Genève et Seattle, 10 novembre 2015 - Cinq ans après l’introduction du vaccin conjugué abordable contre la méningite A, l’immunisation a montré que cette maladie mortelle pourrait être enrayée, voire éliminée dans la « ceinture africaine de la méningite ». En 2013, seuls quatre cas de méningite A confirmés par des laboratoires ont été signalés dans les 26 pays de la ceinture de la méningite .
C'est ce que constate une série spéciale de 29 articles du journal Clinical Infectious Diseases écrits en collaboration avec l’institut Public Health England et l’ex-projet Vaccins Méningite, un partenariat entre l’OMS (l’Organisation mondiale de la santé) et PATH (l’organisation internationale à but non lucratif consacrée à la santé). Le journal décrit les étapes du développement, de l’introduction et de l’évaluation du vaccin conjugué contre la méningite A (PsA-TT) en Afrique, plus connu sous le nom de MenAfriVac.
Selon les scientifiques, il est impératif que les pays de la ceinture intègrent aux programmes de vaccination de routine des nourrissons le vaccin contre la méningite A pour éviter une résurgence de la maladie dans quinze ans. Une des études du journal démontre qu’une stratégie de vaccination infantile serait bien moins coûteuse que la réponse à de nouvelles épidémies, dont la gestion des cas et des campagnes de vaccination massives pourraient s’avérer coûteuses et difficiles.
« La méningite A a aujourd’hui presque disparu en Afrique, mais notre mission n’est pas encore finie », explique le docteur Jean-Marie Okwo-Bele, directeur du département Vaccination, vaccin et produits biologiques de l’OMS. « Les avancées spectaculaires contre la méningite A grâce aux campagnes de vaccination de masse pourraient être remises en question si les pays ne parviennent pas à maintenir un niveau élevé de protection de la population en intégrant le vaccin contre la méningite à leurs programmes de vaccination systématique des nourrissons. »
Le développement du vaccin constituait la réponse à un appel des ministres de la Santé d’Afrique subsaharienne après l'épidémie de méningite A de 1996 qui avait contaminé plus de 250 000 personnes et tué plus de 25 000 en quelques mois. Une dose de ce vaccin coûte moins de 0,50 dollar des États-Unis.
« Grace à notre partenariat, nous avons pu mettre au point un vaccin sur mesure et abordable contre la méningite A en Afrique subsaharienne. Son développement s'est fait en un temps record et pour moins d’un dixième du coût d’un nouveau vaccin classique », a déclaré Steve Davis, président et PDG de PATH. « Il ne faut pas que la communauté internationale mette en péril un tel investissement d'une importance vitale ».
« L’alliance Gavi est fière d’avoir aidé à protéger 220 millions d’enfants et de jeunes adultes contre la méningite A dans 16 pays de la ceinture méningitique en à peine cinq ans », a déclaré le docteur Seth Berkley, le PDG de Gavi, l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination. « Alors que nous effectuons ce passage critique de campagnes de vaccination vers des vaccinations de routine, GAVI apportera son appui aux pays qui ont prévu d’introduire le vaccin dans leurs programmes de routine à partir de 2016 ».
Lors de leur présentation des articles du journal, des hautes personnalités de santé publique provenant d’institutions parmi lesquelles l’OMS, PATH, l’UNICEF, Gavi, l’Alliance du Vaccin, la Fondation Bill & Melinda Gates et le fabricant de vaccin, le Serum Institute of India, ont qualifié de « spectaculaires » les progrès réalisés grâce au vaccin. À la mi-2015, les campagnes de vaccination avaient atteint plus de 220 millions de personnes âgées de 1 à 29 ans dans 16 pays (le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Tchad, la Côte-d’Ivoire, l’Éthiopie, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, le Soudan et le Togo). La méningite A a disparu dans toutes les zones où le vaccin a été administré. Sur les 26 pays de la ceinture africaine de la méningite, dix n'ont pas encore complètement mis en place des programmes de vaccination.
