L’enjeu
Comme pour les autres maladies infectieuses, la prévention, la détection précoce et la riposte rapide sont les meilleurs moyens d’atténuer la menace pour la santé publique que représentent les flambées épidémiques[1]. Cependant, l’identification et la détection fiables et précises des cas – et ainsi des zones et des populations à risque – demeurent, pour la plupart des pays[2], un problème de taille qui se répercute sur l’efficacité et l’efficience des efforts de vaccination.
L’absence de tests de diagnostic rapide validés et adéquats pour le choléra, la méningite, la typhoïde, la rougeole et la rubéole impose le recours à des infrastructures de laboratoire complexes (p. ex. la réaction en chaîne par polymérase [PCR] et culture), ce qui pose des problèmes de logistique, de mise à l’échelle et de formation dans les pays soutenus par Gavi[3]. Comme pour les vaccins, un approvisionnement suffisant de produits de diagnostic adéquats pour ces maladies nécessite le regroupement de la demande, des investissements prévisibles et une collaboration sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
L’action de Gavi
Depuis 2018, le programme d’approvisionnement en produits de diagnostic de Gavi collabore avec des partenaires mondiaux, nationaux et régionaux[4] dans les filières du développement, de l’approvisionnement et du lancement de produits, en visant des maladies pour lesquelles un accès à des produits de diagnostic adéquats peut améliorer considérablement les efforts de vaccination des pays. Cette collaboration tire parti de l’expertise et garantit des gains d’efficacité tout au long de la chaîne de valeur, pour améliorer l’identification précoce des cas, la confirmation et la riposte, et ainsi permettre de mieux cibler la vaccination.
Garantie de tests adéquats
Des outils de diagnostic validés et abordables disponibles sur le marché – en particulier ceux qui permettent de décentraliser le dépistage – peuvent catalyser une transition vers des efforts de vaccination mieux ciblés à l’échelle infranationale, qui obtiennent de meilleurs résultats en matière de santé publique à un moindre coût, à la place de campagnes nationales non sélectives.
À l’heure actuelle, les pays soutenus par Gavi peuvent faire une demande pour recevoir des tests de diagnostic de la fièvre jaune (depuis 2019) et des tests de diagnostic du choléra (depuis 2024). Pour s’assurer que des tests adéquats sont disponibles pour les agents pathogènes cibles, Gavi publie, en collaboration avec les partenaires de L’Alliance, des profils de produits détaillés et des feuilles de route de fourniture et d’approvisionnement, et appuie la préqualification des produits (ou l’équivalent). Actuellement, Gavi lance des appels à manifestation d’intérêt (ici ou par l’intermédiaire de partenaires) pour la production de données indépendantes qui renseigneront ses futures recommandations réglementaires et ses activités d’approvisionnement. Des validations sont en cours pour la rougeole et la rubéole (tests de dépistage rapide et essais immunoenzymatiques), le choléra (tests moléculaires) et la méningite à méningocoque (tests de dépistage rapide).
L’impact de Gavi
Meilleur ciblage des vaccins
En date du premier trimestre de 2025, 22 pays avaient bénéficié d’un soutien de Gavi pour le dépistage de la fièvre jaune à travers la fourniture de tests de diagnostic. Depuis 2019, au moins neuf campagnes de vaccination contre une éventuelle flambée épidémique de fièvre jaune ont été évitées, ce qui représente une économie de coûts de vaccination chiffrée entre 54 et 123 millions de dollars US. Les pays qui ont bénéficié du soutien de Gavi pour le dépistage de la fièvre jaune (Éthiopie, Kenya, Ouganda et Soudan du Sud) ont utilisé des données de surveillance pour planifier l’introduction du vaccin contre la fièvre jaune et les campagnes de vaccination dans les programmes de vaccination systématique et de déploiement à grande échelle.
En date du deuxième trimestre de 2025, 20 pays avaient obtenu une réponse positive de Gavi à leur demande de soutien pour le dépistage du choléra à travers la fourniture de tests de diagnostic rapide, et 13 pays recevaient ce soutien pour une deuxième année. En contribuant à constituer une base de données probantes sur les zones touchées et les tendances de la transmission du choléra, ce soutien permet aux pays d’utiliser plus efficacement le vaccin oral contre le choléra (VOC). Ces efforts ont appuyé le déploiement du VOC au Bangladesh, au Kenya, au Malawi, au Népal, en République démocratique du Congo et dans d’autres pays.
L’intensification du dépistage du choléra devrait se traduire par d’importants gains d’efficacité. Selon les estimations, un dépistage intensifié devrait réduire de moitié le nombre de campagnes de vaccination préventive contre le choléra. Chaque dollar US investi dans le dépistage conduit à une économie de 61 dollars US en coûts de campagne de vaccination orale contre le choléra (par rapport à l’utilisation de données cliniques pour renseigner les décisions sur le ciblage de la vaccination)[5].
