Népal : près de 1,5 million de filles protégées par la première campagne de vaccination contre le VPH
Près de 1,5 million de filles au Népal sont désormais protégées contre le cancer du col de l'utérus, et des millions d'autres le seront dans les années à venir.
- 25 février 2025
- 5 min de lecture
- par Pragya Timsina

Une jeune fille parmi la centaine d’élèves faisant la queue pour recevoir le vaccin contre le papillomavirus humain (VPH) à l’école secondaire publique Valley à Katmandou, lors de la première campagne nationale de vaccination contre le VPH au Népal le mois dernier, se démarquait par son enthousiasme. Elle semblait particulièrement impatiente.
Elle s’appelait Ojashwi Khatiwada, élève en classe de dixième année. Lorsque nous l’avons approchée pour lui demander la raison de son excitation, elle a failli fondre en larmes. Elle nous a confié qu’il y a quelques années, sa grand-mère adorée avait été soudainement diagnostiquée avec un cancer du col de l’utérus à un stade terminal. En raison des faibles moyens financiers de la famille et de l’état avancé de la maladie, ils n’avaient eu d’autre choix que d’assister, impuissants, à ses derniers mois, marqués par la douleur. Cette épreuve avait profondément marqué la famille, la laissant endeuillée et effrayée.
Lorsque Khatiwada a découvert que la maladie qui avait emporté sa grand-mère aurait pu être évitée grâce à une simple dose de vaccin, elle a ressenti une immense joie. Elle a expliqué que ses parents étaient, eux aussi, "les personnes les plus heureuses du monde" lorsqu’ils ont appris que le gouvernement lancerait une campagne offrant le vaccin gratuitement aux filles éligibles – y compris elle.

Crédit : Pragya Timsina
Des tragédies évitables
Chaque année, environ 2 244 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus sont diagnostiqués au Népal, entraînant la mort de 1 493 femmes.
Ces taux de mortalité élevés s'expliquent principalement par le fait que près de 80,6 % des patientes sont diagnostiquées à un stade avancé de la maladie, tout comme la grand-mère d’Ojashwi Khatiwada.
Plusieurs facteurs contribuent à ces chiffres alarmants : l'accès limité aux infrastructures de santé, le manque de sensibilisation au cancer du col de l'utérus, la stigmatisation sociale entourant les examens gynécologiques de routine et un taux d'analphabétisme plus élevé chez les femmes.
Éviter le pire grâce à la prévention
Le 4 février, à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, le Népal a lancé une campagne nationale de vaccination contre le VPH, d'une durée de 15 jours.
L’objectif était d’immuniser 1,6 million de jeunes filles âgées de 10 à 14 ans, marquant ainsi l’intégration du vaccin dans le calendrier de vaccination de routine du pays. Les écoles ont servi de principaux centres de vaccination, tout en veillant à atteindre les jeunes filles non scolarisées.
Le Premier ministre népalais, K.P Sharma Oli, a inauguré la campagne en encourageant les jeunes filles à se faire vacciner pour se protéger.
Une seule dose du vaccin suffit pour offrir une protection efficace contre le virus responsable de la grande majorité des cancers du col de l’utérus.

Crédit : Chandra Bahadur Aale
Une décennie de préparation
La campagne nationale de vaccination contre le VPH au Népal a été le fruit de près de dix ans de préparation.
Un programme pilote avait déjà été lancé en 2016 dans deux districts, Chitwan et Kaski, pour tester l’introduction du vaccin. Mais avant de pouvoir étendre la vaccination à l’échelle nationale, deux obstacles majeurs devaient être surmontés.
Dr Bibek Kumar Lal, directeur de la division du bien-être familial au sein du ministère de la Santé, explique que le premier défi était financier : les campagnes de grande ampleur sont coûteuses. C’est là qu’est intervenu Gavi, l’Alliance du Vaccin, qui a fourni les doses nécessaires et un soutien financier crucial pour permettre le déploiement de la campagne. Sans cette aide, l’initiative n’aurait jamais vu le jour.
Le second obstacle anticipé concernait la réticence vaccinale. Pour mieux comprendre les dynamiques autour de l’acceptation du vaccin, le ministère de la Santé et de la Population a mené l’année dernière une campagne test dans plusieurs zones du pays, touchant 10 000 jeunes filles réparties dans les sept provinces. Résultat : toutes ont accepté le vaccin, renforçant ainsi la confiance des autorités sanitaires et jetant les bases du lancement massif de cette année.
Cette confiance s’est révélée fondée. Mi-février, 1,4 million de jeunes filles – soit 90 % de la population ciblée – avaient reçu leur dose de vaccin.
La campagne a toutefois dû être reportée dans quatre districts himalayens en raison de l’inaccessibilité causée par des chutes de neige continues. Le gouvernement a assuré que la vaccination se poursuivrait dès que les conditions météorologiques s’amélioreraient et que les écoles rouvriraient dans ces zones isolées.
« Nous travaillons jour et nuit pour nous assurer qu'aucune des filles ciblées ne soit oubliée — car elles représentent l'avenir de notre pays »
- Dr Abhiyan Gautam, responsable de la section Santé infantile et services de vaccination
« Un succès »
Lorsque VaccinesWork est arrivé à l'école secondaire Narayan Namuna dans le district de Parbat, l'une des régions montagneuses les plus reculées du Népal, la vaccinateur Radha Poudel était en pleine action, administrant les doses de vaccin contre le VPH aux élèves. Avec enthousiasme, elle a rapporté que la participation avait été forte et généralisée, qualifiant la campagne de « succès ».
Ce succès repose sur un mois entier d'efforts inlassables fournis par des centaines de vaccinateurs comme Poudel.
Des programmes de sensibilisation ont été organisés dans les écoles, mais aussi directement auprès des familles, pour s'assurer que les jeunes filles et leurs parents comprennent l'importance et l'efficacité du vaccin contre le VPH.
Pour aller plus loin
Au niveau national, de nombreuses personnalités influentes — médecins, acteurs et survivants du cancer — se sont mobilisées pour encourager les jeunes filles à se faire vacciner contre le VPH.
La campagne a également veillé à inclure les filles âgées de 10 à 14 ans qui ne sont pas scolarisées. Dr Abhiyan Gautam, responsable de la section Santé infantile et services de vaccination, explique que la première étape a été de collecter des données précises. Les autorités locales ont aidé à identifier le nombre exact de filles éligibles non scolarisées.
Des vaccinateurs se sont ensuite rendus directement dans les foyers pour informer les familles sur l’importance du vaccin. Au total, 2 000 sessions de vaccination ont été organisées en dehors des écoles pour atteindre ces jeunes filles.
« Nous travaillons jour et nuit pour nous assurer qu'aucune des filles ciblées ne soit oubliée — car elles représentent l'avenir de notre pays », souligne le Dr Gautam.
Le Dr Gautam s’est également réjoui d’une avancée majeure : dès l’an prochain, le vaccin contre le VPH sera officiellement intégré au calendrier national de vaccination.
Cela signifie que toutes les filles éligibles pourront recevoir gratuitement leur dose de vaccin dès l’âge de 10 ans, tout comme les nourrissons au Népal sont régulièrement vaccinés contre des maladies infantiles telles que la rougeole, la diphtérie ou la coqueluche.
Davantage de Pragya Timsina
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