Les épidémies de méningite à méningocoque A, une infection bactérienne de la fine membrane qui recouvre le cerveau et la moelle épinière, ont depuis un siècle fait des ravages dans 26 pays d’Afrique subsaharienne, causant chaque année la mort ou l’invalidité parmi les jeunes. Cette maladie, très redoutée sur le continent africain, peut en quelques heures tuer ou entraîner de sévères lésions cérébrales chez un enfant. Les épidémies se déclenchent généralement en début d'année, lorsque des sables secs du Sahara sont emportés vers le sud.
Avant 2010, les épidémies devenaient plus fréquentes et plus répandues à travers l’Afrique, et leur impact sur les individus, les familles et les systèmes de santé des pays de la ceinture de la méningite étaient lourd.
Le MenAfriVac représentait un progrès par rapport aux vaccins polysaccharides plus anciens, qui ne pouvaient être utilisés qu’après le début des épidémies, ne protégeaient pas les enfants et les nourrissons et ne fournissaient qu’une protection à court terme.
Suite à une étude menée sur 900 personnes âgées de 2 à 29 ans vaccinées avec le MenAfriVac au Sénégal, au Mali et en Gambie, les scientifiques ont découvert que 90% d’entre elles avaient toujours des anticorps protecteurs dans leur système immunitaire cinq années après leur vaccination. Selon les auteurs de l’étude, ceci constituait un bon indicateur d’une protection à plus long terme qui allait faire l'objet de leur suivi.
Ce vaccin avait pour autre avantage de renforcer les réponses immunitaires protectrices au tétanos, une maladie bactérienne douloureuse pouvant entraîner des contractions involontaires des muscles et des spasmes suffisamment forts pour fracturer les os. Selon l’une des études de la série, les cas de tétanos néonatal ont chuté de 25% dans les pays qui avaient effectué des campagnes de vaccination contre la méningite A chez les individus âgés de 1 à 29 ans.
« Les pays doivent maintenant décider de la meilleure façon de maintenir la protection offerte par les campagnes initiales de vaccination de masse », a expliqué le docteur Marie-Pierre Preziosi de l’OMS, ancienne directrice du projet ayant développé le vaccin. « Notre expérience avec d’autres maladies évitables par vaccination montre que, si nous baissons la garde, ces maladies vont faire un retour en force. »
Une étude de modélisation a montré que si aucun programme de vaccination ultérieur n’était mis en place après une vaste campagne de vaccination ponctuelle, les pays pouvaient s’attendre à des « résurgences catastrophiques de la maladie » environ quinze ans plus tard.
Les chercheurs ont également effectué une analyse économique en prenant le Burkina Faso pour exemple. Cette analyse montre que la mise en place d’une stratégie de vaccination de routine des jeunes enfants non protégés est beaucoup moins coûteuse que des campagnes de vaccination massive en réponse à de nouvelles épidémies.
L’étude a montré qu’après un investissement initial dans une campagne de vaccination préventive, 1 dollar des États-Unis investi dans une vaccination de routine de nourrissons permet d’économiser 1,30 dollar additionnels par rapport à une stratégie de réponse à une épidémie de méningite A.
« Le monde s’est uni pour avoir un impact remarquable en matière de santé grâce à ce vaccin », se félicite le docteur Marc LaForce, qui a dirigé le développement du vaccin contre la méningite A pour PATH et travaille aujourd'hui avec le Serum Institute of India. « Il faut maintenant que nous finissions notre mission de lutte contre la méningite A et que nous appliquions ce que nous avons appris à la nouvelle génération de vaccins contre la méningite en Afrique. »
Cette série d’articles, intitulée « Projet Vaccins Méningite : le développement, l'homologation, l’introduction et l’impact d’un nouveau vaccin antiméningococcique conjugué du groupe A pour l’Afrique », a été sponsorisée par la Fondation Bill & Melinda Gates.
