Portrait vaccinal : le vaccin contre la rubéole

Chez la femme enceinte, la rubéole peut gravement compromettre le développement du fœtus, et entraîner sa mort ou des malformations congénitales (problèmes cardiaques, déficits auditifs et visuels). La rubéole peut être prévenue par la vaccination, mais de nombreux pays à faible revenu ne disposent pas d'une couverture vaccinale suffisante pour enrayer la propagation du virus.

  • 23 novembre 2023
  • 5 min de lecture
  • par Personnel de Gavi
Le virus de la rubéole
Le virus de la rubéole
 

 

Pendant plus de 200 ans, l'origine du virus de la rubéole est restée mystérieuse, et l’agent pathogène responsable était considéré comme un "loup solitaire", seul membre de sa famille (Matonaviridae) et de son genre (Rubivirus). Jusqu'au début de l'année 2019, lorsque des équipes américaines et allemandes ont découvert indépendamment les premiers proches parents du virus de la rubéole.

Chez les femmes qui contractent la rubéole en début de grossesse, le risque de transmission du virus au fœtus est de 90 %, ce qui peut entraîner la mort in utero de l’enfant à naître, ou de graves malformations (syndrome de rubéole congénitale) chez ceux qui survivent.

Une équipe américaine qui étudiait les coronavirus chez les chauves-souris en Ouganda a découvert un virus étroitement lié à la rubéole - le virus Ruhugu (RuhV) - chez 50 % de ces animaux. Pendant ce temps, près de la mer Baltique, en Allemagne, la survenue, dans un zoo, de cas mystérieux de maladie neurologique aiguë affectant tout d'abord un âne, puis un kangourou arboricole, puis un capybara, a fait l’objet d’une enquête qui a abouti à la découverte du virus Rustrela (RusV), le deuxième plus proche parent du virus de la rubéole.

Jusqu'à présent, rien ne prouve que les virus Ruhugu et Rustrela peuvent infecter l'homme, ni que le virus de la rubéole peut se transmettre dans la direction opposée, de l'homme aux animaux. Toutefois, le virus Rustrela peut franchir la barrière d’espèce et se transmettre à des espèces aussi distantes que les mammifères placentaires et les marsupiaux, ce qui, pour la première fois, laisse entrevoir la possibilité d'une origine zoonotique du virus de la rubéole.

La rubéole a été décrite pour la première fois en 1740 par le médecin et chimiste allemand Friedrich Hoffman, qui a noté qu’elle provoquait des marques rouge-rosé caractéristiques, d’où son nom initial de "rougeole allemande" ("Röteln", mot dérivé de rötlich, qui signifie "rougeâtre" ou "rose" en allemand), bien que la rubéole et la rougeole n'aient aucun lien de parenté.

En 1814, George de Maton a proposé de la considérer comme une maladie distincte de la rougeole et de la scarlatine. En 1866, Henry Veale, chirurgien anglais de l'artillerie royale, a inventé le nom de "rubéole" (du mot latin signifiant "petit rouge") pour décrire une épidémie survenue en Inde.

Une menace mortelle

La rubéole est une infection aiguë extrêmement contagieuse qui se propage deux fois plus facilement que le SRAS-CoV-2.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, la rubéole survient généralement de façon saisonnière. Ainsi, dans les zones tempérées, elle apparaît le plus souvent à la fin de l'hiver et au printemps, avec des épidémies tous les cinq à neuf ans. L'ampleur et la périodicité des épidémies de rubéole sont toutefois très variables à travers le monde, et les raisons n'en sont pas encore complètement élucidées.

Chez l’enfant, la rubéole est généralement bénigne. Elle se manifeste par une fièvre légère, une conjonctivite modérée, parfois des problèmes respiratoires de faible intensité, et surtout par une éruption cutanée qui survient environ deux à trois semaines après l'infection. Constituée de taches roses ou rougeâtres, l’éruption débute généralement sur le visage, puis s'étend sur le reste du corps. L’augmentation du volume des ganglions lymphatiques derrière les oreilles et dans le cou est caractéristique de cette infection. Les adultes, en particulier les femmes, sont plus susceptibles de souffrir de complications de la rubéole (douleurs articulaires, arthrite, encéphalite).

