Des moustiques porteurs de la dengue ont été détectés au Royaume-Uni : faut-il s’en inquiéter ?
Des scientifiques britanniques tirent la sonnette d’alarme après la découverte, dans le cadre d’un programme de surveillance, de moustiques vecteurs de la dengue et du Zika.
- 7 octobre 2025
- 4 min de lecture
- par Linda Geddes

Des moustiques capables de transmettre la dengue, le chikungunya et le virus Zika ont été détectés au Royaume-Uni dans le cadre d’un programme de surveillance, confirmant leur progression vers le nord.
Historiquement, le moustique-tigre asiatique (Aedes albopictus) et le moustique d’Égypte ou moustique de la fièvre jaune (Aedes aegypti) étaient confinés aux régions subtropicales et tropicales du globe. Mais en raison de la hausse des températures et d’hivers plus doux, ils s’installent désormais durablement dans plusieurs zones d’Europe du Sud et du Centre.
Ces facteurs devraient également favoriser leur progression vers le nord, exposant de nouvelles populations aux maladies qu’ils transmettent.
Pour réduire ce risque, l’Agence britannique de sécurité sanitaire (UKHSA) et ses partenaires ont renforcé leurs activités de surveillance au cours des cinq dernières années, notamment en installant des ovitraps — des dispositifs qui imitent les sites de ponte de ces moustiques — dans les ports maritimes, les aéroports et les grands axes routiers en Angleterre, au pays de Galles et en Irlande du Nord.
En comptant le nombre d’œufs recueillis dans ces pièges et en envoyant les œufs ou les larves en laboratoire pour identification, les scientifiques peuvent suivre la croissance et la répartition des populations de moustiques.

Une nouvelle étude publiée dans la revue PLOS Global Public Health suggère que les détections de Ae. albopictus et d’Ae. aegypti deviennent de plus en plus fréquentes, avec des implications pour la santé publique.
Comment les moustiques invasifs sont-ils surveillés ?
La surveillance des moustiques invasifs a débuté dans les ports britanniques en 2010. En 2019, ces efforts s’étaient étendus à 56 sites — notamment des ports maritimes, des aéroports, des terminaux ferroviaires et des aires routières — avec des campagnes de piégeage menées de juin à octobre.
Grâce à cette surveillance, des œufs d’Ae. albopictus ont été détectés pour la première fois en 2016 sur une aire de repos pour camions dans le Kent, puis à nouveau entre 2017 et 2019. Cependant, un renforcement des contrôles et des mesures ciblées a permis d’éviter l’établissement de populations plus larges ou durables.
La nouvelle étude présente les résultats de la surveillance des moustiques invasifs menée par l’UKHSA entre 2020 et fin 2024. Le Dr Colin Johnston, du Centre for Climate and Health Security de l’UKHSA à Porton Down, et ses collègues ont régulièrement examiné 1 070 *ovitraps* répartis sur 117 sites en Angleterre, au pays de Galles et en Irlande du Nord, afin de répondre au « risque croissant d’introduction posé par Ae. albopictus et d’autres espèces capables de transmettre des agents pathogènes à l’homme et à l’animal », ont expliqué les chercheurs.
Quels moustiques ont-ils trouvé ?
Entre 2020 et 2022, aucun moustique invasif n’a été détecté — probablement parce que la pandémie de COVID-19 a réduit le trafic aérien et routier en provenance de régions où ces espèces sont courantes, limitant ainsi leurs possibilités de « voyager clandestinement » vers de nouvelles zones.
Pour aller plus loin
Cependant, en septembre 2023, les chercheurs ont détecté des œufs d’Ae. aegypti dans un entrepôt de fret près de l’aéroport de Londres-Heathrow. Cette découverte est particulièrement notable, ont-ils souligné : « Les seules incursions connues de cette espèce jusqu’à présent remontent à la découverte d’un mâle adulte près de Liverpool en 2017 ; à la présence suspectée de 7 à 10 moustiques liés à des marins atteints de fièvre jaune dans le port de Swansea, au pays de Galles, en 1865 ; et, de manière plus curieuse, à des larves trouvées dans une cavité d’hêtre à Epping Forest en 1919. »
À la suite de cette découverte, la surveillance locale a été renforcée, mais aucun autre œuf n’a été détecté, ce qui laisse penser qu’il s’agissait d’un incident isolé.
Puis, en août 2024, des spécimens d’Ae. albopictus ont été identifiés pour la première fois depuis 2019, près d’un restaurant à service au volant situé sur une aire de la M20, dans le Kent, au sud-est de l’Angleterre.
« Étant donné qu’il a été établi que l’Ae. albopictus peut voyager à l’intérieur de véhicules, il est probable qu’un moustique ait été transporté depuis l’Europe continentale et soit sorti lorsque le véhicule s’est arrêté », ont expliqué les chercheurs. « Ces restaurants à fort passage n’avaient jusqu’ici pas été considérés comme des sites prioritaires pour la surveillance ciblée, ce qui souligne l’importance de contrôler ce type d’endroits où des moustiques invasifs peuvent être introduits accidentellement. »
« Fait essentiel, aucun autre œuf, aucune larve ni aucun moustique adulte n’ont été retrouvés dans les autres pièges lors des opérations de surveillance régulières et renforcées, ni dans des contenants abandonnés remplis d’eau, ce qui suggère qu’il s’agissait d’une incursion temporaire en provenance de l’extérieur du Royaume-Uni. »
Que signifient ces découvertes pour la santé publique ?
Jusqu’à présent, rien n’indique que l’une ou l’autre de ces espèces se soit installée durablement au Royaume-Uni. Mais à mesure que le climat devient plus favorable à leur survie, le risque de propagation de la dengue, du Zika et du chikungunya augmente.
« Ces détections soulignent la nécessité de maintenir et de renforcer la surveillance afin de réduire la menace des maladies transmises par les moustiques », ont déclaré Johnston et ses collègues. « Sans action rapide, le Royaume-Uni s’expose au risque de voir des populations de moustiques invasifs s’établir durablement. »
Davantage de Linda Geddes
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