Deux vaccins, une cible : comment agissent les vaccins antipaludiques RTS,S et R21
Après des dizaines d’années de développement et d'essais, les vaccins contre le paludisme actuellement déployés dans toute l'Afrique sont les premiers à être capables de cibler un parasite, et non pas un virus ou une bactérie. Mais comment ces vaccins révolutionnaires agissent-ils ?
- 2 décembre 2024
- 3 min de lecture
- par Linda Geddes
![Vaccination antipaludique d’un enfant au Burkina Faso. Crédit : Gavi/2024/Arnauld Yalgwueogo](/sites/default/files/vaccineswork/2024/Header/RS49813_7S4A1129_h1.jpg)
Le Plasmodium, parasite responsable du paludisme, est un ennemi complexe. Avec son cycle de vie en plusieurs phases et sa capacité de modifier son enveloppe protéique pour échapper au système immunitaire, la mise au point d'un vaccin a constitué un véritable challenge.
Aujourd'hui, après des dizaines d’années d'efforts, le monde dispose de deux vaccins pour protéger les enfants contre Plasmodium falciparum, le plus meurtrier des parasites responsables du paludisme.
Les deux vaccins induisent la production d'anticorps qui empêchent les sporozoïtes d'infecter les cellules du foie. Ceux qui parviennent à pénétrer les cellules hépatiques sont attaqués par les lymphocytes T, également activés par les vaccins.
Le paludisme se transmet de personne à personne par la piqûre de moustiques femelles du genre Anopheles. Le cycle de l'infection débute avec l’injection, par le moustique du parasite présent dans ses glandes salivaires, sous forme de ‘sporozoïtes’, de forme allongée et très mobiles.
![Infographic of the life cycle of the malaria parsite](/sites/default/files/vaccineswork/2024/Body/GAVI_RC075_22_Malaria_Vaccine_V1_h2.jpg)
Une fois à l'intérieur du corps, ces parasites passent d'un tissu à l'autre, en changeant constamment de forme (voir figure). C'est le stade sporozoïte de leur cycle de vie qui est la cible des vaccins RTS,S et R21/Matrix M. Ils visent à bloquer le parasite avant qu'il n'ait le temps de se développer de manière incontrôlée.
Les deux vaccins ciblent une protéine présente à la surface des sporozoïtes, appelée protéine circumsporozoïte (CSP), qui aide les sporozoïtes à envahir les cellules du foie.
Le vaccin RTS,S contient des fragments de la protéine CSP liés à une protéine du virus de l'hépatite B qui s'auto-assemblent naturellement pour former des particules qui ressemblent à des virus mais sont totalement inoffensives. Présentée ainsi la protéine CSP permet d'alerter le système immunitaire et d’induire une forte réponse vaccinale.
Pour aller plus loin
Le vaccin R21 contient également des fragments de la protéine CSP du sporozoïte liés à la protéine du virus de l'hépatite B, mais le processus de fabrication est différent, ce qui fait qu'un plus grand nombre de molécules de CSP sont attachées à chaque particule de protéine virale.
Les deux vaccins contiennent des adjuvants différents. Il s’agit de substances qui renforcent la réponse du système immunitaire à la protéine CSP (l'antigène).
Les deux vaccins induisent la production d'anticorps qui empêchent les sporozoïtes d'infecter les cellules du foie. Ceux qui parviennent néanmoins à pénétrer les cellules hépatiques sont attaqués par les lymphocytes T, également activés par les vaccins.
Aucune étude n’a été réalisée pour comparer les deux vaccins mais, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « à ce jour, rien ne prouve qu’un vaccin est plus efficace que l’autre. »
L'OMS a accordé aux deux vaccins le statut de préqualification, qui garantit leur conformité aux normes de qualité, d’innocuité et d’efficacité, et leur permet de figurer sur la liste des produits utilisables dans les programmes de vaccination. Quant au choix du vaccin à utiliser dans un pays, il devra se fonder sur les caractéristiques du programme et sur l’offre (disponibilité et coût) du vaccin.
On peut espérer qu'avec deux vaccins produits sur des sites de fabrication différents par des entreprises différentes, on pourra disposer de suffisamment de vaccins pour protéger tous les enfants vivant dans les zones où sévit le paludisme à P. falciparum, et sauver ainsi la vie de centaines de milliers d’enfants.