• Une nouvelle étude de référence estime qu’entre 2000 et 2023, la riposte vaccinale d’urgence aux épidémies de choléra, d’Ebola, de rougeole, de méningite et de fièvre jaune a entraîné une baisse des décès de 60 % en moyenne et généré au moins 32 milliards de dollars US de bénéfices économiques.

  • Cette étude, la première de ce type s’intéressant à l’impact de la vaccination d’urgence sur la sécurité sanitaire mondiale, a aussi indiqué une réduction moyenne des cas de près de 60 % et une diminution significative de la menace d’épidémies plus vastes.

  • Selon la Dre Sania Nishtar, Directrice exécutive de Gavi, « cette étude démontre clairement l’intérêt et l’excellent rapport coût-efficacité des mesures de vaccination face au risque accru d’épidémies dans le monde ».

Genève, 11 juillet 2025 – Les chercheurs de l’Institut Burnet, en collaboration avec Gavi, l’Alliance du Vaccin, ont permis à la communauté internationale d’avoir un premier aperçu de l’impact historique des efforts de vaccination d’urgence sur la santé publique et la sécurité sanitaire mondiale, grâce à une étude exhaustive de 210 épidémies de cinq maladies infectieuses – choléra, Ebola, rougeole, méningite et fièvre jaune – menée dans 49 pays à faible revenu entre 2000 et 2023.

Selon l’analyse fondée sur l’étude publiée cette semaine dans le British Medical Journal (BMJ) Global Health, on estime qu’au cours de cette période, la vaccination d’urgence a fait diminuer les cas et les décès de presque 60 % en moyenne pour ces cinq maladies. Pour certaines maladies, comme la fièvre jaune et Ebola, les efforts de vaccination en riposte aux épidémies auraient réduit les décès de 99 % et 76 %, respectivement. Cet impact s’ajoute aux millions de décès et de cas évités par la vaccination préventive ou systématique contre les cinq maladies. Dans tous les cas, l’étude a montré que la vaccination d’urgence a considérablement éloigné la menace croissante d’épidémies. Elle a aussi souligné l’importance de délais de riposte rapides et du maintien d’une forte couverture de vaccination systématique – en particulier dans les contextes à haut risque – pour éviter et minimiser les cas et les décès.

Plusieurs des ripostes étudiées ont été financées par Gavi. Les stocks mondiaux de vaccins contre le choléra, Ebola, la méningite et la fièvre jaune financés par Gavi sont à disposition de tous les pays du monde, et leur utilisation pour la riposte aux épidémies est gérée par le Groupe international de coordination pour l’approvisionnement en vaccins, piloté par la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), MSF, l’UNICEF et l’OMS. Dans les pays à faible revenu pouvant bénéficier du soutien de Gavi (où ces épidémies sont le plus susceptibles de se produire), Gavi finance à 100 % le coût des doses, la livraison aux communautés affectées, ainsi que les campagnes de vaccination en riposte aux épidémies. L’Alliance soutient aussi la riposte aux épidémies de rougeole dans les pays à faible revenu par l’intermédiaire du Partenariat contre la rougeole et la rubéole.

Globalement, l’étude a constaté que la vaccination en réponse à ces 210 épidémies a généré quelque 32 milliards de dollars US de bénéfices économiques en évitant des décès et des années de vie perdues en raison d’un handicap. Elle a noté que les économies globales étaient fortement sous-estimées, puisque ce montant ne prend pas en compte les coûts de la riposte aux épidémies ni les effets sociaux et macro-économiques des perturbations résultant d’épidémies majeures. Par exemple, l’épidémie d’Ebola de 2014, qui a éclaté avant l’existence d’un vaccin approuvé et a entraîné des cas importés partout dans le monde, aurait coûté aux seuls pays d’Afrique de l’Ouest plus de 53 milliards de dollars US.

