Genève, 15 juillet 2025 – Chaque année, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) publient des estimations des couvertures vaccinales mondiale et nationales (WUENIC).
Gavi, l’Alliance du Vaccin, a analysé les données du WUENIC pour 2024 afin de dresser un tableau de la situation vaccinale des 57 pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure qu’elle soutient. Cette note sera accessible en ligne dès la levée de l’embargo.
POINTS CLÉS
Les pays à faible revenu protègent davantage de personnes contre un plus grand nombre de maladies qu’auparavant, et les taux de couverture vaccinale sont en augmentation constante suite aux déclins observés pendant la pandémie de COVID-19.
- En 2024, grâce à l’aide à la vaccination systématique apportée par Gavi, les pays à faible revenu ont protégé plus de 72 millions d’enfants contre différentes maladies infectieuses, un chiffre inédit. Ils sont aussi plus engagés que jamais dans le financement de la vaccination, avec un montant record de 255 millions de dollars US versés à titre de cofinancement à des programmes de vaccination rien qu’en 2024.
- Ainsi, l’objectif fixé par Gavi de protéger 1,1 milliard d’enfants à l’horizon 2025 a été dépassé, puisque 1,2 milliard d’enfants sont protégés dans les pays à faible revenu depuis 2000.
- En 2024, pour tous les vaccins soutenus par Gavi, le taux de couverture s’est amélioré de 8 points de pourcentage en moyenne, des hausses importantes ayant été enregistrées concernant la vaccination systématique contre la poliomyélite, le cancer du col de l’utérus, la rougeole, la pneumonie, le rotavirus et la fièvre jaune.
- En 2024, 70 % des pays à faible revenu ont maintenu ou amélioré la couverture vaccinale par le vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche en trois doses (DTC3), qui est souvent utilisé comme un indicateur de la capacité d’un pays à systématiser l’administration des vaccins essentiels aux enfants.
- Grâce à ces efforts, en 2024, la couverture vaccinale par le DTC3 a augmenté d’un point de pourcentage dans les pays à faible revenu, pour atteindre 82 %. Ce taux est toujours inférieur d’un point de pourcentage aux niveaux d’avant la pandémie (2019).
- Le nombre d’enfants zéro dose, qui n’ont reçu aucune dose de vaccin, a baissé de 500 000.
Cependant, la croissance démographique, les situations de fragilité et les conflits continuent de faire obstacle à l’instauration d’une vraie équité, et des millions de personnes vulnérables – et le reste du monde – demeurent exposées à un risque sanitaire.
- En raison de la croissance démographique, les pays doivent vacciner chaque année plus d’enfants pour maintenir leur taux de couverture vaccinale. En 2024, dans les 57 pays à faible revenu soutenus par Gavi, on a dénombré 2,5 millions (3 %) de naissances supplémentaires par rapport à 2019.
- Malgré une baisse d’un demi-million, on compte encore 10,2 millions d’enfants zéro dose dans ces pays.
- Dans les douze pays que Gavi classe parmi les plus fragiles ou étant confrontés à des conflits, les taux de couverture vaccinale par le DTC3 ont été maintenus à 61 %, après être passés de 68 % en 2022 à 61 % en 2023, de fortes baisses ayant été enregistrées au Soudan (-12 points de pourcentage) et au Yémen (-4 points de pourcentage) et ayant neutralisé les fortes hausses observées dans d’autres pays de cette catégorie en 2024 – notamment des hausses de 6 à 7 points de pourcentage au Mali, en Syrie et en Haïti.
Les campagnes qui ciblent les enfants manquant à l’appel portent leurs fruits, mais des obstacles existent.
- La couverture par une première dose du vaccin DTC, ou DTC1, est une mesure importante qui permet au monde de prendre la mesure du nombre d’enfants zéro dose qui n’ont toujours pas accès à des vaccins vitaux. En 2024, la couverture vaccinale par le DTC1 atteignait 87 %, soit pratiquement le niveau d’avant la pandémie de COVID-19, lors de laquelle elle avait chuté de quatre points de pourcentage.
