Grippe, COVID-19 : comment lever les freins à la vaccination des soignants
Réduire les obstacles pratiques à la vaccination et valoriser l’exemple des pairs pourraient convaincre davantage de soignants de se faire vacciner contre la grippe ou la COVID-19, selon de nouvelles recherches.
- 2 septembre 2025
- 3 min de lecture
- par Priya Joi

Les systèmes de santé comptent souvent sur les soignants pour promouvoir la vaccination auprès des communautés. Pourtant, la pandémie de COVID-19 a mis en lumière une réalité plus complexe : l’hésitation vaccinale existe aussi chez les professionnels de santé.
Cette semaine, dans Nature, Francis Drobniewski, du Département des maladies infectieuses de la Faculté de médecine de l’Imperial College London, et ses collègues publient une enquête menée auprès de plus de 2 000 soignants en Lituanie, au Portugal, en Pologne, en Allemagne et au Brésil, afin de mieux comprendre les déterminants de cette hésitation.
Il existe souvent de multiples raisons pour lesquelles des personnes peuvent refuser un vaccin, liées à leur expérience des systèmes de santé et des programmes de vaccination, au degré de confiance qu’elles accordent aux entités qui diffusent les messages de santé publique sur les vaccins, ainsi qu’à leurs perceptions ou leur compréhension des maladies infectieuses.
L’enquête a été menée entre décembre 2022 et octobre 2023 dans le cadre du projet European Cohorts of Patients and Schools to Advance Response to Epidemics (EuCARE).
Voici les cinq principaux enseignements qui en ressortent.
1. Un large soutien aux vaccins infantiles, mais des doutes sur le COVID-19
Près de 80 % des soignants interrogés estiment que les vaccins de routine pour les enfants sont utiles et sûrs. À peine 5 % les jugent dangereux – les autres expriment surtout des incertitudes sur leur sécurité ou leur nécessité.
En revanche, seuls 56 % des répondants se disent confiants dans la sécurité à long terme du vaccin contre la COVID-19 qui leur a été proposé, contre 19 % qui déclarent ne pas avoir confiance et 23 % qui restent incertains.
Un paradoxe, car dans les faits, la grande majorité des soignants s’est fait vacciner : près de 97 % (n = 2 006) des participants avaient reçu au moins une dose, contre seulement 3,2 % non vaccinés.
2. Les soignants accordent nettement plus de confiance aux conseils des médecins et des professionnels de santé qu’aux déclarations des responsables politiques.
Il existe souvent de multiples raisons pour lesquelles des personnes peuvent refuser un vaccin, liées à leur expérience des systèmes de santé et des programmes de vaccination, au degré de confiance qu’elles accordent aux entités qui diffusent les messages de santé publique sur les vaccins, ainsi qu’à leurs perceptions ou leur compréhension des maladies infectieuses.
Pour aller plus loin
Sans grande surprise, 76 % des répondants déclaraient avoir « confiance » ou « plutôt confiance » dans les déclarations faites par des professionnels de santé ou des scientifiques/médecins sur la sécurité des vaccins contre la COVID-19, contre seulement 23,1 % qui faisaient « confiance » ou « plutôt confiance » aux déclarations des responsables politiques.
3. Le niveau d’éducation et la profession influencent l’hésitation vaccinale.
Les inquiétudes concernant la sécurité et les tests étaient nettement plus fortes chez les infirmiers et le personnel administratif que chez les médecins, les autres professionnels de santé et les scientifiques.
Le niveau d’éducation jouait également un rôle : les soignants ayant un diplôme de fin d’études secondaires ou de licence étaient beaucoup plus préoccupés par la sécurité ou les tests, et considéraient plus sûr d’acquérir l’immunité par l’infection à la COVID-19 que par le vaccin, comparativement aux personnes titulaires d’un master ou d’un doctorat.
4. La confiance et l’accessibilité pèsent bien plus lourd que la complaisance lorsqu’il s’agissait du vaccin contre la COVID-19.
En 2015, le Groupe de travail SAGE de l’OMS sur l’hésitation vaccinale décrivait trois facteurs clés influençant la décision de se faire vacciner : la complaisance, la commodité (convenience) et la confiance.
L’analyse de Drobniewski et ses collègues montre que, pour le vaccin contre la COVID-19, la confiance et la facilité d’accès ont compté bien davantage que la complaisance.
Concrètement, la confiance était renforcée par la disponibilité d’informations claires et suffisantes sur la sécurité, notamment de la part d’organisations internationales indépendantes, et par la possibilité de poser des questions. La facilité d’accès se traduisait par la disponibilité des vaccins sur le lieu de travail ou dans des cliniques locales proches.
5. Des « coups de pouce » comportementaux renforcent la décision de se faire vacciner
Ici encore, la confiance envers les pairs joue un rôle central. Beaucoup de répondants expliquaient que leur décision de se faire vacciner avait été confortée par le fait que leurs collègues – qu’il s’agisse de pairs de la même profession, d’autres collègues de travail, ou de leurs responsables hiérarchiques – avaient eux-mêmes reçu le vaccin.
Les chercheurs en concluent que les taux de vaccination « pourraient être renforcés en réduisant les frictions liées à la vaccination – autrement dit en promouvant des stratégies de type nudge (coup de pouce) appuyées par la pression positive de la cohésion sociale ».
Davantage de Priya Joi
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