Faute de prévention, les cancers continuent à coûter de nombreuses vies au Cameroun

Le cancer touche et coûte la vie à des milliers de Camerounais chaque année. Mais ce n’est pas une fatalité : on peut prévenir les cancers grâce aux dépistages précoces et, pour certains, grâce à la vaccination.

  • 19 août 2022
  • 4 min de lecture
  • par Nalova Akua
Une petite fille est vaccinée contre le papillomavirus, qui cause le cancer du col de l'utérus, au Ndu Baptist Health Centre au nord-ouest du Cameroun. Crédit : CBCHS
Une petite fille est vaccinée contre le papillomavirus, qui cause le cancer du col de l'utérus, au Ndu Baptist Health Centre au nord-ouest du Cameroun. Crédit : CBCHS
 

 

Au moins 39.000 Camerounais vivent actuellement avec le cancer. Les adultes sont les plus touchés, avec 15.262 nouveaux cas chez les plus de 15 ans.

« Le cancer du sein est le premier type de cancer au Cameroun. Si toutes les femmes pratiquaient l’examen des seins, on pourrait au moins détecter ce cancer à un stade précoce », affirme Dr Esther Dina Belle, oncologue. « Les dépistages sont généralement tardifs. »

Les oncologues camerounais estiment que le cancer constitue toujours un problème de santé publique dans le pays. Cette maladie, disent-ils, évolue différemment, en termes d'épidémiologie, de diagnostic, de thérapie mais aussi, en réponse aux différents traitements.

Faible adhésion aux vaccins

Bien qu'il soit évitable, le cancer du col de l'utérus est encore très répandu au Cameroun. « Si la prévalence du cancer du col de l'utérus est en augmentation, cela signifie simplement que les femmes ne font pas leur dépistage de routine », selon Dr Simon Manga, directeur adjoint des services cliniques aux Cameroon Baptist Convention Health Services (CBCHS).

Le cancer du col de l'utérus commence comme une lésion précancéreuse, qui prend en moyenne 10 ans pour devenir un cancer à part entière. « Les lésions précancéreuses ne peuvent être identifiées que lors du dépistage », dit Dr Manga. « Et si elles sont identifiées, elles peuvent être traitées ou détruites. Ce qui les empêche de progresser vers un cancer à part entière ».

Des enfants attendent d'être vaccinés contre le papillomavirus
Des enfants attendent d'être vaccinés contre le papillomavirus.
Crédit : PEV Cameroun

Le spécialiste note toutefois qu'il existe un vaccin efficace contre le virus du papillome humain, qui cause le cancer du col de l'utérus.

« Le vaccin est disponible gratuitement pour les jeunes filles, par l'intermédiaire du ministère de la Santé publique », a-t-il ajouté.

Depuis 2007, le CBCHS gère un programme complet de prévention du cancer du col de l'utérus. Grâce à ce programme qui couvre sept des dix régions du Cameroun, plus de 120.000 femmes ont été dépistées et plus de 7.000 traitées pour des lésions précancéreuses.

« Depuis l’introduction du vaccin, la prévalence de l’hépatite virale B dans la population vaccinée parmi les enfants qui sont nés après l’introduction de vaccin est moins d’1% alors qu’elle est à plus de 11% au sein de la population générale »

« Nous avons maintenant la capacité de faire le dépistage du VPH, qui est le plus haut niveau de dépistage du cancer du col de l'utérus », se réjouit Dr Manga. « Le CBCHS a été le premier au Cameroun (2010-2012) à mener un projet de démonstration de vaccin contre le VPH avec 19.200 doses de Gardasil quadrivalent. Nous avons vacciné .800 filles âgées de 9 à 14 ans et atteint 85% d'achèvement avec 3 doses chacune. Aujourd'hui, le vaccin est disponible gratuitement auprès du ministère de la santé publique. »

« En collaboration avec le ministère, le CBCHS vaccine activement les jeunes filles camerounaises dans leurs établissements de santé, les écoles et les églises avec le consentement des parents », conclut-il.

Dr Shalom Tchokfe Ndoula, secrétaire permanent du Programme élargi de vaccination (PEV) du Cameroun, note deux vaccins qui interviennent dans la prévention des cancers au Cameroun. Le premier, qui a été introduite en 2005, est le vaccin contre l’hépatite virale B.

« L’hépatite virale B évolue vers l’hépatite chronique et aussi vers le cancer du foie et le cancer du foie est mortel », déclare-t-il. « Depuis l’introduction de ce vaccin, la prévalence de l’hépatite virale B dans la population vaccinée parmi les enfants qui sont nés après l’introduction de vaccin est moins d’1% alors qu’elle est à plus de 11% au sein de la population générale ».

Le vaccin contre l’hépatite B est disponible pour les enfants de zéro à 23 mois.

Le deuxième cancer ciblé par un vaccin est celui du col de l’utérus, avec le vaccin contre le VPH introduit en 2019.

Mais Dr Shalom note qu’il y a « beaucoup de retard à attraper » car, malgré le fait que le cancer du col de l’utérus est l’un des principaux cancers au Cameroun, « l’adhésion à son vaccin est limitée ».

Des traitement coûteux pour le commun des Camerounais

Bien que le gouvernement camerounais subventionne la prise en charge du cancer, les coûts élevés demeurent une barrière majeure à l'accès aux traitements pour une majorité de Camerounais.

« Le traitement du cancer, en dehors des moyens humains que cela nécessite, demande de nombreux équipements et de médicaments très spécifiques. Ce n’est pas à la portée de tout le monde », précise Dr Shalom. « D'où l’importance de le prévenir. »

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