatéraux.

Le groupe vacciné présentait un taux de survie globale à trois ans de 55,7 %, contre 30,8 % dans le groupe non vacciné — soit une réduction de 49 % du risque de mortalité liée au cancer.

Dans leur article publié ce mois-ci, Steven Lin, du MD Anderson Cancer Center de l’Université du Texas à Houston, ainsi que Sayour et d’autres collègues, ont combiné une analyse rétrospective de la survie au cancer pendant la pandémie avec des études animales sur le mécanisme d’action.

Ils ont examiné rétrospectivement la survie de plus de 1 000 patients atteints de cancer ayant reçu une immunothérapie et un vaccin à ARNm contre la COVID-19.

Leurs espoirs ont été confirmés : les patients ayant reçu un vaccin à ARNm contre la COVID-19 dans les 100 jours suivant le début de leur immunothérapie étaient plus de deux fois plus susceptibles d’être encore en vie après trois ans que ceux n’ayant reçu aucun des deux vaccins.

Le groupe vacciné présentait un taux de survie globale à trois ans de 55,7 %, contre 30,8 % dans le groupe non vacciné — soit une réduction de 49 % du risque de mortalité liée au cancer.

Les patients atteints de cancer avaient reçu un traitement révolutionnaire appelé inhibiteurs des points de contrôle immunitaire (ICI), qui mobilisent le système immunitaire de l’organisme pour combattre les tumeurs.

Les tumeurs cancéreuses peuvent se dissimuler au système immunitaire en désactivant les « protéines de contrôle » de l’organisme, qui empêchent normalement le système immunitaire d’attaquer les cellules saines et signalent les cellules dangereuses.

Les inhibiteurs de points de contrôle permettent aux cellules immunitaires, comme les lymphocytes T, de reconnaître et d’éliminer plus efficacement les cellules cancéreuses. Cependant, même cette thérapie avancée ne fonctionne que pour une partie des patients.

Certaines tumeurs restent résistantes à l’immunothérapie parce que le système immunitaire ne reçoit aucun « signal de dommage » — autrement dit, l’organisme ne perçoit pas ces tumeurs comme des cellules anormales et ne déclenche donc pas d’alerte.

Relancer le système immunitaire grâce aux vaccins à ARNm restaure cette réponse de dommage, explique le Dr Sayour, permettant à l’organisme d’attaquer plus efficacement la tumeur.

Enquêter sur le mécanisme

Intriguée, l’équipe a exploré le mécanisme de cette action sur des modèles murins. 

Les études animales ont montré que les vaccins contre la COVID-19 déclenchent une forte production d’interférons de type I, en particulier d’interféron alpha. Cette poussée d’interférons active à son tour le système immunitaire inné, préparant les lymphocytes T à reconnaître et à attaquer les antigènes associés aux tumeurs.

Bien que cette montée en puissance des lymphocytes T pousse les tumeurs à augmenter l’expression d’une molécule qui agit comme un frein du système immunitaire, ce frein est neutralisé par la thérapie à base d’inhibiteurs des points de contrôle immunitaire, permettant à l’organisme de continuer à combattre le cancer.

Dans une tribune publiée dans The Conversation, deux des auteurs — Adam Grippin (University of Texas MD Anderson Cancer Center) et Christiano Marconi (University of Florida) — expliquent : « Nous avons découvert que les vaccins à ARNm contre la COVID-19 agissent comme une alarme, déclenchant la réaction du système immunitaire pour qu’il reconnaisse et détruise les cellules tumorales, et surmonte la capacité du cancer à désactiver les cellules immunitaires. »

« Combinés, les vaccins et les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire coordonnent leur action pour libérer toute la puissance du système immunitaire et détruire les cellules cancéreuses. »

Vers plus d’équité dans le traitement du cancer

Les chercheurs espèrent que cette découverte permettra d’élargir l’accès aux traitements anticancéreux vitaux. Si la médecine personnalisée pourrait bientôt offrir des vaccins à ARNm uniques pour chaque patient, ces vaccins seront coûteux et complexes à produire.

L’équipe se prépare désormais à tester les vaccins à ARNm contre la COVID-19 en association avec les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire dans le cadre d’un essai clinique randomisé à l’échelle nationale chez des patients atteints d’un cancer du poumon.

Cette étude permettra de déterminer si ces vaccins devraient être intégrés au protocole de traitement des patients recevant un inhibiteur de point de contrôle immunitaire.

Interrogé par VaccinesWork, le Dr Sayour a déclaré : « Si ces résultats sont confirmés dans un essai randomisé de phase III (que nous planifions activement et espérons lancer d’ici la fin de l’année), nous pensons que cela pourrait révolutionner le domaine et aider des patients du monde entier à accéder à une alternative largement disponible et peu coûteuse. »