L’Institut international des vaccins annonce ses premiers bureaux en Afrique

L’organisation internationale entend renforcer la coopération des acteurs continentaux et accélérer la fabrication locale de vaccins au-delà de sa coopération existante avec de multiples centres médicaux nationaux.

  • 4 avril 2024
  • 4 min de lecture
  • par Claudia Lacave
Michael Lusiola, PDG de l'Institut Biovax, envisage un début de production de vaccins au Kenya en 2025. Crédit: Claudia Lacave / Hans Lucas
Michael Lusiola, PDG de l'Institut Biovax, envisage un début de production de vaccins au Kenya en 2025. Crédit: Claudia Lacave / Hans Lucas
 

 

Après plus de 25 ans d’existence, l’Institut international des vaccins (IVI) consolide sa présence en Afrique avec l’ouverture des deux premiers bureaux sur le continent d’ici la fin de l’année. L’organisation internationale a annoncé le 27 février 2024 son installation physique au Rwanda et au Kenya. Le premier accueillera l’administration régionale de l’IVI à Kigali tandis que le second, à Nairobi, portera l’initiative AVEC qui vise à améliorer la chaîne de création vaccinale de bout-en-bout en Afrique.

« En repensant la stratégie, le conseil d’administration a estimé que le travail de l’IVI pourrait grandement bénéficier d’être dirigé à la fois depuis le siège à Séoul, mais aussi depuis le terrain lui-même. C’est l’une des pièces maîtresses de la politique visant à étendre l’empreinte mondiale », explique Ondari Mogeni, responsable des relations avec les gouvernements africains.

L’institution, fondée en 1997 initialement sous le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), a ouvert l’année dernière ses premiers bureaux en-dehors de Corée du Sud, en Suède et en Autriche. Pour remplir sa mission de découverte, développement et approvisionnement des vaccins dans les pays à revenu faible et intermédiaire, l’IVI collabore avec des centres de recherche et de développement médical nationaux à travers le monde et dans 20 pays d’Afrique, encourageant notamment des transferts de technologie comme celui du vaccin oral contre le choléra avec Biovac en Afrique du Sud.

Le choix de la souveraineté vaccinale

Malgré ce fonctionnement en réseau, la pandémie de COVID-19 a révélé l’urgence de développer les capacités bio-industrielles sur le continent : « L’Afrique fait partie de ceux qui ont souffert de l’indisponibilité des vaccins. Nous ne devrions pas souffrir de la même manière pendant la prochaine pandémie », appuie Ondari Mogeni.

« L’Afrique fait partie de ceux qui ont souffert de l’indisponibilité des vaccins. Nous ne devrions pas souffrir de la même manière pendant la prochaine pandémie. »

– Ondari Mogeni, responsable des relations avec les gouvernements africains à l'IVI

Le projet AVEC est né ainsi que l’impératif pour l’IVI de se rapprocher de son terrain d’action. Le Rwanda a remporté l’appel d’offre face au Kenya, à l’Ethiopie, au Ghana et au Nigeria pour accueillir le bureau régional. Seul membre africain à part entière du conseil d’administration de l’IVI, le Rwanda a inauguré en décembre 2023 la première usine de vaccins à ARN messager du fabricant BioNTech en Afrique, l’entreprise ayant collaboré avec Pfizer contre la COVID-19. Il accueillera le pôle diplomatique de l’organisation avec le mandat de coordonner l'engagement des États, ministères et autres acteurs du secteur.

Le Kenya de son côté, « un pays incroyable en matière de plateforme et de capacité en recherche et développement médical » d’après l’épidémiologiste Mogeni, s’est imposé pour le lancement d’AVEC. L’initiative entend assurer la fabrication locale de vaccins et l’autosuffisance à travers un système global comprenant tous les aspects de réglementation, recherche et développement, ressources humaines et production. Le but : atteindre les 60 % de vaccins nécessaires produits sur le continent d’ici 2040, d’après la feuille de route du CDC Afrique.

L’agence gouvernementale Biovax au Kenya, dirigée par Michael Lusiola, a également représenté un atout dans le choix du pays : « L’IVI travaille avec les gouvernements. Parce que nous sommes le gouvernement, impliqué dans la fabrication de vaccins, il se trouve que nous sommes les acteurs clés. L'IVI veut se présenter comme un effort mené par le pays. Bien qu'il s'agit d'un bureau national, l'initiative concerne en fait le continent. »

En cours d’installation des équipements et de formation des employés – soutenu par l’IVI – Biovax devrait commencer les opérations de finition en 2025, avant de se lancer dans le remplissage en 2026 puis dans la préparation des formulations de vaccins dans un avenir proche.

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