4 choses à savoir sur la manière dont les vaccins combattent le paludisme

Un nouveau rapport de Gavi analyse comment le déploiement de ce vaccin révolutionnaire se déroule dans plusieurs pays d’Afrique, et comment nous pouvons en maximiser l’impact à l’avenir.

  • 29 avril 2025
  • 4 min de lecture
  • par Priya Joi
A parent and child during a malaria vaccination session in South Sudan. Credit: Gavi/2024/Achuoth Deng
A parent and child during a malaria vaccination session in South Sudan. Credit: Gavi/2024/Achuoth Deng
 

 

Il y a un peu plus d'un an, le Cameroun est devenu le premier pays à intégrer le nouveau vaccin révolutionnaire contre le paludisme dans son programme de vaccination infantile, en l’offrant gratuitement aux enfants à travers tout le pays.

Un nouveau rapport d'analyse de Gavi propose une évaluation des succès obtenus et des défis rencontrés dans la distribution de ces vaccins au cours des derniers mois, ainsi qu'un aperçu des actions entreprises par Gavi pour élargir l'accès à ces traitements salvateurs. Voici quatre points clés issus de ce rapport.

1. Le potentiel des vaccins contre le paludisme

En 2023, le nombre de cas estimés dans le monde a augmenté de 11 millions pour atteindre 263 millions, tandis que le nombre de décès a légèrement diminué, passant d’environ 600 000 à 597 000. Les pays africains – et en particulier les enfants de moins de cinq ans – supportent l’essentiel du fardeau du paludisme. En 2023, la région Afrique de l'OMS représentait 94 % des cas et 95 % des décès.

Les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) concernant le vaccin RTS,S – le premier vaccin jamais développé contre une maladie parasitaire chez l'humain – en 2021, puis celles concernant le vaccin R21 deux ans plus tard, ont offert une nouvelle arme dans notre lutte ancestrale contre cette maladie.

Gavi appelle les donateurs du monde entier à investir 9 milliards de dollars américains pour sa prochaine période de financement sur cinq ans, incluant le financement des vaccins contre le paludisme. Un Gavi pleinement financé pourrait ainsi permettre à 50 millions d’enfants d’avoir accès à ces vaccins salvateurs d’ici 2030.

Depuis la première introduction en janvier 2024, plus de 20 millions de doses ont été livrées dans 20 pays. Gavi prévoit que vacciner 50 millions d'enfants contre le paludisme entre 2026 et 2030 pourrait permettre de sauver plus de 170 000 vies.

2. Les vaccins doivent s'inscrire dans une stratégie antipaludique cohérente

Les vaccins contre le paludisme apportent un immense bénéfice en matière de protection de la santé, mais les études montrent qu'ils sont les plus efficaces lorsqu'ils sont utilisés en complément d'autres interventions, notamment les moustiquaires imprégnées d'insecticide, la pulvérisation d'insecticide à l'intérieur des habitations, la chimioprévention saisonnière du paludisme, ainsi qu'une prise en charge et un traitement efficaces des cas.

Cela signifie que les systèmes de santé des régions où les vaccins sont administrés doivent être suffisamment solides pour déployer également ces autres interventions, tout en étant capables de diagnostiquer et de traiter les cas de paludisme lorsqu'ils surviennent. L'intégration est essentielle : par exemple, distribuer des moustiquaires aux familles lorsque les enfants sont amenés pour leurs vaccinations de routine.

3. Déploiement du vaccin contre le paludisme : entre succès et défis

Le déploiement du vaccin contre le paludisme a connu de nombreux succès jusqu'à présent. En avril 2025, 25 pays avaient été approuvés pour bénéficier d’un financement de Gavi afin de soutenir l'introduction du vaccin, dont 13 avaient reçu l’approbation pour une montée en puissance de la vaccination. Au total, 20 pays avaient intégré le vaccin contre le paludisme dans leurs programmes de vaccination de routine, et 4 autres prévoient de le faire d'ici la fin de l'année 2025.

Cependant, bien que les pays aient contribué à hauteur d’un montant record de 215 millions de dollars américains au cofinancement des vaccins soutenus par Gavi en 2023, le contexte économique mondial incertain signifie qu'il sera nécessaire de continuer à donner la priorité à ce vaccin malgré un climat économique difficile.

Plus de la moitié des pays à faible revenu sont actuellement en situation de surendettement, ou à haut risque de l’être, et les pays à revenu intermédiaire traversent également des périodes fiscales tendues. Par ailleurs, la désinformation sur les vaccins, les enjeux politiques, les conflits, les difficultés liées au personnel de santé, la géographie et le climat peuvent tous compliquer le déploiement des vaccins.

4. Un investissement urgent est nécessaire

Après des décennies passées comme un projet de recherche prometteur pour l'avenir, nous disposons désormais de vaccins contre le paludisme qui sont sûrs, efficaces et disponibles. Grâce aux efforts remarquables des pays africains, avec le soutien de Gavi et de ses partenaires de l’Alliance du Vaccin, ces vaccins sont aujourd’hui demandés, utilisés et sauvent des vies. Ils sont plus que jamais nécessaires.

La très forte demande des parents dans les pays à risque représente une opportunité majeure de prévenir des décès, de réduire la charge de morbidité et d’améliorer la vie dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Cependant, pour concrétiser cette opportunité, un investissement est indispensable. Gavi appelle les donateurs du monde entier à investir 9 milliards de dollars américains pour sa prochaine période de financement sur cinq ans, incluant le financement des vaccins contre le paludisme. Un Gavi pleinement financé pourrait ainsi permettre à 50 millions d’enfants d’avoir accès à ces vaccins salvateurs d’ici 2030.

Le financement des programmes de vaccination contre le paludisme incite les pays touchés par la maladie à investir dans la lutte contre le paludisme, renforce la sécurité sanitaire mondiale, et soutient, à long terme, la croissance de l’économie mondiale.

Consultez le nouveau rapport d’analyse de Gavi ici.