Braver les éléments pour accéder à la vaccination : l’exemple des communautés lacustres du Bénin
Dispersées sur des îlots, les communautés lacustres de Sô-Ava, au sud du Bénin font face à de nombreux défis pour vivre dans de bonnes conditions dans un environnement particulier. Pour la vaccination, les femmes enceintes et les mères de bébés doivent braver les éléments.
- 6 octobre 2022
- 3 min de lecture
- par Marie-Louise Bidias
A Akassato, une ville située à 19 de km de Cotonou, ce mercredi de septembre 2022 est gris et pluvieux. Paulin, le piroguier, sur le nouvel embarcadère pour aller à aller Sô-Ava, commune lacustre du sud du Bénin, soupire. « Nous sommes en période de crue qui va durer jusqu’en novembre », déclare-t-il, comme s’il ne s’y était jamais vraiment habitué.
20 minutes plus tard, la pirogue qui accoste à la mairie de Sô-Ava, avant de repartir en direction Ahomey-Gblon, une autre agglomération où a lieu une séance de vaccination, à 25 minutes de navigation.
Fréquemment, les habitants de la commune de Sô-Ava font face aux maladies telles que le choléra. De même, la malnutrition, les affections dermatologiques, le paludisme et les diarrhées sont des problématiques récurrentes.
A cause des inondations causées par les pluies diluviennes, l’accès au centre de santé, qui sert plusieurs centaines de familles, est complètement coupé. C’est ce qui explique la présence d’une grande barque motorisée et stationnée auprès du centre, avec à son bord Hermine Assogbadoho, agent de santé. Elle est arrivée pour vacciner des femmes enceintes et des bébés. Elle affirme le faire quatre fois par mois, tous les mercredis. « Nous vaccinons les nouveau-nés jusqu’à 9 mois », déclare-t-elle.
Les pirogues commencent à arriver, avec à leur bord des mamans en provenance des hameaux environnants. « A cause de la montée de la crue, plusieurs n’ont pas pu venir. Il arrive qu’elles soient 60 par jour et même au-delà. Il n’y a pas de voies d’accès et nous manquons de personnel », regrette Hermine.
Pour aller plus loin
Aline A. est une jeune maman qui est venue faire vacciner son nouveau-né, bien emmailloté à son dos. S’exprimant en toffin, une langue locale, elle explique : « Pour mon transport, j’ai payé 200 F CFA car j’habite très loin ».
Une organisation structurée
Sô-Ava regroupe sept arrondissements subdivisés en 69 villages et quartiers de ville. L’occupation humaine est concentrée principalement sur les îlots, le long des chenaux et des rives du fleuve. Les pêcheurs et les agriculteurs, qui sont leur cœur battant de ces communautés, constituent plus de 70% de la population. La taille moyenne des ménages est d’environ huit personnes.
Le pouvoir traditionnel conserve encore son caractère sacré et permet de régler d’éventuels différends entre les groupes. Le secteur du commerce est dominé par les femmes et les jeunes filles, souvent déscolarisées. Elles mènent des activités génératrices de revenus très diversifiées sur des marchés flottants où l’achat et la vente se font en pirogue.
La problématique de l’habitat décent, de l’assainissement, de la gestion des déchets organiques et ménagers, de l’accès à une meilleure qualité d’eau de consommation et de gestion de l’eau, se pose avec acuité. La plupart des ménages ne disposent pas de toilettes appropriées. Les déchets jetés en vrac polluent l’environnement et contribuent à l’essor des maladies hydriques.
Fréquemment, les habitants de la commune de Sô-Ava font face aux maladies telles que le choléra. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a signalé une première vague de choléra entre mars et avril 2021, avec 103 cas. Une seconde vague a causé 1430 cas et 20 décès, entre le 1er septembre 2021 et le 16 janvier 2022. De même, la malnutrition, les affections dermatologiques, le paludisme et les diarrhées sont des problématiques récurrentes.
C'est la raison pour laquelle une réponse différenciée doit être apportée pour que l'accès à la vaccination soit facilité pour ces communautés aux caractéristiques et défis particuliers.