Une seule dose de vaccin contre la rubéole confère une immunité durable supérieure à 95 %. Avant l'introduction du vaccin contre la rubéole, pas moins de quatre enfants sur 1 000 naissaient atteints du syndrome de rubéole congénitale.

Toutefois, les complications les plus graves de la rubéole surviennent lorsque des femmes enceintes non vaccinées sont infectées et transmettent le virus à leur bébé.

Chez les femmes qui contractent la rubéole en début de grossesse, le risque de transmission du virus au fœtus est de 90 %, ce qui peut entraîner la mort in utero de l’enfant à naître ou, chez ceux qui survivent, un syndrome de rubéole congénitale caractérisé par de graves malformations (cécité, surdité, malformations cardiaques, déficience intellectuelle, lésions du foie ou de la rate).

Alors que la vaccination systématique a réduit ou éliminé la rubéole dans les pays à revenu élevé, c’est toujours un problème de santé publique dans de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) où plus de 100 000 enfants naissent chaque année avec le syndrome de rubéole congénitale.

Le développement du vaccin

Il n'existe pas de traitement contre la rubéole. La vaccination joue donc un rôle essentiel dans la prévention des conséquences dévastatrices qu'elle peut entraîner. Les femmes qui prévoient d'être enceintes, mais qui n'ont pas suffisamment d'anticorps contre le virus, peuvent se faire vacciner contre la rubéole jusqu’à 28 jours avant la conception.

Le virus de la rubéole a été isolé pour la première fois en 1962 par deux groupes indépendants, celui de Paul Parkman et ses collègues, et celui de Thomas Weller et Franklin Neva.

Les recherches sur un vaccin contre la rubéole ont commencé véritablement après une épidémie dévastatrice qui a frappé les États-Unis en 1964, épidémie au cours de laquelle environ 12,5 millions de personnes ont contracté la rubéole ; 11 000 femmes enceintes ont perdu leur bébé ; 2 100 enfants sont mort-nés et 20 000 enfants sont nés atteints du syndrome de rubéole congénitale.

La plupart des vaccins modernes contre la rubéole contiennent la souche RA 27/3 mise au point par Stanley Plotkin et Leonard Hayflick à l'Institut Wistar de Philadelphie.

Une seule dose de vaccin contre la rubéole confère une immunité durable supérieure à 95 %. Avant l'introduction du vaccin contre la rubéole, pas moins de quatre bébés sur 1 000 naissaient atteints du syndrome de rubéole congénitale.

Le vaccin est administré en deux doses. Même s’il est disponible séparément, il est généralement administré aux enfants en association avec le vaccin contre la rougeole ou le vaccin contre la rougeole et les oreillons.

Une menace persistante

Le taux de rubéole congénitale peut augmenter quand le niveau de vaccination des enfants est faible dans la population, à mesure de l’augmentation du nombre de femmes atteignant l'âge de procréer sans avoir été vaccinées ou exposées à la maladie. Il faut arriver à atteindre un taux de vaccination supérieur à 80 % pour que la population bénéficie d'une protection solide.

De même que la rougeole, la rubéole est une maladie presque totalement évitable par la vaccination. De plus, le vaccin est bon marché : les deux doses du vaccin recommandé - à savoir le vaccin combiné contre la rougeole et la rubéole - coûtent moins de 2 dollars par enfant. Mais les taux de vaccination contre la rubéole ont lentement diminué dans les pays comme les États-Unis, où la couverture était auparavant élevée.

Les progrès réalisés pour augmenter les taux de vaccination contre la rubéole à travers le monde sont inégaux. Les taux de syndrome de rubéole congénitale les plus élevés se rencontrent dans les régions OMS de l'Afrique et de l'Asie du Sud-Est, où la couverture vaccinale est la plus faible.

Pour renforcer son impact, l'Initiative contre la rougeole lancée en 2001 est devenue le Partenariat contre la rougeole et la rubéole (Measles & Rubella Partnership), qui s'inscrit dans le cadre du Programme pour la Vaccination à l’horizon 2030, et dont Gavi est également membre.

Il s’agit maintenant de fournir les vaccins aux pays qui en ont besoin et d’améliorer la communication, de façon à vaincre les réticences face à la vaccination qui pourraient entraîner une baisse des taux de vaccination systématique.