La vaccination porte-à-porte, une stratégie efficace pour lutter contre la polio au Burundi

Le Burundi a récemment achevé la première phase de sa campagne de vaccination contre la poliomyélite, suite à la déclaration de l'épidémie en mars 2023. Cette initiative a permis de toucher 95% des enfants ciblés grâce à la méthode de porte-à-porte, qui s'est avérée particulièrement efficace. Cependant, des défis subsistent malgré ces résultats prometteurs.

  • 20 juillet 2023
  • 4 min de lecture
  • par Diane Ndonse
Un enfant recevant un vaccin oral contre la polio, administré par un agent de santé communautaire. Crédit : Diane Ndonse
Un enfant recevant un vaccin oral contre la polio, administré par un agent de santé communautaire. Crédit : Diane Ndonse
 

 

La campagne de vaccination a eu lieu du 10 au 13 juin 2023, suite à la confirmation de trois cas de poliomyélite dans le district sanitaire d'Isale, province de Bujumbura. Cette situation a été suivie de la découverte de 16 cas de paralysie flasque aiguë.

Le Dr Polycarpe Ndayikeza, directeur général de la planification et porte-parole du ministère de la santé publique, a précisé que sur une cible de 2,7 millions d'enfants âgés de 0 à 7 ans, 2,6 millions, soit 95% des enfants, ont été vaccinés. Pour garantir le succès de cette campagne, plus de 12 000 vaccinateurs ont été formés lors de 700 sessions de formation, à tous les niveaux, du communautaire au national. Des campagnes de communication ont été menées à travers les médias, tels que la radio, la télévision, la presse écrite et en ligne. Des ateliers ont été organisés pour sensibiliser les journalistes à l'importance de la vaccination. Des messages ont également été diffusés dans les églises, et les agents de santé communautaires ont parcouru tous les ménages pour sensibiliser les parents.

« Un enfant non vacciné représente un risque pour tous les autres et pourrait plonger le pays dans une autre épidémie »

« Quelques jours avant, nous avons eu recours à des mégaphones pour atteindre un grand nombre de personnes », précise Eugénie Mbonimpa, agent de santé communautaire de la colline Gisanze, dans la zone et commune de Bururi, au Sud du pays. En tant que Présidente du Groupement des Agents de Santé Communautaire (GASC), elle a personnellement parcouru les sept sous-collines pour s'assurer que la sensibilisation était bien réalisée.

La stratégie de vaccination porte-à-porte a été bien accueillie par la population. « Il y a eu une plus-value comparativement aux campagnes de vaccinations qui se déroulaient sur les sites ou aux structures de santé où certains parents n'amenaient pas leurs enfants », témoigne Emmanuel Minani, président du GASC Gatumba, commune de Mutimbuzi, province de Bujumbura. Cependant, il mentionne quelques défis notamment liés au retard ou au manque de matériel, ainsi qu'au nombre insuffisant des équipes de vaccination dans certaines localités densément peuplées.

Malgré ces succès, des préoccupations ont été exprimées par certains parents, surtout dans la mairie de Bujumbura, qui ont appris la vaccination de leurs enfants après que celle-ci a été effectuée.

En plus du porte-à-porte, la vaccination s'est déroulée comme d'habitude dans les centres de santé, les lieux de rassemblement public, etc. Chaque enfant a reçu deux gouttes de vaccin par voie orale.

La ministre en charge de la santé, Dr Sylvie Nzeyimana, a rappelé que la poliomyélite est une maladie virale très contagieuse touchant principalement les enfants et pouvant provoquer une paralysie et des décès. « Un enfant non vacciné représente un risque pour tous les autres et pourrait plonger le pays dans une autre épidémie », explique-t-elle. Elle a également souligné que la vaccination est efficace, sûre et gratuite pour protéger les enfants. La ministre a encouragé les parents à poursuivre la vaccination de routine, car la résurgence de certaines maladies évitables par la vaccination, comme la rougeole et la poliomyélite, démontre que le calendrier vaccinal n’est pas suffisamment respecté.

Le poliovirus circulant dérivé d'un vaccin de type 2 (cVDPV2) est la forme la plus courante de poliomyélite en Afrique. Plus de 400 cas de paralysie flasque aiguë ont été signalés dans 14 pays en 2022. L'infection par le poliovirus dérivé d'un vaccin peut survenir dans les très rares cas où la souche affaiblie du virus contenue dans le vaccin antipoliomyélitique oral circule parmi les populations sous-vaccinées pendant de longues périodes de temps, se transformant progressivement en un virus pathogène. La clé pour arrêter les épidémies de PVDVc2 est d'atteindre tous les enfants avec des vaccins antipoliomyélitiques sûrs et efficaces.