« Nous sommes pour la première fois en mesure de quantifier de façon exhaustive le bénéfice, en termes humains et économiques, du déploiement de vaccins contre les épidémies de certaines des maladies infectieuses les plus meurtrières », a déclaré la Dre Sania Nishtar, Directrice exécutive de Gavi, l’Alliance du Vaccin. « Cette étude démontre clairement l’intérêt et l’excellent rapport coût-efficacité des mesures de vaccination face au risque accru d’épidémies dans le monde. Elle réitère aussi l’importance de pleinement financer Gavi, qui pourra ainsi continuer à protéger les communautés dans les cinq années à venir. »

ANALYSE DES RÉSULTATS PAR MALADIE

Pour chaque maladie, les chercheurs ont étudié les épidémies dans les pays à faible revenu où une vaccination d’urgence avait été mise en place et disposant de suffisamment de données pour simuler une plage de référence des cas et des décès observés et estimés. À partir de là, ils ont modélisé un scénario contrefactuel sans aucune vaccination de riposte aux épidémies, puis ont calculé le nombre de cas et de décès évités et d’années de vie en bonne santé (DALY) grâce à la riposte vaccinale. Ils ont aussi estimé les bénéfices économiques générés par les décès évités et les DALY, et examiné l’effet de la riposte vaccinale sur le risque d’épidémies d’envergure. Suit une analyse de ce que cela signifie en termes de pourcentage de réduction des cas et des décès.

MALADIE

PÉRIODE

NB D'ÉPIDÉMIES AVEC SUFFISAMMENT DE DONNÉES POUR ANALYSER L’IMPACT

ESTIMATION DE LA RÉDUCTION MOYENNE DE CAS* (plage)

ESTIMATION DE LA RÉDUCTION MOYENNE DE DÉCÈS* (plage)

RISQUE D’ÉPIDÉMIES MAJEURES** 

Choléra2011-20234026%
(25-27)
36%
(35-38)
Diminution de 18 % à 10 %
Ébola2018-2022777%
(72-80)
76%
(71-80)
Diminution de 71 % à 43 %
Rougeole2003-20235159%
(58-59)
52%
(51-52)
Diminution de 41 % à 8 %
Méningite***2012-20232427%
(26-28)
28%
(26-31)
Diminution de 42 % à 29 %
Fièvre jaune2001-20238898%
(98-98)
99%
(98-99)
Diminution de 20 % à 7 %
  Total : 210Moyenne : 57%Moyenne : 58% 

Ebola : Ebola est une malade rare mais grave, dont le risque de sécurité sanitaire est élevé, comme l’a montré l’épidémie d’Ebola de 2014 en Afrique de l’Ouest, qui a entraîné plus de 11 000 décès dans la région et des cas importés partout dans le monde. Alors qu’il n’existait aucun vaccin approuvé en 2014, des vaccins sont désormais à disposition de tous les pays du monde grâce à l’action de Gavi en faveur de leur développement et de l’établissement de réserves mondiales. Les vaccins se sont révélés extrêmement efficaces dans la réduction des cas et des décès lors des épidémies ultérieures, les pays à haut risque protégeant désormais en amont le personnel de santé et les autres intervenants en première ligne grâce aux mesures de vaccination préventive soutenues par Gavi. L’étude a porté sur sept épidémies d’Ebola où des vaccins étaient disponibles comme outil de riposte, concluant que ces efforts avaient réduit en moyenne les cas et les décès de 77 % et 76 %, respectivement, et avaient considérablement atténué la menace d’urgences massives comme l’épidémie de 2014 en Afrique de l’Ouest.

Étapes suivantes : Pour sa période stratégique 2026–2030 (Gavi 6.0), Gavi vise à maintenir les stocks mondiaux de vaccins contre Ebola, destinés à l’ensemble des pays, tout en soutenant les pays où le risque est le plus élevé par une vaccination préventive des intervenants en première ligne.

Fièvre jaune : bien que la fièvre jaune soit une maladie transmise par les moustiques extrêmement mortelle qui ne peut être éradiquée, il est possible de considérablement réduire le risque épidémique en vaccinant au moins 60 à 80 % de la population à risque. Avec cet objectif à l’esprit, Gavi a contribué à réellement réduire la survenue d’épidémies d’envergure en soutenant les pays pour qu’ils ajoutent le vaccin à la vaccination systématique et pratiquent des campagnes de prévention de masse, protégeant ainsi des centaines de millions d’enfants et d’adultes dans les pays les plus à risque. Depuis 2001, Gavi a aussi œuvré en faveur de stocks mondiaux de vaccins contre la fièvre jaune pour accompagner les pays dans la riposte aux épidémies. Sur les 88 épidémies de fièvre jaune étudiées, les chercheurs ont constaté que la vaccination en riposte aux épidémies avait contribué à réduire en moyenne les cas et les décès de 98 % et 99 %, respectivement. D’après cette étude, les effets les plus importants correspondaient aux campagnes mises en œuvre avec des temps de riposte plus rapides et dans des contextes où la transmission de la fièvre jaune était élevée et l’immunité initiale plus faible. Cela souligne l’importance d’une riposte en temps opportun et d’une vaccination systématique et préventive. En effet, les épidémies de fièvre jaune qui se produisent actuellement en Afrique, concernent largement les pays ayant de faibles taux de couverture systématique et où la vaccination préventive de masse a eu lieu, pour la dernière fois, il y a 10 à 15 ans.

