Comment Gavi décide dans quels vaccins investir

Tous les cinq ans, Gavi, l’Alliance du Vaccin, mène une analyse prospective approfondie pour déterminer quels vaccins nouveaux ou sous-utilisés pourraient le mieux aider les pays qu’elle soutient. Voici comment ce processus fonctionne.

  • 24 juin 2025
  • 5 min de lecture
  • par Personnel de Gavi
Le vaccin contre le HPV pour prévenir le cancer du col de l’utérus est administré à des élèves de l’école primaire Matipula, à Lusaka, en Zambie. Crédit : Gavi/2023/Peter Caton
Le vaccin contre le HPV pour prévenir le cancer du col de l’utérus est administré à des élèves de l’école primaire Matipula, à Lusaka, en Zambie. Crédit : Gavi/2023/Peter Caton
 

 

Améliorer l’accès aux vaccins nouveaux et sous-utilisés dans les pays à revenu faible est la raison pour laquelle Gavi, l’Alliance du Vaccin, a été créée. Depuis sa fondation en 2000, Gavi est passée de la fourniture de vaccins contre six maladies infectieuses à 19 en 2022, y compris des vaccins plus récents contre le paludisme, le HPV et Ebola. Alors, comment ses experts décident-ils quels vaccins doivent être prioritaires pour une introduction dans les pays qu’elle soutient ?

La nouvelle stratégie inclut désormais une évaluation de l’impact potentiel des vaccins sur la résistance aux antimicrobiens, ainsi qu’une analyse de l’influence du changement climatique sur la répartition géographique, la fréquence et la gravité des maladies pour lesquelles des investissements vaccinaux sont envisagés.

Dans son dernier document d’analyse, Gavi lève le voile sur la manière dont elle évalue la pleine valeur des vaccins à travers sa Stratégie d’investissement vaccinal (Vaccine Investment Strategy, ou VIS). Voici six points clés à retenir :

1. La valeur des vaccins est une notion large à évaluer

La Stratégie d’investissement vaccinal de Gavi vise à mesurer la valeur complète des vaccins : leur impact sur la mortalité et les maladies, mais aussi leurs bénéfices sociaux, économiques et en matière de santé publique. Le processus prend en compte un large éventail de facteurs : la charge actuelle de la maladie, la meilleure stratégie vaccinale possible, les pays susceptibles de mettre en œuvre un tel programme, son impact, son coût, sa faisabilité, et la manière dont cela se compare à d’autres investissements vaccinaux potentiels et au portefeuille actuel de Gavi.

2. De nombreux experts à travers le monde sont consultés

Pour décider quels vaccins prioriser, Gavi s’appuie sur l’expertise de ses partenaires ainsi que sur un large éventail d’experts. Un comité de pilotage, composé d’experts indépendants aux connaissances techniques et scientifiques étendues, examine les données existantes sur les investissements possibles et fournit des conseils sur la méthodologie et le processus d’évaluation.

Des universitaires, des spécialistes de l’OMS et des fabricants sont consultés sur les spécificités des maladies, les vaccins, les procédés de fabrication, les stratégies de tarification et de distribution, ainsi que sur les cadres réglementaires et politiques.

Des représentants gouvernementaux, des responsables de programmes et des partenaires de l’Alliance dans les pays éligibles aux programmes de Gavi sont également consultés sur les priorités nationales, la demande probable pour les vaccins envisagés et la faisabilité de leur mise en œuvre. Des organisations de la société civile et des bailleurs de fonds apportent enfin des données complémentaires, notamment sur l’intérêt de financer de nouveaux vaccins.

La décision finale d’investissement revient au Conseil d’administration de Gavi.

3. Un processus rigoureux, transparent et fondé sur des données probantes

Les investissements vaccinaux potentiels sont évalués selon des cadres définis à l’avance, avec des méthodologies claires permettant une analyse systématique et complète de chaque vaccin. Pour garantir la transparence, ces cadres d’évaluation sont librement accessibles sur le site web de Gavi, tout comme les documents soumis au Conseil à différentes étapes de la Stratégie d’investissement vaccinal.

Gavi s’appuie aussi sur des revues de la littérature scientifique, des consultations avec des experts et des modélisations pour évaluer l’impact potentiel des vaccins et des stratégies de vaccination, afin de garantir que les investissements soient indépendants, objectifs et optimisent les retombées en vies sauvées, ainsi que les bénéfices sociaux, sanitaires et économiques.

4. Évaluer les vaccins prend du temps

Le processus de la Stratégie d’investissement vaccinal dure 18 mois et se déroule en trois phases, chacune débouchant sur des décisions prises par le Conseil d’administration de Gavi.

La phase 1 consiste à établir une liste initiale de vaccins potentiellement éligibles à un investissement, en évaluant leur utilité pour la vaccination de routine, les campagnes préventives et la riposte aux épidémies.

La phase 2 repose sur des analyses qualitatives et quantitatives plus approfondies de chaque vaccin, menées en consultation avec des universitaires, l’OMS et d’autres experts. Ces données alimentent des modélisations effectuées par des groupes académiques pour estimer l’impact potentiel de ces vaccins, les comparer à ceux déjà soutenus par Gavi, et vérifier si leurs effets attendus se situent dans la même fourchette. Cette étape permet de passer de la liste initiale à une liste restreinte.

La phase 3 consiste à élaborer des dossiers d’investissement détaillés pour chaque vaccin présélectionné, afin que le Conseil d’administration de Gavi puisse prendre des décisions éclairées sur les vaccins à soutenir.

5. Le paysage vaccinal devient de plus en plus complexe

Depuis la création de Gavi, de nombreux nouveaux vaccins ont été développés. L’Alliance a également élargi son champ d’action : elle ne se limite plus à la vaccination de routine des nourrissons, mais soutient désormais des vaccins destinés aux enfants plus âgés, aux adolescents et aux adultes — y compris dans les contextes d’épidémies, de pandémies et d’urgences.

Le monde évolue, avec de nouveaux défis sanitaires. Pour y répondre, le cadre d’évaluation de la Stratégie d’investissement vaccinal a été actualisé. La nouvelle stratégie inclut désormais une évaluation de l’impact potentiel des vaccins sur la résistance aux antimicrobiens, ainsi qu’une analyse de l’influence du changement climatique sur la répartition géographique, la fréquence et la gravité des maladies pour lesquelles des investissements vaccinaux sont envisagés.

6. Après la décision du Conseil d'administration, le travail ne fait que commencer

Les décisions du Conseil d’administration de Gavi marquent la fin du processus de la VIS, mais pas encore l’arrivée des nouveaux vaccins dans les pays concernés.

Un vaccin pourrait ne pas encore être homologué. Il ne pourra être financé par Gavi qu’après avoir été recommandé à l’usage et préqualifié par l’OMS.

Il faut ensuite concevoir les détails du programme, fixer les modalités de cofinancement, c’est-à-dire déterminer ce que les pays devront payer et le soutien complémentaire que Gavi ou d’autres partenaires peuvent fournir. Ce n’est qu’à ce moment-là que les pays peuvent déposer une demande de financement.

Lire le document de référence complet sur la Stratégie d’investissement vaccinal (VIS) de Gavi : gavi.org/news-resources/knowledge-products/vaccine-investment-strategy-vis