Genève et Seattle, 10 novembre 2015 - Cinq ans après l’introduction du vaccin conjugué abordable contre la méningite A, l’immunisation a montré que cette maladie mortelle pourrait être enrayée, voire éliminée dans la « ceinture africaine de la méningite ». En 2013, seuls quatre cas de méningite A confirmés par des laboratoires ont été signalés dans les 26 pays de la ceinture de la méningite .
C'est ce que constate une série spéciale de 29 articles du journal Clinical Infectious Diseases écrits en collaboration avec l’institut Public Health England et l’ex-projet Vaccins Méningite, un partenariat entre l’OMS (l’Organisation mondiale de la santé) et PATH (l’organisation internationale à but non lucratif consacrée à la santé). Le journal décrit les étapes du développement, de l’introduction et de l’évaluation du vaccin conjugué contre la méningite A (PsA-TT) en Afrique, plus connu sous le nom de MenAfriVac.
Selon les scientifiques, il est impératif que les pays de la ceinture intègrent aux programmes de vaccination de routine des nourrissons le vaccin contre la méningite A pour éviter une résurgence de la maladie dans quinze ans. Une des études du journal démontre qu’une stratégie de vaccination infantile serait bien moins coûteuse que la réponse à de nouvelles épidémies, dont la gestion des cas et des campagnes de vaccination massives pourraient s’avérer coûteuses et difficiles.
« La méningite A a aujourd’hui presque disparu en Afrique, mais notre mission n’est pas encore finie », explique le docteur Jean-Marie Okwo-Bele, directeur du département Vaccination, vaccin et produits biologiques de l’OMS. « Les avancées spectaculaires contre la méningite A grâce aux campagnes de vaccination de masse pourraient être remises en question si les pays ne parviennent pas à maintenir un niveau élevé de protection de la population en intégrant le vaccin contre la méningite à leurs programmes de vaccination systématique des nourrissons. »
Le développement du vaccin constituait la réponse à un appel des ministres de la Santé d’Afrique subsaharienne après l'épidémie de méningite A de 1996 qui avait contaminé plus de 250 000 personnes et tué plus de 25 000 en quelques mois. Une dose de ce vaccin coûte moins de 0,50 dollar des États-Unis.
« Grace à notre partenariat, nous avons pu mettre au point un vaccin sur mesure et abordable contre la méningite A en Afrique subsaharienne. Son développement s'est fait en un temps record et pour moins d’un dixième du coût d’un nouveau vaccin classique », a déclaré Steve Davis, président et PDG de PATH. « Il ne faut pas que la communauté internationale mette en péril un tel investissement d'une importance vitale ».
« L’alliance Gavi est fière d’avoir aidé à protéger 220 millions d’enfants et de jeunes adultes contre la méningite A dans 16 pays de la ceinture méningitique en à peine cinq ans », a déclaré le docteur Seth Berkley, le PDG de Gavi, l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination. « Alors que nous effectuons ce passage critique de campagnes de vaccination vers des vaccinations de routine, GAVI apportera son appui aux pays qui ont prévu d’introduire le vaccin dans leurs programmes de routine à partir de 2016 ».
Lors de leur présentation des articles du journal, des hautes personnalités de santé publique provenant d’institutions parmi lesquelles l’OMS, PATH, l’UNICEF, Gavi, l’Alliance du Vaccin, la Fondation Bill & Melinda Gates et le fabricant de vaccin, le Serum Institute of India, ont qualifié de « spectaculaires » les progrès réalisés grâce au vaccin. À la mi-2015, les campagnes de vaccination avaient atteint plus de 220 millions de personnes âgées de 1 à 29 ans dans 16 pays (le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Tchad, la Côte-d’Ivoire, l’Éthiopie, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, le Soudan et le Togo). La méningite A a disparu dans toutes les zones où le vaccin a été administré. Sur les 26 pays de la ceinture africaine de la méningite, dix n'ont pas encore complètement mis en place des programmes de vaccination.
