Le vaccin contre le VPH protège aussi les femmes non vaccinées grâce à l’immunité de groupe

Une étude menée sur 17 ans apporte la preuve que la vaccination à grande échelle peut réduire le risque de cancer du col de l’utérus à l’échelle de communautés entières.

  • 7 octobre 2025
  • 3 min de lecture
  • par Priya Joi
Une jeune fille avec un agent de santé lors d’une séance de vaccination contre le VPH en Eswatini. Crédit : Gavi/2025/Svetlomir Slavchev
Une jeune fille avec un agent de santé lors d’une séance de vaccination contre le VPH en Eswatini. Crédit : Gavi/2025/Svetlomir Slavchev
 

 

Une étude menée sur près de deux décennies a révélé que la vaccination des communautés contre le virus du papillome humain (VPH) ne protège pas seulement les personnes vaccinées, mais aide aussi à protéger les femmes qui ne le sont pas.

Le VPH est la principale cause du cancer du col de l’utérus — l’une des principales causes de mortalité chez les femmes, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Administré au début de l’adolescence, le vaccin contre le VPH est reconnu pour son efficacité élevée dans la prévention du cancer du col de l’utérus plus tard dans la vie.

Dirigée par des chercheurs de l’Albert Einstein College of Medicine et publiée dans la revue JAMA Pediatrics, l’étude a analysé les données de plus de 2 300 adolescentes et jeunes femmes âgées de 13 à 26 ans au moment de leur inclusion, entre 2006 et 2023.

Les chercheurs ont constaté que les programmes de vaccination contre le VPH offraient une protection significative grâce à l’immunité de groupe — c’est-à-dire une protection conférée aux personnes non vaccinées lorsqu’une proportion suffisante de la population est immunisée.

Une vaccination à grande échelle aurait ainsi réduit la transmission globale du virus, profitant même à celles qui n’étaient pas vaccinées.

La Dre Jessica Kahn, professeure de pédiatrie à l’Albert Einstein College of Medicine, a déclaré que si les essais randomisés contrôlés avaient déjà démontré la valeur du vaccin contre le VPH, son équipe souhaitait « évaluer comment le vaccin fonctionne dans des conditions réelles, incluant de jeunes femmes présentant un risque relativement élevé d’infection au VPH et des niveaux variables de couverture vaccinale ».

Baisse spectaculaire des infections à VPH

Au cours de la période étudiée, la couverture vaccinale contre le VPH à Cincinnati (États-Unis), d’où proviennent les données de l’étude, est passée de 0 % à 82 %.

Durant cette période, les infections à VPH chez les femmes vaccinées ont chuté de manière spectaculaire :

  • Chez les femmes ayant reçu le vaccin bivalent ciblant les types 16 et 18 du VPH, les infections ont diminué de 98,4 %.
  • Chez les femmes ayant reçu le vaccin quadrivalent ciblant les types 6, 11, 16 et 18 du VPH, les infections ont chuté de 94,2 %.
  • Les infections par les types visés par le vaccin nonavalent plus récent ont diminué de 75,7 %.

Même parmi les femmes n’ayant jamais été vaccinées, les taux d’infection par les types de VPH couverts par les anciens vaccins ont fortement baissé.

  • Les infections par les types inclus dans le vaccin bivalent ont diminué de 71,6 %.
  • Les infections par les types inclus dans le vaccin quadrivalent ont chuté de 75,8 %.

Les données relatives à l’immunité de groupe conférée par le vaccin nonavalent sont encore en cours d’analyse.

La baisse est attribuée à la vaccination

« Notre analyse des données indique que ces réductions des taux d’infection sont principalement dues à l’introduction du vaccin, et non à des changements de comportements sexuels ou à d’autres facteurs », a déclaré Aislinn DeSieghardt, première autrice de l’étude et coordinatrice de recherche clinique au Cincinnati Children’s Hospital Medical Center.

Comme l’étude a suivi les tendances sur une période aussi longue et inclus des femmes présentant un risque plus élevé (par exemple, beaucoup avaient plusieurs partenaires sexuels ou des antécédents d’infections sexuellement transmissibles), ses résultats constituent une validation convaincante, en conditions réelles, de l’impact plus large du vaccin sur la population.

L’étude confirme qu’une forte couverture vaccinale au sein d’une communauté peut avoir des effets bénéfiques indirects importants, en réduisant la circulation du VPH même chez les personnes non vaccinées.

La Dre Kahn conclut : « En augmentant la couverture de ce vaccin hautement sûr et efficace, et en garantissant l’accès au dépistage et au traitement, nous pouvons accomplir l’une des plus grandes victoires de santé publique de notre temps : l’élimination mondiale du cancer du col de l’utérus. »