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À Mopti, le paludisme reste un problème de santé publique majeur

La lutte contre le paludisme chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, particulièrement vulnérables à cette maladie, dans la région de Mopti, est un enjeu important de santé publique. De plus, la présence large de populations nomades dans cette région demande une approche spécifique.

  • 2 mars 2023
  • 4 min de lecture
  • par Aliou Diallo
Une équipe d'agents pulvérisateurs pour lutter contre le paludisme à Mopti.
Une équipe d'agents pulvérisateurs pour lutter contre le paludisme à Mopti.
 

 

Le paludisme est une maladie causée par des parasites que transmettent les piqûres de moustiques anophèles femelles infectées. Il s’agit d’une maladie évitable et dont on peut guérir. Selon l’Organisation mondiale de la santé, on estimait à 247 millions le nombre de cas de paludisme dans le monde. 95 % de ces cas sont enregistrés en Afrique (chiffres de 2021). Au Mali, la région de Mopti, située à plus de 600 km de Bamako, la capitale du pays, présente une prévalence élevée du paludisme. Il touche fortement les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans.

L’OMS recommande que les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans reçoivent un traitement préventif intermittent (TPI) à la sulfadoxine-pyriméthamine dans les zones à forte prévalence de paludisme. Une mesure appliquée par les professionnels de la santé de Mopti, selon Fanta Guindo, sage-femme ayant servi dans une structure sanitaire fréquentée par des populations nomades. « En plus d’offrir des moustiquaires imprégnées d’insecticides, nous donnons de la SP (sulfadoxine-pyriméthamine) à titre préventif aux femmes enceintes ».

« Nous tenons toujours en compte des populations en élaborant nos stratégies. Leur spécificité est qu’ils n’ont pas d’adresse fixe, mais notre personnel et nos relais autochtones de la région savent comment les atteindre malgré les défis. »

25% de prévalence à Mopti

Les femmes enceintes et les enfants des populations nomades ne se présentent dans les centres de santé qu’en cas de complications : elles arrivent très souvent dans un état critique, explique Fanta Guindo. L’une des difficultés majeures que rencontrent les populations nomades, notamment les Peuls berger, c’est l’accès aux structures sanitaires. Le moyen de transport le plus accessible est la navigation par la pirogue. Or c’est un moyen de déplacement lent et non praticable à tout moment de l’année à cause de la sècheresse du fleuve pendant les mois de décrue.

Fanta Guindo Mopti
Fanta Guindo, sage-femme à Mopti.
Crédit : Alio Diallo

Selon l'enquête démographique et de Santé (EDS-M VI), le taux de prévalence du paludisme reste élevé au Mali. La région de Mopti enregistre un taux de 25%. Pour le Dr Cheick Diarra, point focal paludisme du district sanitaire de Mopti, il est évident que « le paludisme est un problème de santé publique à Mopti, avec un pic des cas entre les mois de juillet et de septembre ».

Et pour atteindre les populations nomades vivant dans les endroits éloignés des villes « des partenaires comme l’ONG Save The Children nous appuient en mettant en place des cliniques mobiles », selon le médecin.

Les agents de santé communautaires indispensables pour protéger les populations nomades

Pour minimiser le risque de paludisme chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, la région de Mopti a mis en place un certain nombre de stratégies, parmi lesquelles la distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticide. « Toute femme enceinte qui se présente pour sa première consultation prénatale dans un centre de santé a droit à une moustiquaire imprégné et une autre après l’accouchement. L’objectif pour nous, c’est de protéger la mère et le nouveau-né », explique le Dr Diarra.

Centre de santé Mopti
Le centre de santé de référence de Mopti.
Crédit : Aliou Diallo

Pour satisfaire les besoins sanitaires des populations nomades, une approche qui tient en compte leurs réalités et besoins spécifiques est adoptée, explique Mr Issa Diarra, médecin-chef du centre de santé de référence de Mopti. « Pour toucher cette catégorie de population, dans nos activités d’assistance sanitaire, nous passons par nos agents de santé communautaires et leurs relais positionnés dans les villages. Ils s’occupent de ces populations, quand ces derniers campent près de leur zone d’intervention, ils leur apportent des soins, des vaccins pour les enfants voire des moustiquaires ».

À ces occasions, ils bénéficient d’une assistance pour toutes les pathologies y compris le paludisme. « La lutte contre le paludisme occupe une place importante dans le travail de nos agents de santé communautaire », explique Mr Issa Diarra qui précise que même si ces populations ne sont pas sédentaires, les services sanitaires connaissent les itinéraires qu’elles empruntent, où elles se trouvent et à quel moment de l’année. « Nous tenons toujours en compte des populations en élaborant nos stratégies. Leur spécificité est qu’ils n’ont pas d’adresse fixe, mais notre personnel et nos relais autochtones de la région savent comment les atteindre malgré les défis », conclut Mr Issa Diarra.

L’autre moyen de lutter contre le paludisme dans la région est la pulvérisation à l'intérieur des habitations. La pulvérisation concerne aussi des villages reculés ou des hameaux de populations nomades. « On part jusqu’à derrière le fleuve pour des opérations de pulvérisations qui sont très appréciées par les habitants » raconte Bokary Sarro, agent pulvérisateur.

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