Les épidémies de méningite à méningocoque A, une infection bactérienne de la fine membrane qui recouvre le cerveau et la moelle épinière, ont depuis un siècle fait des ravages dans 26 pays d’Afrique subsaharienne, causant chaque année la mort ou l’invalidité parmi les jeunes. Cette maladie, très redoutée sur le continent africain, peut en quelques heures tuer ou entraîner de sévères lésions cérébrales chez un enfant. Les épidémies se déclenchent généralement en début d'année, lorsque des sables secs du Sahara sont emportés vers le sud.
Avant 2010, les épidémies devenaient plus fréquentes et plus répandues à travers l’Afrique, et leur impact sur les individus, les familles et les systèmes de santé des pays de la ceinture de la méningite étaient lourd.
Le MenAfriVac représentait un progrès par rapport aux vaccins polysaccharides plus anciens, qui ne pouvaient être utilisés qu’après le début des épidémies, ne protégeaient pas les enfants et les nourrissons et ne fournissaient qu’une protection à court terme.
Suite à une étude menée sur 900 personnes âgées de 2 à 29 ans vaccinées avec le MenAfriVac au Sénégal, au Mali et en Gambie, les scientifiques ont découvert que 90% d’entre elles avaient toujours des anticorps protecteurs dans leur système immunitaire cinq années après leur vaccination. Selon les auteurs de l’étude, ceci constituait un bon indicateur d’une protection à plus long terme qui allait faire l'objet de leur suivi.
Ce vaccin avait pour autre avantage de renforcer les réponses immunitaires protectrices au tétanos, une maladie bactérienne douloureuse pouvant entraîner des contractions involontaires des muscles et des spasmes suffisamment forts pour fracturer les os. Selon l’une des études de la série, les cas de tétanos néonatal ont chuté de 25% dans les pays qui avaient effectué des campagnes de vaccination contre la méningite A chez les individus âgés de 1 à 29 ans.
« Les pays doivent maintenant décider de la meilleure façon de maintenir la protection offerte par les campagnes initiales de vaccination de masse », a expliqué le docteur Marie-Pierre Preziosi de l’OMS, ancienne directrice du projet ayant développé le vaccin. « Notre expérience avec d’autres maladies évitables par vaccination montre que, si nous baissons la garde, ces maladies vont faire un retour en force. »
Une étude de modélisation a montré que si aucun programme de vaccination ultérieur n’était mis en place après une vaste campagne de vaccination ponctuelle, les pays pouvaient s’attendre à des « résurgences catastrophiques de la maladie » environ quinze ans plus tard.
Les chercheurs ont également effectué une analyse économique en prenant le Burkina Faso pour exemple. Cette analyse montre que la mise en place d’une stratégie de vaccination de routine des jeunes enfants non protégés est beaucoup moins coûteuse que des campagnes de vaccination massive en réponse à de nouvelles épidémies.
L’étude a montré qu’après un investissement initial dans une campagne de vaccination préventive, 1 dollar des États-Unis investi dans une vaccination de routine de nourrissons permet d’économiser 1,30 dollar additionnels par rapport à une stratégie de réponse à une épidémie de méningite A.
« Le monde s’est uni pour avoir un impact remarquable en matière de santé grâce à ce vaccin », se félicite le docteur Marc LaForce, qui a dirigé le développement du vaccin contre la méningite A pour PATH et travaille aujourd'hui avec le Serum Institute of India. « Il faut maintenant que nous finissions notre mission de lutte contre la méningite A et que nous appliquions ce que nous avons appris à la nouvelle génération de vaccins contre la méningite en Afrique. »
Cette série d’articles, intitulée « Projet Vaccins Méningite : le développement, l'homologation, l’introduction et l’impact d’un nouveau vaccin antiméningococcique conjugué du groupe A pour l’Afrique », a été sponsorisée par la Fondation Bill & Melinda Gates.