Vaccins à ARN messager contre la Covid-19 : une étude portant sur 30 millions de Français écarte tout lien avec une hausse de la mortalité
Les données portant sur 30 millions d’adultes en France montrent que les vaccins contre la Covid-19 n’ont pas entraîné de hausse de la mortalité. Au contraire, ils ont contribué à la réduire.
- 15 décembre 2025
- 4 min de lecture
- par Linda Geddes
En bref
- Parmi 28 millions d’adultes âgés de 18 à 59 ans en France, ceux ayant reçu un vaccin à ARN messager contre la Covid-19 présentaient, au cours des quatre années suivantes, un risque de décès inférieur à celui des personnes non vaccinées, correspondant à une réduction de 25 % du risque de mortalité toutes causes confondues.
- Si les adultes vaccinés étaient 74 % moins susceptibles de mourir d’une forme grave de la Covid-19, la baisse du risque de mortalité persistait même après exclusion des décès liés à la Covid-19 de l’analyse.
- L’étude ne met en évidence aucune augmentation du risque de décès par cancer, maladie cardiovasculaire, accident ou toute autre cause majeure : dans tous les cas, les personnes vaccinées présentaient des taux de mortalité équivalents ou inférieurs.
Depuis plusieurs années, une question persistante plane sur les campagnes de vaccination contre la Covid-19 : les vaccins à ARN messager sont-ils sûrs à long terme ?
Si de nombreuses études ont établi que les vaccins contre la Covid-19 préviennent les formes graves et les décès dans les semaines et les mois suivant l’injection, des sceptiques continuent de s’interroger sur l’éventuelle apparition d’effets indésirables tardifs.
Aujourd’hui, l’une des plus vastes études jamais menées sur la sécurité vaccinale à long terme – fondée sur les données de plus de 28 millions d’adultes âgés de 18 à 59 ans – apporte la réponse la plus claire à ce jour.
Les personnes vaccinées contre la Covid-19 n’étaient pas plus susceptibles de mourir au cours des quatre années suivantes que celles restées non vaccinées. En réalité, leur risque était plus faible.
« À notre connaissance, il s’agit de la première étude nationale en population générale à examiner les différences de mortalité toutes causes confondues entre les personnes vaccinées et non vaccinées quatre ans après une première dose de vaccin contre la Covid-19 », explique la Dre Laura Semenzato, de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui a dirigé l’étude.
Les vaccins à ARN messager contre la Covid-19 sont-ils sûrs à long terme ?
Si plusieurs études ont évalué l’impact de la vaccination contre la Covid-19 sur le risque de décès à court terme, « aucune n’avait comparé la mortalité à long terme selon le statut vaccinal, en particulier chez les jeunes adultes, moins susceptibles de développer des formes graves après une infection par le SARS-CoV-2 », souligne Laura Semenzato. Les inquiétudes du public concernant la sécurité à long terme persistent également, ajoute-t-elle.
Pour étudier cette question, Laura Semenzato et ses collègues se sont appuyés sur les données du Système national des données de santé (SNDS), qui leur a permis de suivre l’état de santé de plus de 28 millions d’adultes entre la fin de l’année 2021 et mars 2025. Parmi eux, environ 22,8 millions ont reçu au moins une dose de vaccin à ARN messager contre la Covid-19 lors de la campagne de vaccination de masse lancée en France à partir de la mi-2021, tandis que 5,9 millions ne l’ont pas été.
Pour aller plus loin
L’étude, publiée dans JAMA Network Open, montre que, sur les quatre années suivantes, 0,4 % des personnes vaccinées sont décédées, contre 0,6 % parmi les personnes non vaccinées.
Après ajustement en fonction de l’âge, de l’état de santé et des facteurs socioéconomiques, les auteurs concluent que la vaccination est associée à une réduction de 25 % du risque de décès toutes causes confondues.
Une partie de cet écart est probablement liée à la Covid-19 elle-même : les personnes vaccinées étaient 74 % moins susceptibles de mourir d’une forme grave de la Covid-19. Toutefois, l’association protectrice persistait même après exclusion des décès liés à la Covid-19 de l’analyse.
Les vaccins contre la Covid-19 ont-ils augmenté le risque de cancer ou de maladies cardiovasculaires ?
Afin de répondre aux inquiétudes persistantes concernant d’éventuels effets indésirables différés – notamment l’idée que la vaccination pourrait accroître les décès par cancer, maladies cardiovasculaires ou autres causes – les chercheurs ont également analysé les données sur les causes de décès, disponibles jusqu’en décembre 2023.
Dans presque toutes les catégories, les adultes vaccinés présentaient des taux de mortalité plus faibles. Les décès par cancer étaient légèrement moins nombreux (769 contre 853 par million de personnes), tout comme les décès dus aux maladies circulatoires (282 contre 367 par million) et aux causes externes, telles que les accidents ou les suicides (493 contre 597 par million).
Point essentiel : aucune catégorie ne montrait d’augmentation de la mortalité parmi les personnes vaccinées.
Pourquoi les personnes vaccinées semblent-elles mieux protégées ?
Une première explication tient au fait qu’éviter une forme grave de la Covid-19 permet de prévenir des complications ultérieures.
Le virus peut en effet laisser des séquelles durables – inflammation persistante, troubles cardiovasculaires ou Covid long – susceptibles d’influencer le risque de décès plusieurs années plus tard.
Les personnes vaccinées étaient 74 % moins susceptibles de mourir d’une forme grave de la Covid-19. Toutefois, l’association protectrice persistait même après exclusion des décès liés à la Covid-19 de l’analyse.
L’étude reconnaît toutefois que les personnes qui se font vacciner peuvent différer de celles qui ne le font pas. Elles peuvent avoir un meilleur accès aux soins, vivre dans des zones moins défavorisées ou être, au départ, plus attentives à leur santé. Ces caractéristiques peuvent également contribuer à réduire le risque de décès, indépendamment de l’effet du vaccin lui-même.
Malgré cela, les auteurs soulignent que certaines différences jouaient en faveur des personnes non vaccinées. Par exemple, les individus vaccinés étaient en moyenne légèrement plus âgés et plus souvent atteints de maladies cardiométaboliques — des facteurs qui augmentent habituellement le risque de décès. Pourtant, leur risque restait inférieur.
Des données rassurantes
S’il ne s’agit pas de la première étude à montrer que les personnes vaccinées ne présentent pas un risque de mortalité plus élevé, c’est la première à suivre une population aussi vaste de jeunes et d’adultes d’âge intermédiaire sur une période aussi longue, en mobilisant des outils statistiques permettant de limiter les biais.
Le message est clair : « Un lien de causalité entre la vaccination à ARN messager et une surmortalité à long terme apparaît hautement improbable », concluent les chercheurs.