Recevoir plusieurs vaccins peut-il surcharger le système immunitaire d’un enfant ? La science répond

Des décennies de données montrent qu’il est sûr d’administrer plusieurs vaccins à la fois aux enfants.

  • 29 septembre 2025
  • 4 min de lecture
  • par Priya Joi
Une mère tient son enfant lors d’une séance de vaccination contre la rougeole dans la région du Tigré, en Éthiopie. Crédit : Gavi/2024/Mulugeta Ayene
Une mère tient son enfant lors d’une séance de vaccination contre la rougeole dans la région du Tigré, en Éthiopie. Crédit : Gavi/2024/Mulugeta Ayene
 

 

Une crainte fréquente – et infondée – concernant les vaccins est que le fait d’administrer plusieurs vaccins à des bébés ou jeunes enfants en même temps pourrait surcharger leur système immunitaire encore fragile et les rendre malades, voire provoquer des problèmes de santé chroniques.

Mais les preuves scientifiques sont sans équivoque : les vaccins ne surchargent pas notre système immunitaire.

Pourquoi les enfants reçoivent-ils autant de vaccins en même temps ?

Pourquoi donc les enfants reçoivent-ils de nombreux vaccins au cours de leurs premiers mois de vie, puis à nouveau au moment d’entrer à l’école ? Tout simplement parce que ce sont les périodes où ils sont le plus à risque et ont le plus besoin de vaccins qui sauvent des vies.

Le système immunitaire des jeunes enfants est encore en développement et n’a pas encore rencontré la plupart des bactéries ou virus, ce qui les rend extrêmement vulnérables aux maladies évitables par la vaccination. Le calendrier vaccinal pédiatrique est conçu pour protéger les nourrissons et les enfants aux moments où ils sont les plus exposés – et il est étayé par des décennies de tests et de suivi de sécurité.

L’Organisation mondiale de la Santé résume clairement pourquoi il est essentiel de respecter le calendrier vaccinal : « Les antigènes [particules responsables des maladies] présents dans les vaccins représentent une fraction infime de ce que notre organisme affronte naturellement chaque jour. »

Les vaccins ne surchargent pas le système immunitaire – ils le préparent à combattre des maladies dangereuses.

Ainsi, étaler les vaccinations dans l’idée de « ménager » le système immunitaire d’un nourrisson a en réalité l’effet inverse : cela expose l’enfant à un risque accru de maladies graves comme la rougeole.

Que se passe-t-il dans le corps d’un enfant lorsqu’il reçoit un vaccin ?

Les vaccins sont conçus pour entraîner le système immunitaire en toute sécurité, en lui présentant une version inoffensive d’un agent pathogène – ou simplement une partie contenant des antigènes. Cela déclenche une réponse immunitaire qui produit des anticorps protecteurs.

Les anticorps circulent dans le sang, prêts à intervenir si l’enfant est exposé à une infection.

Avec certains vaccins, le taux d’anticorps peut diminuer après la vaccination initiale. Dans ces cas-là, des doses de rappel sont administrées afin de renforcer l’immunité et de garantir une protection continue contre la maladie.

Comment sait-on que l’administration de plusieurs vaccins est sûre ?

Les calendriers vaccinaux pour les enfants existent depuis le début des années 1970, et au début des années 2000 ils ont été élargis pour inclure des vaccins contre les infections à pneumocoques.

À cette époque, plusieurs études importantes ont été publiées pour vérifier si la combinaison de vaccins pouvait surcharger le système immunitaire des enfants. Une étude de référence publiée en 2002, répondant aux inquiétudes de parents face aux calendriers vaccinaux, a confirmé que même lorsqu’un enfant reçoit plusieurs vaccins lors du même rendez-vous, son système immunitaire n’est pas « surchargé ». Le Dr Paul Offit, de l’Hôpital pour enfants de Philadelphie, a même estimé qu’en théorie, le système immunitaire d’un nourrisson pourrait répondre à 10 000 vaccins en même temps sans être affaibli.

La même année, l’Institute of Medicine (IOM), une organisation américaine à but non lucratif, a publié les résultats d’une vaste étude visant à déterminer si de multiples vaccinations pouvaient provoquer une « dysfonction immunitaire ». L’IOM a conclu que la multiplicité des vaccins administrés aux nourrissons et aux enfants n’augmente pas leur risque de dysfonction immunitaire, d’infections graves ou de maladies auto-immunes comme le diabète de type 1.

En 2006, le Comité consultatif mondial de la sécurité vaccinale de l’OMS a examiné la question d’une éventuelle surcharge immunitaire liée aux vaccins. Sa conclusion : les données analysées « ne soutiennent pas l’hypothèse selon laquelle les vaccins, tels qu’ils sont utilisés aujourd’hui, affaibliraient ou endommageraient le système immunitaire ».

Soucieux de vérifier si cette compréhension restait à jour, des chercheurs associés à l’organisation de santé à but non lucratif Kaiser Permanente, aux États-Unis, ont publié en 2018 un article dans le Journal of the American Medical Association montrant qu’il n’existe aucun lien entre les vaccins administrés avant l’âge de deux ans et les infections dues à des agents infectieux non ciblés par ces vaccins entre deux et quatre ans — en d’autres termes, les vaccins n’entraînent pas de hausse d’autres maladies.

Qu’en est-il des effets secondaires des vaccins ?

L’inquiétude liée à une supposée « surcharge immunitaire » peut venir, pour certains parents ou aidants, des effets secondaires temporaires comme la fièvre ou les douleurs musculaires qui surviennent souvent après une vaccination (chez les adultes comme chez les enfants). Ces réactions ne sont pas dangereuses et indiquent simplement que le système immunitaire est en train d’apprendre à nous protéger.

Les effets secondaires graves sont extrêmement rares, mais ils existent. C’est pourquoi les agences de santé internationales ainsi que les autorités nationales surveillent en permanence la sécurité des vaccins.

Les vaccins sont rigoureusement testés avant d’être administrés, et l’ordre dans lequel ils sont intégrés au calendrier vaccinal des enfants est soigneusement réfléchi. Aucun vaccin n’est donné s’il n’apporte pas un bénéfice sanitaire clair.

Mais les tests de sécurité menés avant la mise à disposition d’un vaccin ne constituent pas une fin en soi : les vaccins font ensuite l’objet d’une surveillance continue afin de détecter d’éventuels « signaux de sécurité », c’est-à-dire tout indice qu’un vaccin pourrait causer un problème. Les autorités de régulation sont prêtes à réagir rapidement si de tels signaux apparaissent.