Six choses à savoir sur la toux de 100 jours
La coqueluche, parfois appelée la toux de 100 jours, est en augmentation au Royaume-Uni et aux États-Unis. Voici ce qu'il faut savoir.
- 29 octobre 2024
- 5 min de lecture
- par Priya Joi

La coqueluche est une infection extrêmement contagieuse et qui peut être très grave : elle provoque des quintes de toux dont la violence est telle qu’elle peut entraîner des difficultés respiratoires et empêcher de manger ou de dormir. Avant la mise au point des vaccins, la maladie (causée par la bactérie Bordetella pertussis) était très meurtrière : elle tuait un enfant sur dix, soit deux fois plus que la rougeole et la poliomyélite réunies.
Aujourd'hui, la baisse des taux de vaccination dans certains pays à revenu intermédiaire ou élevé entraîne un retour inquiétant de la maladie. Voici six informations essentielles sur la maladie, les raisons de sa propagation et les moyens de l'enrayer :
1. Le nom de la maladie vient du sifflement caractéristique à la fin des quintes de toux
Les premiers symptômes de la coqueluche ressemblent à ceux d'un simple rhume, mais ils évoluent vers de violentes quintes de toux qui peuvent durer plusieurs minutes et sont ponctuées, lorsque le malade essaie de reprendre sa respiration, d'un sifflement fort et aigu semblable au "chant du coq" (cliquer ici pour écouter à quoi cela ressemble). Ces quintes de toux peuvent durer trois mois, d'où le nom de "toux de 100 jours".
2. Les vaccins sont très efficaces pour prévenir l’infection
Le vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche acellulaire (DTCa) protège 98 % des enfants contre l'infection au cours de la première année suivant la dernière dose, et 71 % des enfants cinq ans après la dernière dose. Il existe d'autres formulations du vaccin, comme le vaccin pentavalent, qui protège également contre l'hépatite B et Haemophilus influenzae de type B (Hib). Grâce au soutien de Gavi, ce vaccin est actuellement disponible dans les 73 pays dont le revenu est le plus faible au monde.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande d’administrer trois doses de vaccin contre la coqueluche à tous les nourrissons, et une dose de rappel aux enfants âgés de un à six ans. L'immunité pouvant s'estomper à l'adolescence ou à l'âge adulte, certains pays proposent également des doses de rappel aux adolescents et aux adultes, ainsi qu'aux femmes enceintes pour protéger leur nouveau-né jusqu’à ce qu’on puisse le vacciner.
3. Les infections augmentent dans les pays où la maladie était auparavant sous contrôle
Les cas de coqueluche sont en augmentation en Angleterre. Cette année, par exemple, 556 cas ont été recensés en janvier, 918 en février, 1 319 en mars et 1 888 en avril. Aujourd'hui, le nombre mensuel d’infections est supérieur à la totalité des cas (858) recensés pour toute l'année 2023.
Les données de l'Agence britannique de sécurité sanitaire (UK Health Security Agency - UKHSA) montrent que le Royaume-Uni n'atteint pas l'objectif fixé par l'OMS, à savoir la vaccination de 95 % des enfants de moins de cinq ans. Alors que le recours au vaccin six-en-un (contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, Hib, l'hépatite B et la poliomyélite) et au vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) a dépassé les objectifs de l'OMS en Écosse et au Pays de Galles, pour l'ensemble du Royaume-Uni, seulement 84,5 % des enfants de moins de cinq ans ont été vaccinés.
Parallèlement, aux États-Unis, le nombre de cas de coqueluche signalés a augmenté dans tout le pays : à la mi-juin 2024, on comptait 6 275 cas déclarés, soit trois fois plus qu'à la même période en 2023 (2 113 cas rapportés).
4. La baisse des taux de vaccination est parfois plus une question d’accessibilité que d’hésitation
Si la baisse du taux de vaccination est préoccupante, il ne faut pas, selon certains experts, l’attribuer uniquement à la seule réticence des parents à faire vacciner leurs enfants. Si c'est le cas pour une petite minorité de parents, l'écrasante majorité d'entre eux continue de croire en la vaccination, affirme le pédiatre américain David M. Higgins. Des données récentes montrent que 93 % des parents d'élèves de maternelle ont choisi de faire administrer à leurs enfants tous les vaccins exigés par l'État.
D’après le Dr Higgins, le problème est peut-être dû aux difficultés rencontrées par de nombreuses familles défavorisées pour avoir accès aux vaccins. C’est particulièrement vrai aux États-Unis, où de nombreuses familles qui comptaient l'année dernière sur Medicaid ont perdu leur droit à cette aide, le gouvernement américain ayant changé de politique et l’ayant supprimée pour de nombreuses familles à faible revenu. Ainsi, pour de nombreuses familles aux revenus extrêmement faibles, les vaccins pour les enfants ne sont plus gratuits.
Au Royaume-Uni de même, une enquête menée en 2019 par Public Health England a révélé que 95 % des parents déclaraient avoir confiance dans les vaccinations et que seulement 3 % d'entre eux avaient refusé un ou plusieurs vaccins. Toutefois, selon le British Medical Journal, la fragmentation croissante du parcours de soins de santé primaires pour les enfants depuis les réformes du système de santé de 2012 a accru les obstacles auxquels les parents sont confrontés lorsqu'ils tentent de faire vacciner leurs enfants. Un rapport du National Audit Office britannique daté de 2019 note « un manque de cohérence dans la manière dont les parents sont invités à faire vacciner leurs enfants et dans la façon dont on le leur rappelle ».
5. Cela affecte essentiellement les bébés et les enfants, mais tous les âges peuvent être concernés
Ce sont les bébés et les jeunes enfants qui sont les plus menacés, les bébés étant particulièrement vulnérables pendant la période précédant leur vaccination. C'est pourquoi les experts recommandent vivement aux femmes enceintes de se faire vacciner, pour protéger leur enfant avant qu’on puisse le vacciner à son tour. Même si les antibiotiques sont efficaces contre l'infection, les médecins peuvent avoir du mal à diagnostiquer la maladie suffisamment tôt, sachant que les premiers symptômes ressemblent à ceux d'un rhume. Au Royaume-Uni, à ce jour, huit enfants sont morts de la coqueluche en 2024.
6. La coqueluche peut être confondue avec d'autres infections virales qui provoquent également une toux violente
La recrudescence de la coqueluche au Royaume-Uni a coïncidé avec un début d'année particulièrement froid et humide, au cours duquel tout un tas de virus respiratoires ont également fait leur apparition. Par exemple, les virus parainfluenza peuvent provoquer une toux persistante accompagnés de glaires, ou une toux rauque, également appelée toux ‘aboyante’, comparable à un cri de phoque (toux du phoque), qui peut être associée à une respiration sifflante aiguë (on parle alors de croup). Les adénovirus peuvent également être à l'origine du croup. Le virus respiratoire syncytial (VRS), autre cause fréquente de maladie infantile, provoque initialement une toux sèche, puis une toux grasse due à l’encombrement des bronches et une respiration rapide avec des sifflements.
Davantage de Priya Joi
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