La lutte contre le paludisme en cinq graphiques
Le paludisme, l’une des maladies les plus meurtrières au monde, continue de faire des ravages malgré une panoplie d’outils désormais disponibles pour le combattre.
- 29 novembre 2024
- 4 min de lecture
- par Priya Joi
Ce fléau millénaire, qui a marqué l’histoire des sociétés humaines, touche aujourd’hui principalement l’Afrique, bien qu’il reste répandu en Asie et en Amérique latine. L’Europe, quant à elle, a éliminé la maladie il y a des années, mais le réchauffement climatique risque d’étendre les habitats propices aux moustiques vecteurs, menaçant ainsi des zones jusque-là épargnées.
Après près d’un demi-siècle de travail, deux vaccins ont finalement été développés, prouvant leur sécurité et leur efficacité.
Entre 2000 et 2015, des progrès notables ont permis de réduire considérablement les cas et les décès liés au paludisme. Ces avancées ont été possibles grâce à des méthodes combinant l’utilisation d’insecticides, de moustiquaires et de traitements antipaludiques.
Cependant, l’émergence de résistances aux insecticides et aux médicaments remet en question ces acquis. Bien que les nouveaux vaccins contre le paludisme soient une avancée majeure, leur déploiement nécessite des investissements significatifs pour atteindre les populations vulnérables.
1. Le paludisme, l’un des principaux tueurs d’enfants de moins de cinq ans
Toutes les minutes, un enfant meurt du paludisme, une tragédie qui frappe surtout les familles vivant dans la pauvreté. Les mauvaises conditions d’assainissement, le manque d’accès à des logements adéquats ou aux soins de santé favorisent la propagation de la maladie.
Les populations les plus pauvres sont les plus durement touchées : 58 % des décès surviennent parmi les 20 % les plus pauvres de la population mondiale. Outre son coût humain, le paludisme entraîne des répercussions sociales et économiques majeures, plongeant des familles dans la pauvreté et privant des enfants d’éducation, compromettant ainsi leur avenir.
En avril 2024, le PNUD a appelé à des efforts conjoints pour combattre simultanément la pauvreté et le paludisme, en dépassant une approche exclusivement sanitaire.
2. Des progrès stagnants depuis plusieurs années
Entre 2000 et 2015, des efforts accrus ont réduit les décès dus au paludisme de près de 40 %. Cependant, ces progrès ont ralenti, notamment en raison des perturbations causées par la pandémie de COVID-19, qui a entraîné une hausse notable des décès liés au paludisme.
3. Une résistance croissante aux traitements
Lorsque la résistance à l’artémisinine – principal antipaludique utilisé dans les thérapies combinées – est apparue en Asie du Sud-Est, les experts se sont inquiétés des conséquences si elle venait à atteindre l’Afrique, où se concentrent 95 % des cas de paludisme et 96 % des décès liés à cette maladie.
Aujourd’hui, leurs craintes se confirment : la résistance se propage bel et bien en Afrique. L’une des mutations principales surveillées est PfKelch13, qui se manifeste cliniquement par un ralentissement de l’élimination des parasites, ce qui allonge la durée nécessaire pour éradiquer l’infection.
Bien que la plupart des infections restent traitables pour l’instant, le développement de nouveaux médicaments antipaludiques est très limité. Les scientifiques collaborent avec les pays pour ajuster leurs programmes de lutte contre le paludisme, notamment en explorant de nouvelles combinaisons de médicaments ou en associant l’artémisinine à deux antipaludiques plutôt qu’à un seul, dans le but de freiner la progression de la résistance.
4. Le développement d’un vaccin contre le paludisme : une avancée historique, mais à combiner avec d’autres interventions
Le développement d’un vaccin contre le paludisme a été une véritable épopée, mobilisant des chercheurs du monde entier qui ont fait de cette quête la mission de leur vie pour prévenir une maladie qui tue encore des millions de personnes.
Contrairement aux virus, les parasites posent un défi bien plus complexe pour la création de vaccins, car ce sont des organismes sophistiqués qui changent de forme selon les étapes de leur cycle de vie. Cela complique la tâche de préparer efficacement notre système immunitaire à les combattre.
Après près d’un demi-siècle de travail, deux vaccins ont finalement été développés, prouvant leur sécurité et leur efficacité.
L’OMS souligne toutefois qu’il est essentiel que ces vaccins soient administrés en complément des moustiquaires imprégnées d’insecticide et des antipaludiques préventifs (chimioprévention) pour offrir une protection complète contre cette maladie.
5. Les vaccins antipaludiques soutenus par Gavi sont en cours de déploiement en Afrique
À ce jour, 16 pays ont introduit ces vaccins grâce au soutien de Gavi : Ghana, Kenya, Malawi, Cameroun, Burkina Faso, Sierra Leone, Bénin, Libéria, Côte d’Ivoire, Soudan du Sud, Mozambique, République centrafricaine, Niger, Tchad, République démocratique du Congo et Soudan. D’autres pays devraient suivre dans les semaines à venir.
Ces vaccins ont un potentiel immense pour sauver des vies et réduire les cas de cette maladie dévastatrice. Gavi mène actuellement une campagne de financement pour la période 2026-2030, avec pour objectif de lever 9 milliards de dollars. Ces fonds permettront à des centaines de millions d’enfants d’accéder à une protection contre diverses maladies, dont le paludisme.