Portrait vaccinal : le vaccin contre Haemophilus influenzae de type b (Hib)

Avant que la vaccination contre Haemophilus influenzae ne devienne systématique, cette infection était l'une des plus meurtrières pour les enfants de moins de cinq ans et la principale cause de méningite. Il est nécessaire de maintenir une couverture vaccinale élevée pour tenir cette menace à distance, en particulier compte tenu de la résistance croissante aux antibiotiques utilisés pour traiter les infections à Hib.

  • 30 octobre 2023
  • 5 min de lecture
  • par Priya Joi
Illustration en 3D de la bactérie Haemophilus influenzae.
Illustration en 3D de la bactérie Haemophilus influenzae.
 

 

Malgré son nom, Haemophilus influenzae de type b (Hib) n'a rien à voir avec la grippe. La bactérie a été découverte en 1892 lors d'une épidémie de grippe et a été considérée à tort comme la cause de la grippe. Ce n'est qu'en 1933 que les scientifiques ont découvert que la grippe était causée par un virus et que Hib était une bactérie, dont la présence chez des sujets malades de la grippe résultait d’une surinfection.

Le vaccin Hib est également administré intégré au vaccin pentavalent qui protège en outre contre la diphtérie, la coqueluche, le tétanos et l'hépatite B.


Avant la mise au point d'un vaccin, la bactérie Hib était extrêmement redoutable pour les enfants de moins de cinq ans, car elle peut provoquer une série d'affections mortelles, allant de la pneumonie à la méningite en passant par la septicémie. En 2000, Hib était encore responsable d’environ 2,1 millions d'infections graves et de 299 000 décès chez les enfants.

Aujourd'hui encore, les enfants sont très vulnérables s'ils ne sont pas vaccinés, car même avec un traitement, un enfant atteint de méningite à Hib sur 20 en meurt. En 2015, près de 82 % des décès dus à la méningite à Hib sont survenus dans les régions d'Afrique et d'Asie du Sud-Est, qui représentaient à elles toutes 51 % de la population infantile cette année-là. La plupart des cas graves de maladie à Hib surviennent chez les enfants non vaccinés. Dans les régions qui n’ont pas de problème d’accès au vaccin, l'hésitation face à la vaccination est en grande partie responsable de persistance de la maladie.

Une menace pour la vie des enfants

Haemophilus influenzae de type b (Hib) est une bactérie qui peut infecter la paroi du cerveau et provoquer une méningite qui se manifeste par de la fièvre, une raideur de la nuque, de la somnolence, et peut plonger l'enfant atteint dans le coma ou entraîner sa mort.

Différentes bactéries peuvent être à l'origine de méningites, mais avant l’introduction du vaccin, c’était Hib qui en était la cause la plus fréquente. Hib peut également provoquer des septicémies (présence des bactéries dans la circulation sanguine), des pneumonies et des épiglottites. Dans le cas de l'épiglottite, l'épiglotte – qui empêche les aliments de pénétrer dans la trachée lors de la déglutition – est infectée ; elle bloque alors la trachée, ce qui, chez les enfants, peut éventuellement entraîner la mort par étouffement.

Le développement du vaccin

Un premier vaccin Hib a été approuvé en 1985 aux États-Unis, puis un vaccin conjugué amélioré a été homologué en 1987. Le vaccin Hib conjugué est un vaccin inactivé fabriqué en liant chimiquement un polysaccharide (sucre) à une protéine, ce qui permet de prolonger la durée de la protection. Les nourrissons reçoivent généralement leur première dose de vaccin Hib à l'âge de 2 mois et terminent la série à l'âge de 12 à 15 mois.

Le vaccin Hib a été introduit dans presque tous les pays à revenu élevé à la fin des années 1980. Mais, il faudra attendre 15 à 20 ans avant qu'il ne soit largement utilisé dans les pays à faible revenu où la charge de morbidité est élevée. En 1999, dix ans après son homologation, le vaccin Hib n'était disponible que dans un seul pays à faible revenu, la Gambie, qui l’a introduit dans son programme national de vaccination en 1997. Le vaccin Hib a permis de réduire de 90 % les cas de maladie invasive à Hib.

En 2000, Gavi a offert son soutien pour élargir l'accès au vaccin, mais son adoption a été lente dans ces pays, à cause du coût du vaccin et d'un manque de sensibilisation et de compréhension de l’infection à Hib et de ses conséquences.

En 2005, le conseil d'administration de Gavi a accordé une subvention de 37 millions de dollars pour mettre en place l'Initiative Hib qui visait à catalyser l'adoption du vaccin. Cette initiative a combiné l'expertise de l'École de santé publique Johns Hopkins Bloomberg, de l'École d'hygiène et de médecine tropicale de Londres et des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui ont partagé les données existantes, et mené conjointement des recherches et des actions de sensibilisation et aidé les pays à monter des dossiers en vue de l'adoption du vaccin Hib. Cette initiative a bénéficié du soutien de l’OMS qui a émis en 2006 une recommandation mondiale en faveur de la vaccination contre Haemophilus influenzae de type b.

Le vaccin Hib est également administré intégré au vaccin pentavalent qui protège en outre contre la diphtérie, la coqueluche, le tétanos et l'hépatite B. Le vaccin pentavalent présente plusieurs avantages, notamment le fait que les enfants n'ont besoin que de trois injections au lieu de neuf. Dans les pays soutenus par Gavi, la couverture vaccinale avec le vaccin pentavalent est passée de 1 % en 2000, lorsque la plupart des pays à faible revenu utilisaient plutôt le vaccin trois-en-un contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTC), à 81 % en 2018.

Une menace persistante

En 2015, malgré l'existence d'un vaccin très efficace, on estimait encore à 340 000 le nombre d'épisodes de maladies graves à Hib chez les enfants au niveau mondial.

En 2015, 42 % des enfants n'étaient toujours pas vaccinés contre Hib, ce qui montre qu'il reste encore beaucoup à faire pour que ceux qui en ont le plus besoin puissent bénéficier de ce vaccin susceptible de leur sauver la vie. L'hésitation face à la vaccination est en partie responsable de cette situation, certains parents croyant à tort à les fausses informations affirmant que cinq antigènes dans un seul vaccin, c'est trop pour leurs enfants.

Il est urgent de renforcer la couverture vaccinale : s'il existe bien des antibiotiques pour traiter les infections à Hib, des souches résistantes ont été signalées partout dans le monde ; il est donc plus que jamais nécessaire d’augmenter l'utilisation de ce vaccin au niveau mondial.