Tout ce que vous devez savoir sur les stocks d'urgence mondiaux de vaccins

Les stocks d'urgence garantissent que les vaccins sont disponibles et prêts à être déployés dès qu'une épidémie éclate, déclare la Dre Allyson Russell, responsable principale du programme de Gavi pour les épidémies et la sécurité sanitaire mondiale. 2/2

  • 13 mai 2025
  • 5 min de lecture
  • par Linda Geddes
Des doses de vaccin oral contre le choléra dans une glacière. Crédit : Gavi/2023/Kelvin Juma
Des doses de vaccin oral contre le choléra dans une glacière. Crédit : Gavi/2023/Kelvin Juma
 

 

Qu’est-ce qu’un stock d’urgence de vaccins ? 

Les stocks d’urgence sont notre moyen de garantir que les vaccins dont les pays ont besoin pour répondre à une épidémie soient disponibles très rapidement et puissent être distribués à n’importe quel pays dans le monde de manière équitable.

Pourquoi sont-ils nécessaires ? 

Lorsqu’une maladie se propage, intervenir très rapidement est généralement le meilleur moyen de limiter le nombre de vies et de communautés touchées à court terme et, dans certains cas, d’éviter des conséquences durables liées à ces épidémies.

En mettant en place des stocks d’urgence, nous nous assurons que les vaccins soient physiquement disponibles et prêts à être expédiés et déployés rapidement, de sorte que dès que des cas sont confirmés, nous puissions vacciner et protéger les personnes non immunisées en quelques semaines.

Que contiennent ces stocks d’urgence ? 

Il s’agit de stocks physiques : des chambres froides où sont entreposés les vaccins, prêts à l’expédition. Dans certains cas, lorsque les dispositifs d’administration sont spécifiques à un vaccin donné, ces dispositifs sont également stockés. C’est le cas pour le vaccin contre Ebola. Mais la plupart des vaccins que nous utilisons sont relativement simples à administrer : par exemple, le vaccin contre le choléra est oral, et on n’a besoin que du flacon de vaccin. D’autres vaccins utilisent les mêmes seringues que celles utilisées dans les programmes de vaccination de routine, ce qui signifie que les pays peuvent utiliser leur propre matériel, qui peut ensuite être réapprovisionné si nécessaire.

Combien existe-t-il de stocks de vaccins ? 

Gavi, l’Alliance du vaccin, finance actuellement quatre stocks d’urgence gérés par le Groupe international de coordination (ICG) pour la fourniture de vaccins. Il s’agit des vaccins contre la fièvre jaune, la méningite, Ebola et le choléra.

Le premier stock créé sous l’égide de l’ICG a été celui contre la méningite, en 1997. Le plus récent est celui du vaccin contre Ebola, mis en place en 2021. D’autres sont à l’étude, comme ceux pour la mpox et l’hépatite E.

Quels pays peuvent accéder à ces stocks ? 

Certains pays disposent de leurs propres stocks de vaccins pour la sécurité sanitaire, mais les stocks financés par Gavi sont considérés comme un bien public mondial. Cela signifie que n’importe quel pays dans le monde peut y avoir accès.

Les pays qui reçoivent habituellement le soutien de Gavi obtiennent ces vaccins entièrement gratuitement, ainsi que des financements pour mettre en œuvre les campagnes de vaccination. D’autres pays peuvent également faire une demande et recevoir les vaccins dans les mêmes délais. Dans ces cas, les doses sont préfinancées par Gavi, mais il y a une obligation de remboursement.

Qui décide du nombre de vaccins à stocker et de leur répartition en cas d’urgence ?

Comme le nombre de vaccins est limité, il faut s’assurer qu’ils soient utilisés de manière équitable et là où leur impact sera maximal. Cette responsabilité revient à un groupe de quatre partenaires, connu sous le nom de Groupe international de coordination (ICG) pour la fourniture de vaccins. Il réunit l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’UNICEF, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), et Médecins Sans Frontières (MSF). Chacune de ces organisations désigne des experts techniques qui composent l’organe décisionnel de l’ICG pour la gestion des stocks.

Les pays soumettent une demande conforme à des critères précis, comme la confirmation de cas. Ils peuvent aussi demander un accès préventif dans des contextes humanitaires : par exemple, s’il n’y a pas encore de cas confirmés mais qu’un camp de réfugiés est exposé à un risque élevé, ils peuvent vouloir vacciner en amont pour prévenir une épidémie. Les quatre partenaires évaluent la demande en fonction des critères d’approbation, vérifient que la population cible et les vaccins demandés correspondent bien aux besoins, et s’efforcent de prendre une décision dans un délai de 48 heures. Cette décision est transmise à l’UNICEF, qui passe commande et organise l’expédition des vaccins.

La décision sur le nombre de doses à stocker repose sur les meilleures analyses disponibles : elles tiennent compte de la probabilité d’apparition d’épidémies, de leur ampleur potentielle et du nombre de doses nécessaires pour les contenir. L’ICG réévalue ces besoins chaque année ou en fonction des évolutions, puis Gavi et l’UNICEF travaillent ensemble pour déterminer ce qu’il est possible de financer avec les ressources disponibles.

L’UNICEF lance les appels d’offres pour l’achat des vaccins, et différents fabricants soumettent leurs propositions pour approvisionner le stock. Cela inclut aussi les modalités d’expédition, car il faut garantir que les vaccins puissent être expédiés dans les jours qui suivent la commande.

Où se trouvent physiquement les stocks d’urgence ?

Cela dépend, mais en général, les vaccins sont conservés chez le fabricant, dans des réfrigérateurs dédiés. Le fabricant peut aussi sous-traiter la gestion de ces stocks. Cela signifie que les vaccins peuvent se trouver dans différentes régions du monde, selon l’endroit où le fabricant est en mesure de les stocker et de les gérer.

Par exemple, les vaccins contre le choléra sont stockés chez le fabricant en Corée du Sud, tandis que les vaccins contre Ebola sont conservés en Suisse.

Comment les stocks d’urgence sont-ils réapprovisionnés ?

Dans certains cas, le stock est défini comme une quantité annuelle, car on estime ne pas avoir besoin de plus que ce seuil chaque année. Le contrat prévoit alors qu’une commande soit passée une fois par an pour remplacer toutes les doses utilisées et revenir au niveau cible. C’est plus facile lorsque la maladie suit un schéma saisonnier — comme c’est le cas des épidémies de méningite en Afrique subsaharienne — ce qui laisse le temps de reconstituer les stocks avant la prochaine saison.

En revanche, pour le choléra, le stock cible est fixé à cinq millions de doses. Lorsque ce seuil est atteint, il permet en principe de répondre aux épidémies de choléra en cours à un moment donné. Mais ce qui distingue le choléra, c’est le rythme de remplacement : actuellement, nous remplaçons ces cinq millions de doses chaque mois — autrement dit, nous en utilisons cinq millions, et nous en reconstituons cinq millions. Ces dernières années, un effort important a été mené pour accroître les capacités de production afin de suivre ce rythme.

De manière générale, les niveaux cibles des stocks sont fixés assez haut pour s’assurer que les vaccins nécessaires soient bel et bien disponibles. Pour Ebola et la méningite, cela signifie parfois que certains vaccins restent inutilisés. C’est pourquoi nous développons aussi des stratégies pour rediriger ces doses à des fins préventives. Par exemple, lorsqu’un lot de vaccins a encore 12 mois de durée de conservation, il pourrait être envoyé dans un pays à haut risque, même sans épidémie déclarée, pour vacciner la population de manière préventive.