La Sierra Leone espère une “réduction massive” du cancer du col de l’utérus après sa campagne de vaccination
Une ambitieuse campagne menée en novembre pour protéger un million de filles avec le vaccin contre le VPH pourrait marquer un tournant historique dans la lutte du pays contre ce cancer encore bien trop répandu.
- 9 décembre 2025
- 4 min de lecture
- par Saidu Bah
En bref
- La Sierra Leone a lancé une campagne de vaccination contre le VPH d’une semaine pour atteindre un million de jeunes filles à travers le pays.
- L’objectif est de faire baisser les taux de cancer du col de l’utérus en Sierra Leone, où il s’agit de la forme de cancer la plus fréquente et la deuxième plus meurtrière.
- Beatrice Kindawa, une patiente de 56 ans, confie à VaccinesWork : « Si ce vaccin avait été disponible quand j’étais enfant, il aurait pu me sauver. »
« Le cancer du col de l’utérus est évitable, et pourtant c’est une maladie qui a emporté trop de nos mères, de nos filles, de nos sœurs et de nos amies », déclare la Dre Jalikatu Mustapha, vice-ministre de la Santé 2 de Sierra Leone. Parmi ces femmes disparues figure la propre grand-mère de la Dre Mustapha, décédée du cancer — le plus fréquent et le deuxième plus mortel du pays, selon les données de 2022 — il y a 19 ans.
« Chaque année, nous diagnostiquons environ 500 cas de cancer du col de l’utérus et nous en perdons plus de 70 %. Ce taux de mortalité est extrêmement élevé, inacceptable pour notre pays », insiste-t-elle.
La Dre Mustapha s’est exprimée auprès de VaccinesWork alors que le pays s’apprêtait à lancer ce qu’elle appelle « une campagne massive » : une semaine intense, débutant le 17 novembre, visant à vacciner environ un million de filles contre le papillomavirus humain (VPH), responsable du cancer.
Crédit : Saidu Bah
Le vaccin contre le VPH a été testé en Sierra Leone en 2013, puis déployé au niveau national en 2022 avec le soutien de Gavi. « Depuis, nous nous sommes encore améliorés », affirme la Dre Mustapha. Mais avec l’appel du président Julius Maada Bio à l’élimination du cancer du col de l’utérus — une maladie qui peut être évitée à 90 % grâce à la vaccination — une mobilisation plus ambitieuse s’imposait.
Pour aller plus loin
Environ 1,3 million de doses étaient prêtes dans les réfrigérateurs du pays, destinées aux filles âgées de 11 à 18 ans. Le choix de cette tranche d’âge est fondé sur des arguments épidémiologiques, explique la Dre Mustapha : vacciner avant l’activité sexuelle maximise l’efficacité du vaccin. Le virus est très courant, causant un cancer dans un faible nombre de cas, généralement lorsque les femmes atteignent la trentaine, la quarantaine ou la cinquantaine. Une seule dose à l’adolescence peut quasiment éliminer ce risque.
« La vaccination que nous menons aujourd’hui montrera ses bénéfices dans 10, 20, 30 ans, lorsque nous constaterons une réduction massive des cas de cancer du col de l’utérus », répète la Dre Mustapha.
Les écoles étaient mobilisées pour accueillir une large partie des séances de vaccination. Abubakar Kuyateh, directeur des programmes au ministère de l’Éducation de base et secondaire, a déclaré : « Je tiens à assurer les agents de santé que notre ministère est prêt à collaborer pour assurer la réussite de cette campagne de vaccination. »
Crédit : Saidu Bah
La campagne a débuté, suscitant chez certains des regrets face à la protection dont leur génération n’a pas pu bénéficier. « Si ce vaccin avait été disponible quand j’étais enfant, il aurait pu me sauver, mais aujourd’hui je suis encore en traitement dans un hôpital de Freetown », déclare à VaccinesWork Beatrice Kindawa, 56 ans, atteinte d’un cancer. « J’encourage les jeunes filles à se faire vacciner tôt, pour se protéger contre ce cancer du col de l’utérus si dangereux », ajoute-t-elle.
Les femmes comme Kindawa, nées trop tôt pour bénéficier du programme de vaccination, pourront profiter d’un dépistage régulier. Les cancers détectés tôt sont plus faciles à traiter et à opérer que les cas avancés, et le ministère de la Santé travaille à faciliter l’accès à ces examens salvateurs.
« Nous avons mis en place des centres de traitement et 24 sites actifs de dépistage pour aider les patientes à accéder aux soins », indique la Dre Mustapha. « Sept sont situés dans la région occidentale de la capitale Freetown et les autres sont répartis dans le pays. »
Davantage de Saidu Bah
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