- Cela signifie qu’en 2024, on comptait un demi-million d’enfants zéro dose de moins dans les pays à faible revenu, principalement grâce aux efforts ciblés menés dans des pays très peuplés, tels que l’Inde, la République démocratique du Congo et l’Éthiopie.
- Toutefois, des millions d’enfants restent exposés au risque. Près de la moitié (4,9 millions) des 10,2 millions d’enfants zéro dose recensés dans les pays à faible revenu vivent dans cinq pays très peuplés : le Nigéria, la République démocratique du Congo, l’Inde, le Pakistan et l’Éthiopie. Ces pays représentent également près de 60 % des cohortes de naissance des pays soutenus par Gavi.
- Par ailleurs, près de 30 % (2,9 millions) des enfants zéro dose habitant dans les pays à faible revenu vivent dans un contexte de fragilité et de conflit.
- Gavi collabore étroitement avec ces pays sur des campagnes ciblant les enfants manquant à l’appel et les communautés, ainsi qu’avec de nouveaux partenaires susceptibles d’aider les communautés dans les contextes de fragilité. Par exemple, dans le cadre du Programme de vaccination des enfants zéro dose ou ZIP (pour Zero-dose Immunisation Programme), initiative innovante lancée par Gavi en partenariat avec des ONG et des acteurs humanitaires, 9 millions de doses de vaccin ont été administrées dans des régions touchées par un conflit en Afrique, ce qui a permis à environ 1 million d’enfants qui manquaient auparavant à l’appel d’être pleinement immunisés.
- Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre l’objectif fixé par Gavi de 25 % de réduction du nombre d’enfants zéro dose (pour atteindre 6,9 millions) à l’horizon 2025. Pour y parvenir, il faudrait encore enregistrer une baisse de 32 % par rapport aux chiffres de 2024. La pandémie de COVID-19, l’augmentation des cohortes de naissances et la fragilité sont des facteurs qui ont contribué à ralentir les progrès.
L’Afrique a retrouvé son niveau de couverture vaccinale d’avant la pandémie, malgré une augmentation de sa cohorte de naissances.
- La majorité des pays soutenus par Gavi se trouvent en Afrique, région où la couverture vaccinale par le DTC3 est complètement revenue à son niveau d’avant la pandémie malgré une population en augmentation, ce qui signifie que les pays doivent vacciner de plus en plus d’enfants pour améliorer leurs résultats.
- La région AFRO de l’OMS a vu la couverture vaccinale par le DTC3 passer de 76 % en 2019 à 72 % en 2022, mais celle-ci a retrouvé son niveau de 76 % en 2024.
- Les plus fortes hausses de la couverture vaccinale par le DTC3 en 2024 dans la région Afrique ont été enregistrées au Mali (+ 7 points de pourcentage), en République démocratique du Congo (+ 5 points), au Rwanda (+ 4 points) et en Éthiopie (+ 3 points).
Les taux de vaccination dans la région de la Méditerranée orientale ont chuté en raison des conflits au Soudan et au Yémen, malgré de fortes hausses dans d’autres pays.
- La couverture vaccinale par le DTC3 dans la région de la Méditerranée orientale est tombée à 79 % en raison des fortes baisses liées aux conflits au Soudan et au Yémen, et malgré les hausses enregistrées dans de nombreux pays soutenus par Gavi, tels que le Pakistan, la Syrie et la Somalie.
Les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ont retrouvé leur niveau de couverture vaccinale d’avant la pandémie, alors que les pays à faible revenu n’y parviennent pas encore, ce qui montre l’importance de la mise en place de systèmes de santé résilients.
- Parmi les 57 pays soutenus par Gavi, les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ont complètement retrouvé leur niveau de couverture vaccinale par le DTC3 d’avant la pandémie.
- En revanche, en 2024, 26 pays à revenu faible présentaient toujours une couverture vaccinale par le DTC3 de 70 %, contre 75 % en 2019.
Il n’y a jamais eu autant de filles vaccinées contre le cancer du col de l’utérus, et les pays sont en bonne voie d’atteindre des objectifs ambitieux.
