Pourquoi la région Atsinanana a la meilleure couverture vaccinale anti-COVID de Madagascar

Des 23 régions de la Grande île, l’Atsinanana est la plus performante en ce qui concerne la couverture vaccinale anti-COVID. Les résultats pour les vaccins de routine ne sont pas en reste non plus. A la mi-mars où l’évaluation à mi-parcours de la campagne d’intensification intégrée de la vaccination a eu lieu, la région a enregistré 30 % de la population vaccinée contre la COVID-19. En même temps, une hausse de 7,36 % a été constatée par rapport à la vaccination habituelle de la région.

  • 17 avril 2023
  • 4 min de lecture
  • par Rivonala Razafison
Dr Marie Célestine Razafiarisoa, directrice régionale de la Santé publique pour Atsinanana.
Dr Marie Célestine Razafiarisoa, directrice régionale de la Santé publique pour Atsinanana.
 

 

Forte de son succès, la région se fixe le but d’atteindre 50 % de la population vaccinée contre la COVID-19 avant le mois de juin. « Dans le cas où la pandémie repartirait de plus belle, nous sommes déjà nombreux à être protégés (257 289 vaccinés à la date du 15 mars 2023, ndlr) », soulignait le gouverneur de la région, Richard Rafidison, au cours d’une cérémonie qui s’est tenue à Toamasina le 17 mars.

La ville portuaire est la capitale économique du pays et la capitale régionale d’Atsinanana. Elle était un épicentre de la pandémie lors des deux vagues de 2020 et de 2021. Mais grâce à un leadership fort, la direction régionale de la Santé publique (DRSP) et toutes les parties prenantes à tous les niveaux, avec l’appui de l’OMS Madagascar et les autres partenaires, ont mis la main à la pâte pour caracoler en tête des résultats.

« Je suis vacciné. Les vaccinateurs sont venus dans mon village et ceux tout autour du nôtre en octobre. Toutes les personnes âgées de 18 ans révolus ont alors reçu la première dose. A peine 10 % des ciblés n’ont pas été vaccinés parce qu’ils étaient absents au village. »

Le fort engagement des autorités locales est une clé de voûte. « Le préfet, les chefs de district et les autres responsables effectuent régulièrement des descentes avec l’équipe de la DRSP. Nous ne ratons aucune occasion. Tout le monde passe la nuit sur le terrain, la veille du jour de vaccination, en sensibilisant la communauté », affirme Dr Marie Célestine Razafiarisoa, directrice régionale de la Santé publique pour Atsinanana.

Le moment venu, les gens s’amassent pour les vaccins contre la COVID-19 pour les adultes, et ceux de routine pour les enfants. « Le tam-tam a un impact réel sur leur conviction », reconnaît la responsable ministérielle. La forte mobilisation de l’ensemble des ressources humaines continue de plus belle en ce moment pour le suivi, la sensibilisation et la supervision. Le déploiement de la stratégie mobile et des soins de proximité s’intensifie dans les sept services de district de santé publique de la région.

Vaccination contre la COVID-19 à l'église Sacré Cœur Tanambao V à Toamasina (crédit photo : SDSP Toamasina I).
Vaccination contre la COVID-19 à l'église Sacré Cœur Tanambao V à Toamasina.
Crédit photo : SDSP Toamasina I

Deux types de ruptures de stock sont à éviter : les vaccins eux-mêmes et les cartes de vaccination. Les commandes auprès de la direction du programme élargi de vaccination sont passées à temps pour la DRSP d’Atsinanana. « La directrice elle-même se déplace, si besoin, pour récupérer les doses nécessaires. Le redéploiement interne des stocks existants s’impose sur-le-champ si la livraison accuse un décalage », révèle Dr Marie Célestine Razafiarisoa.

Les cartes de vaccination doivent être disponibles en nombre suffisant à tout moment. « Son obtention est une fierté pour les vaccinés. C’est important pour exhorter les autres à se faire vacciner », poursuit-elle. La coopération avec le secteur privé et les entités ayant une influence certaine sur la communauté, les églises en tête, est au beau fixe.

Les vaccinateurs se rendent sur les lieux de travail dès que le nombre d’employés désirant recevoir leurs doses atteint le nombre de dix. Chaque année, la campagne de litchi en novembre-décembre, Madagascar étant le premier fournisseur du marché européen pour ce fruit, crée des rassemblements ponctuels en ville (sur les sites de traitement) comme dans la campagne (sur les sites de collecte). Ce sont aussi autant d’occasions en or pour organiser des séances de vaccination « foraine ».

La stratégie mobile et les soins de proximité ont fait sauter la barrière en milieu rural. « Je suis vacciné. Les vaccinateurs sont venus dans mon village et ceux tout autour du nôtre en octobre. Toutes les personnes âgées de 18 ans révolus ont alors reçu la première dose. A peine 10 % des ciblés n’ont pas été vaccinés parce qu’ils étaient absents au village », témoigne Victor Rasoa, 67 ans.

Victor Rasoa, chef traditionnel
Le chef traditionnel Victor Rasoa.
Crédit : Rivonala Razafison

Le sexagénaire réside à Topiana, un village situé à une cinquantaine de kilomètres au sud de la ville de Toamasina sur la rive gauche de l’historique Canal des Pangalanes, un site touristique parmi les plus prisés sur la côte orientale malgache. Le chef traditionnel, en compagnie de trois autres, a dépensé deux journées entières pour faire du porte-à-porte. Le jour venu, suivant son témoignage, leur intervention a porté ses fruits.

« Tous les vaccinés sont en bonne santé. Beaucoup trop d’informations fallacieuses ont fait peur au départ », témoigne-t-il. La lutte contre la mauvaise campagne sur les vaccins est à juste titre un défi à relever pour la DRSP d’Atsinanana. La stratégie d’approche se raffermit constamment à travers la conception des plannings hebdomadaires.


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