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Portrait vaccinal : le vaccin contre la rougeole

La rougeole est une des maladies les plus contagieuses que l’on connaisse, due à un virus qui se transmet très facilement par la toux, les éternuements et les sécrétions nasales. Il peut altérer la vue et l'ouïe et provoquer des inflammations du cerveau et des pneumonies. Alors qu’il est possible d’éviter la rougeole grâce à la vaccination, des épidémies continuent à survenir chez les enfants non vaccinés, même dans les pays les plus riches du monde : en 2019, les États-Unis ont connu une épidémie de rougeole d’une ampleur jamais vue depuis un quart de siècle.

  • 3 novembre 2022
  • 4 min de lecture
  • par Personnel de Gavi
Illustration 3D du virus de la rougeole
Illustration 3D du virus de la rougeole

 

 

En 165 après J.-C., les autorités romaines ont envoyé à travers tout l’empire des amulettes à suspendre au-dessus des portes, sur lesquelles on pouvait lire : « Phoebus, dieu solaire, éloigne de ce lieu les prémices nébuleuses de la pestilence ». Ces amulettes devaient servir à écarter la maladie qui tuait alors des milliers de Romains chaque jour. Les victimes présentaient une forte fièvre accompagnée de frissons, et des éruptions cutanées. Il s’agissait de la peste antonine, la première pandémie documentée de l’histoire de l’humanité.

La rougeole est une des maladies les plus contagieuses que l’on connaisse : une personne infectée peut en contaminer 18.

Les scientifiques ne savent toujours pas s’il s’agissait de la rougeole ou de la variole ; les deux maladies étaient fréquemment confondues ; il a fallu attendre le IXe siècle pour qu’un médecin perse, Muhammad Ibn Zakariya al-Razi, décrive pour la première fois les différences cliniques entre la variole et la rougeole.

Avant le lancement du vaccin contre la rougeole en 1963, la maladie faisait 2,6 millions de morts chaque année. Entre 2000 et 2018, la vaccination contre la rougeole a permis d'éviter environ 23,2 millions de décès. Et pourtant, en 2018, on comptait encore plus de 140 000 morts dues à la rougeole, principalement chez les enfants de moins de cinq ans.

Une menace pour la vie des enfants

La rougeole débute généralement par une forte fièvre, qui apparaît environ 10 à 12 jours après l'infection. Le stade initial se caractérise par de la toux, des yeux rouges et larmoyants et de petits points blanchâtres à l'intérieur des joues. Quelques jours plus tard, une éruption cutanée apparaît sur le visage et le haut du cou, puis s’étend sur le reste du corps.

La rougeole peut entraîner des déficiences visuelles ou auditives (c'est l'une des principales causes de cécité dans les pays à faible revenu), des encéphalites (inflammations du cerveau pouvant s’accompagner d’œdème), des diarrhées sévères et des infections respiratoires graves comme la pneumonie. Les formes graves de rougeole frappent plus particulièrement les jeunes enfants malnutris. Il est également prouvé que la rougeole peut avoir un impact sur notre système immunitaire, et qu’elle réduit notre capacité à combattre les maladies contre lesquelles nous étions immunisés auparavant.

La rougeole peut être particulièrement meurtrière dans les pays à faible revenu. Les enfants qui survivent peuvent souffrir de déficiences visuelles ou auditives au point de devoir abandonner l’école, avec des répercussions à vie sur leur santé et leur développement. La vaccination contre la rougeole peut également avoir un impact important sur l'économie, sachant que les familles des malades peuvent être amenées à dépenser une part importante de leur budget hebdomadaire en traitements. En les faisant plonger dans la pauvreté, la rougeole peut se révéler une véritable catastrophe pour de nombreux ménages à faible revenu.

Le développement des vaccins

La rougeole est l'une des maladies les plus contagieuses au monde : une personne infectée peut en contaminer 18. C’est au XVIIIe siècle que le médecin écossais Francis Home a démontré que la maladie est causée par un agent infectieux. Il a également tenté de produire un vaccin contre la rougeole en inoculant des volontaires par voie cutanée.

En 1954, John Enders et Thomas Peebles parviennent à isoler le virus de la rougeole à partir de prélèvements de sang effectués sur des collégiens internes dans un pensionnat situé près de Boston, où sévit une épidémie de rougeole. Ils parviennent à le cultiver et à l’atténuer afin de préparer une souche vaccinale (souche Edmonston du nom de l’enfant d’où le virus a été isolé). En 1968, Maurice Hilleman et ses collègues mettent au point un vaccin plus atténué, tout aussi efficace et présentant une meilleure innocuité . Actuellement, le vaccin est administré en deux doses, généralement dans le cadre du vaccin ROR (contre la rougeole, les oreillons et la rubéole).

Une menace permanente

La rougeole peut être totalement évitée par la vaccination, et à peu de frais – la vaccination d’un enfant coûte autour d’un dollar US. Pourtant, au cours de l'année 2020, plus de 22 millions de nourrissons ont manqué leur première dose de vaccin contre la rougeole : soit plus de trois millions de plus qu'en 2019 et, selon l'Organisation mondiale de la santé, la plus forte augmentation en deux décennies. La rougeole étant très contagieuse, plus de 95 % des enfants doivent être vaccinés pour garantir l'immunité collective. Même les plus petites baisses de la couverture vaccinale peuvent rapidement augmenter le risque d'épidémies. C'est pourquoi il faut atteindre les communautés oubliées et leur offrir un accès équitable à la vaccination.

Parallèlement, la surveillance de la rougeole s'est également détériorée au cours de la pandémie, le nombre de prélèvements envoyés pour des tests de laboratoire n’a jamais été aussi faible depuis plus de dix ans. Cette situation compromet de plus en plus la capacité des pays à juguler les épidémies de cette maladie hautement infectieuse.