Paludisme : un guide de VaccinesWork

Cette semaine, VaccinesWork met le paludisme à l’honneur. Cette maladie parasitaire, aussi ancienne que redoutable, continue de tuer 600 000 personnes chaque année. Mais aujourd’hui, un nouvel outil de défense est en train de faire ses preuves, sauvant déjà des vies dans les régions les plus touchées. Plongez avec nous pour découvrir des récits captivants sur une révolution en cours : la vaccination contre le paludisme.

  • 29 novembre 2024
  • 5 min de lecture
  • par Maya Prabhu ,   James Fulker
Un père amène sa fille pour la peser et la vacciner contre le paludisme au Ghana. Crédit : Fonds mondial/Nana Kofi Acquah
Un père amène sa fille pour la peser et la vacciner contre le paludisme au Ghana. Crédit : Fonds mondial/Nana Kofi Acquah
 

 

On parle souvent de la lutte contre le paludisme comme d’une guerre qui dure depuis des millénaires. Mais en réalité, pendant la plus grande partie de notre histoire, cette bataille a été menée de manière désorganisée, avec d’immenses pertes au quotidien.

Cela dit, nous avons su construire, au fil des siècles, des moyens de défense essentiels : des moustiquaires, des médicaments efficaces, des campagnes de chimioprévention (parfois accompagnées d’un tonic), des adaptations évolutives comme le trait drépanocytaire, sans oublier les sprays et répulsifs anti-moustiques. La liste est longue.

Nous avons aussi réussi à infliger quelques coups décisifs. Prenez l’Italie : autrefois en proie au « mauvais air » (la traduction littérale de malaria en italien), le paludisme y a été éradiqué. Il a également disparu comme menace majeure dans la plupart des pays européens et aux États-Unis. Cela a été rendu possible, notamment, grâce à l’utilisation massive de DDT au milieu du XXe siècle – un pesticide qui semblait être la solution idéale, jusqu’à ce que ses impacts environnementaux soient pleinement révélés.

Grâce à ces efforts, des millions de vies ont été épargnées. Pourtant, on estime que le paludisme a causé 5 % de tous les décès humains au XXe siècle. Et chaque année, il continue de tuer 600 000 personnes.

Mais aujourd’hui, un tournant majeur est en vue. Une nouvelle arme contre la forme la plus meurtrière de cette maladie commence à être déployée auprès des jeunes enfants dans les régions les plus touchées. Et les premiers résultats sont déjà visibles. C’est une avancée majeure – et, soyons honnêtes, extrêmement enthousiasmante.

Le développement d’un vaccin sûr et efficace contre le paludisme est le fruit de plusieurs décennies de recherche acharnée. Avant cette percée, il n’existait aucun vaccin capable de lutter contre un parasite humain – des organismes bien plus complexes que les bactéries ou les virus ciblés par la plupart des vaccins.

Les vaccins actuels offrent une protection plus modeste que les vaccins bactériens ou viraux, mais face à l’ampleur des dégâts causés par le paludisme, ils représentent une avancée cruciale. Utilisés en combinaison avec d’autres outils essentiels, ils permettent d’ores et déjà de sauver et d’améliorer la vie de centaines de milliers d’enfants.

À quoi ressemble cet impact concret ? Nous avons déjà quelques exemples prometteurs. Le Kenya, le Malawi et le Ghana ont été les premiers à participer au Programme de mise en œuvre du vaccin contre le paludisme (MVIP), un projet pilote de grande envergure. Depuis 2019, certaines régions de ces pays utilisent ce vaccin, avec des résultats impressionnants.

En 2021, Pius Wanyama, spécialiste des vaccins au Kenya, a témoigné : « Avant l’introduction du vaccin contre le paludisme, les cas graves étaient fréquents. Il était rare de passer une journée sans voir un enfant en convulsions à cause d’une forte fièvre. Depuis que le vaccin a été introduit, nous avons toujours des cas, mais ils sont bien moins graves. »

À Kisumu, une région endémique du Kenya, une mère appelée Mary-Anne a confié à VaccinesWork en 2023 : « Le paludisme n’est plus un problème aussi important grâce au vaccin. Ici, à Nyalenda B, les gens sont vraiment reconnaissants. »

Au Malawi, Laban Mtenje, un assistant sanitaire, se souvient d’une époque où les mois de janvier et février étaient synonymes d’un afflux massif de cas de paludisme. « Ce n’est plus le cas ces dernières années. Par exemple, le mois dernier, nous avons testé 12 enfants de moins de cinq ans pour le paludisme – aucun n’était positif. C’est un signe que le vaccin fonctionne. » Pendant ce temps, le Ghana a placé l’élimination du paludisme en tête de ses priorités.

Après une année intense, 16 pays africains vaccinent désormais leurs enfants contre le paludisme dans le cadre de programmes systématiques. D’autres devraient les rejoindre l’année prochaine. Mais pour maintenir cet élan, Gavi, l’Alliance du vaccin, qui soutient ces déploiements, a besoin de financements urgents.

L’objectif est de lever 9 milliards de dollars pour la période 2026-2030, dont une part significative sera consacrée au vaccin contre le paludisme. Ce financement permettrait à 50 millions d’enfants d’être vaccinés dans les cinq prochaines années. Cela représente environ 7 % de tous les bébés qui naîtront dans le monde – un chiffre énorme qui pourrait transformer notre lutte contre ce tueur ancestral.

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