Au Burundi, les milieux urbains à la traîne pour la vaccination systématique

La couverture vaccinale en mairie de Bujumbura est relativement inférieure à celle qui a cours en milieu rurale. Néanmoins, le taux de la couverture vaccinale augmente par rapport aux années antérieures. Des approches avancées sont mises en œuvre pour l’améliorer.

  • 22 décembre 2022
  • 4 min de lecture
  • par Diane Ndonse
Dr Armel Nzeyimana, médecin chef de district mairie Centre. Crédit : Diane Ndonse
Dr Armel Nzeyimana, médecin chef de district mairie Centre. Crédit : Diane Ndonse
 

 

Micheline Nduwimana est une mère de trois enfants habitant le quartier Gasenyi de Bujumbura. Son premier enfant n’a pas eu toutes ses doses de vaccins. Cadre dans une institution privée, Mme Nduwimana explique qu’elle a manqué de temps pour amener son enfant à la vaccination, à cause de son métier exigeant. « Je croyais que je l’amènerais pour un rattrapage, mais je ne l’ai pas fait », regrette-t-elle, sachant l’importance des vaccins pour la vie saine des enfants. Mme Nduwimana informe, toutefois, qu’elle n’a jamais vu un agent communautaire de santé (ACS) frapper à sa porte pour une sensibilisation.

Dans le district sanitaire mairie Centre, le taux de la couverture vaccinale pour les vaccins anti-rougeoleux et anti-rubéoleux pour les enfants de 9 mois est à 60%. Il est de 47% sur le volet enfant complètement vacciné, selon Dr Armel Nzeyimana, médecin chef de district mairie Centre. Et ce malgré une cible visée de 80%.

Des améliorations ont été faites grâce à un véhicule de supervision offert au district par Gavi, l’Alliance du Vaccin. Dr Ryumeko note également la multiplication des centres de santé octroyant les vaccins. Trois centres de santé supplémentaires ont permis de réduire la distance parcourue auparavant par la population.

Le taux de vaccination est meilleur en milieu rural. En mai 2017, une campagne de rattrapage aux vaccins anti-rougeoleux et anti-rubéoleux au niveau national pour les enfants de 9 mois à 14 ans a été organisée par le ministère de la Santé publique à travers le Programme élargi de vaccination (PEV). Le but était d’atteindre un taux de couverture de 95%. Le taux de participation à cette campagne a été évalué à 97,5%, selon une enquête indépendante de couverture post-campagne effectuée par l’Institut des statistiques et des sciences économiques du Burundi (ISTEEBU).

Médiatrice Kwizera, technicienne pour la promotion de santé (TPS) à Bujumbura. Crédit : Diane Ndonse
Médiatrice Kwizera, technicienne pour la promotion de santé (TPS) à Bujumbura.
Crédit : Diane Ndonse

Quelles raisons à cette moins bonne performance en milieu urbain ?

Le manque de temps est l’une des raisons principales, selon différents parents interrogés de la mairie de Bujumbura.

Le phénomène de déménagements successifs de certains ménages est une autre raison. Si un ménage ayant un enfant en besoin de vaccination déménage vers un autre district sanitaire, il ne revient pas faire vacciner l’enfant au centre de santé d’origine. Cela fausse les statistiques et rend difficile les actions de sensibilisation faites par les ACS.

Médiatrice Kwizera est une technicienne pour la promotion de santé (TPS) au centre de santé Busoro dans le district sud de Bujumbura, qui a aussi travaillé dans la province de Gitega, dans le centre du pays. Selon elle, en province, chaque sous-colline compte un ACS, alors qu’en mairie de Bujumbura, un ACS couvre pour tout un quartier.

Des améliorations dans le district sud

Malgré des taux de couverture vaccinale encore peu élevés à Bujumbura, Dr Evelyne Ryumeko, médecin chef de district Bujumbura Sud, salue le pas déjà franchi actuellement dans son district.

Des améliorations ont été faites grâce à un véhicule de supervision offert au district par Gavi, l’Alliance du Vaccin. Dr Ryumeko note également la multiplication des centres de santé octroyant les vaccins. Trois centres de santé supplémentaires ont permis de réduire la distance parcourue auparavant par la population.

Outre les sensibilisations faites par les agents de santé communautaire, le District Sanitaire Sud a fait recours à une stratégie de dénombrement des ménages ayant des enfants ayant des retards à la vaccination. « En collaboration avec l’administration locale, nous avons recouru à une approche de porte à porte. Les agents de santé communautaires passent dans chaque ménage pour constater s’il y a des enfants en âge de vaccination ».

Par ailleurs, a-t-il ajouté, plusieurs pays dans le monde « n'ont toujours pas maîtrisé la pandémie ». « Les évènements de regroupements…notamment la coupe du monde Qatar 2022 et les fêtes de fin d'année, pourront être des facteurs de risque de résurgence des cas y compris par importation de nouveaux variants de COVID-19 », déclare le Dr Manaouda.

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