- Fin 2022, Gavi a relancé ses efforts visant à protéger les filles par la vaccination contre le virus du papillome humain (VPH), infection à l’origine du cancer du col de l’utérus – une des premières causes de décès des femmes et des filles dans les pays à faible revenu.
- Grâce à cette action, rien qu’en 2024, plus de filles ont été vaccinées contre le VPH que lors de la décennie précédente dans les pays à faible revenu.
- La couverture vaccinale par le vaccin contre le VPH dans les pays à faible revenu est passée de 3 % en 2019 à 7 % en 2022, puis à 16 % en 2023, et enfin à 25 % en 2024.
- Plus de deux fois plus de filles ont été vaccinées avec le soutien de Gavi en 2024 (32,6 millions) qu’en 2023.
- En 2024, près de 60 millions de filles étaient pleinement immunisées contre le VPH grâce au soutien de Gavi, et l’Alliance est en bonne voie d’atteindre la cible de 86 millions d’ici à fin 2025.
Les taux de vaccination contre la rougeole continuent d’augmenter après des baisses liées à la pandémie, mais restent encore inférieurs aux taux nécessaires pour prévenir les épidémies.
- Les lacunes en matière d’immunité contre la rougeole sont très préoccupantes, compte tenu de la haute transmissibilité du virus et du risque d’épidémies graves.
- Les taux de couverture vaccinale contre la rougeole ont chuté pendant la pandémie, de nombreux pays ayant pris du retard dans leurs campagnes d’introduction du vaccin et de vaccination préventive à grande échelle.
- Au cours des dernières années, Gavi et les pays soutenus par l’Alliance ont accéléré leurs efforts de lutte contre la rougeole en vaccinant des centaines de millions d’enfants à l’occasion de campagnes de vaccination systématiques, préventives ou d’urgence. Ces efforts ont abouti à une augmentation des taux de vaccination et de la protection contre la rougeole.
- La couverture par la première dose du vaccin contre la rougeole (MCV1) était de 81 % en 2019, puis est tombée à 77 % en 2021, pour remonter à 78 % en 2023. En 2024, la couverture vaccinale par le MCV1 a encore augmenté, de deux points de pourcentage, pour atteindre 80 %. Cette hausse est en grande partie liée à des améliorations de la couverture vaccinale dans des pays très peuplés.
- La couverture vaccinale par la deuxième dose du vaccin contre la rougeole (MCV2) s’est considérablement améliorée, passant de 59 % en 2019 à 70 % en 2024, les efforts continus pour introduire ce vaccin dans un schéma de vaccination systématique ayant porté leurs fruits.
- Cependant, cette couverture reste très inférieure au seuil de 95 % considéré comme nécessaire pour prévenir les épidémies. En 2024, dans les pays à faible revenu, 15,5 millions d’enfants n’avaient pas reçu leur première dose du vaccin contre la rougeole, soit 75 % du total de 20,6 millions d’enfants.
CITATION
Dre Sania Nishtar, directrice exécutive de Gavi, l’Alliance du Vaccin : « En 2024, les pays à faible revenu ont protégé plus d’enfants qu’ils ne l’avaient jamais fait, les taux de couverture vaccinale ayant augmenté pour tous les vaccins de notre portefeuille. Pourtant, en raison de facteurs tels que la croissance démographique, les situations de fragilité et les conflits, les enfants et les communautés les plus vulnérables restent exposés au risque. L’engagement continu des gouvernements et des partenaires sera crucial pour sauver des vies et protéger le monde contre la menace des maladies infectieuses. »
UN AUTRE ASPECT DE NOTRE ACTION : la vaccination d’urgence
Une nouvelle étude publiée dans le British Medical Journal (BMJ) Global Health souligne l’importance de maintenir la vaccination préventive ou systématique dans les contextes à haut risque pour éviter les épidémies de maladies infectieuses et montre que la vaccination d’urgence a permis de réduire de 60 % le nombre de cas et de décès liés à des épidémies depuis 2000.