« Peut-être qu’un jour, on n’entendra plus parler de la polio » : en RDC, ne laisser aucune chance au virus

La République Démocratique du Congo doit encore faire face à une épidémie de poliomyélite. Pour combattre le virus, le programme élargi de vaccination et ses partenaires ont organisé deux phases de campagnes de vaccination de porte à porte dans sept provinces du pays.

  • 5 septembre 2022
  • 4 min de lecture
  • par Patrick Kahondwa
Un vaccinateur prêt à partir en mission dans la ville de Kindu dans la province du Maniema. Crédit : Yves Ndjadi, Communication PATH RDC.
Un vaccinateur prêt à partir en mission dans la ville de Kindu dans la province du Maniema. Crédit : Yves Ndjadi, Communication PATH RDC.
 

 

Succès retentissant de la campagne de vaccination

Le premier passage a eu lieu au mois de mai 2022, permettant de vacciner plus de 7,7 millions d’enfants de 0 à 59 mois, soit une couverture vaccinale de 102,8%. Le second passage a été effectué au mois de juillet, avec au total plus de 7,3 millions d’enfants vaccinés, soit 106,1% de couverture.

La province la plus touchée, celle du Maniema a déjà enregistré 56 cas de paralysie liée à cette maladie. Dans cette province, la campagne de vaccination a concerné toutes les 18 zones et 282 aires de santé. Au cours de la première phase, la province a réalisé une couverture vaccinale de 108%. La deuxième phase a permis d’atteindre plus de 620.000 enfants, représentant une couverture moyenne de 106,3%. La couverture la plus élevée a été enregistrée dans la zone de santé de Salamabila avec 126% d’enfants vaccinés.

« Dans notre village il y a des enfants qui ont été paralysés par cette maladie. Pour ce qui me concerne, vu la gravité de la maladie et pour protéger mes enfants, j’ai pris la décision de les faire vacciner contre la polio ».

Ce succès s’explique par une bonne sensibilisation et l’appui des différents partenaires, soutient David Olela, chargé de communication du programme élargi de vaccination, ainsi que par la surveillance continue pour permettre d’identifier chaque nouveau cas le plus rapidement possible et décider d’une riposte.

Campagne de vaccination à Kindu
Des agents dans la ville de Kindu, dans la province du Maniema, lors d'une campagne de vaccination contre la polio.
Crédit : Yves Ndjadi, communication PATH RDC

Le défi de l’accès aux services de santé

« Il y a eu des difficultés dans l’organisation de cette campagne, principalement d’ordre logistique », reconnait Dr Walumba du programme élargi de vaccination dans la province du Maniema.

Cette campagne a été organisée dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Dans ce contexte, on a vu la circulation de nombreuses rumeurs, provoquant la résistance de certains ménages.

« Pour faire face à tout cela, on était obligé de mettre en place une formule appropriée. On a eu à impliquer les autorités politico-administratives et les leaders d’opinion pour essayer de résoudre certains cas de refus ou de résistance ».

Vaccin oral contre la polio
Un enfant reçoit le vaccin oral contre la polio.
Crédit : Yves Ndjadi, communication PATH RDC

Une longue vie en bonne santé pour tous les enfants

Gisèle, mère de trois enfants, habitante de Salamabila, a fait vacciner ses enfants contre la poliomyélite, comme d’autres femmes de son village, malgré les rumeurs sur le vaccin. Pour elle, il est du devoir de chaque parent de faire vacciner les enfants pour permettre leur épanouissement et leur croissance en bonne santé.

« La poliomyélite est une maladie grave et qui peut conduire à des paralysies irréversibles », explique-t-elle. « Et aucun parent ne peut souhaiter voir son enfant paralysé, parce qu’il ne pourra pas aller à l’école et sera privé de plusieurs choses à cause de sa paralysie. Dans notre village il y a des enfants qui ont été paralysés par cette maladie. Pour ce qui me concerne, vu la gravité de la maladie et pour protéger mes enfants, j’ai pris la décision de les faire vacciner contre la polio ».

Vaccination contre la polio
Un vaccinateur marque le doigt d'un enfant pour confirmer qu'il a bien reçu un vaccin contre la polio.
Crédit : Yves Ndjadi, communication PATH RDC

Dr Polepole Tshomba est médecin en charge de la réadaptation physique au Sud-Kivu et membre du Rotary Club de Bukavu, un mouvement philanthropique fait de l’éradication de la poliomyélite à travers le monde sa lutte. Chaque année ce mouvement donne une contribution financière au fond polio pour l’achat de vaccins et d’autres matériels de lutte contre cette maladie.

En RDC, le Rotary sensibilise sur la propreté et met en œuvre des projets d’adduction d’eau dans plusieurs villages du pays. Dans le Sud-Kivu par exemple, 52 bornes fontaines ont été installées, desservant une population de plus ou moins quatre-vingt mille personnes.

« Le Rotary participe aux campagnes de vaccination contre la polio pour qu’aucun enfant ne rate cette opportunité. La polio est une maladie des mains sales, mais contre laquelle on peut lutter grâce aux vaccins. La vaccination contre la polio a fait ses preuves, et peut-être qu’un jour, on n’entendra plus parler de la polio », espère ce rotarien.