Étapes suivantes : Pour sa période stratégique 6.0, Gavi a pour objectif de soutenir les pays à risque par une vaccination préventive ciblée afin d’éviter la survenue d’épidémies futures et de parvenir à un contrôle approprié des épidémies actuelles, tout en poursuivant l’aide à la vaccination systématique dans les pays à risque élevé et en s’assurant que tous les pays ont accès à des doses d’urgence pour la riposte grâce aux stocks mondiaux. Par exemple, les pays d’Amérique du Sud qui font actuellement face à des épidémies d’envergure peuvent accéder aux doses des réserves mondiales et rembourser Gavi pour les coûts.

Choléra : les épidémies de choléra surviennent essentiellement en raison d’un manque d’accès aux services d’eau salubre, d’assainissement et d’hygiène (EAH) et à un traitement en temps opportun. La majorité des cas de choléra peut être traitée par des sels de réhydratation par voie orale. Il est toutefois essentiel d’y avoir accès rapidement, ce qui est souvent problématique dans des populations parmi les plus vulnérables où l’accès aux infrastructures d’EAH a été affecté par le manque de services de base, les conflits, les catastrophes naturelles et les déplacements, entre autres facteurs. La vaccination d’urgence des populations touchées joue un rôle essentiel dans le contrôle des épidémies de choléra. D’après l’étude, sur les 40 épidémies de choléra étudiées entre 2011 et 2023, la vaccination a en moyenne aidé à réduire les cas et les décès de 28 % et 36 %, respectivement. Historiquement, le vaccin oral contre le choléra a été principalement utilisé comme outil de riposte d’urgence, et n’a pas été fourni de manière systématique. L’étude a également montré qu’en l’absence de l’immunité initiale qu’une vaccination systématique pourrait fournir, une riposte très rapide est fondamentale pour sauver des vies.

Étapes suivantes : Sur le long terme, garantir l’accès aux infrastructures d’EAH doit être primordial dans le contrôle du choléra endémique. La demande en vaccins contre le choléra est aujourd’hui plus forte que jamais en raison d’une recrudescence aiguë des épidémies dans le monde depuis 2021. Toutefois, une riposte rapide est souvent difficile dans les contextes fragiles où les épidémies de choléra ont tendance à éclater. Cela contribue à rendre la vaccination préventive essentielle pour le contrôle du choléra et cela pourrait devenir une réalité grâce aux efforts à long terme pour augmenter l’approvisionnement mondial en vaccins. Entre 2026 et 2030, en plus d’apporter son soutien à la riposte aux épidémies, Gavi accompagnera les pays où le choléra est endémique dans la mise en œuvre d’une vaccination préventive ciblée.

Rougeole : la rougeole est très infectieuse, et des taux de couverture de 95 % sont nécessaires pour prévenir les épidémies. Les vaccinations systématique et préventive sont donc essentielles. Toutefois, parvenir à un taux de couverture peut être problématique dans de nombreux contextes, ce qui conduit inévitablement à des épidémies. D’après cette étude, au cours des vingt dernières années, la vaccination en réponse aux épidémies de rougeole dans les pays à faible revenu a fait baisser les cas de 59 % et les décès de 52 %. Elle a aussi surtout contribué à considérablement réduire le risque d’épidémies majeures, aspect essentiel dans les contextes où l’immunité initiale est moindre en raison de faibles taux de couverture.

Étapes suivantes : Comme pour les autres vaccins, les taux de couverture vaccinale de la rougeole dans les pays à faible revenu ont décliné au cours de la pandémie de COVID-19, conduisant à une hausse des épidémies. Gavi a œuvré pour que les pays reprennent le contrôle de la situation, notamment par des campagnes préventives en faveur de centaines de millions d’enfants depuis 2021. Les efforts de riposte aux épidémies ont protégé plus de 35 millions d’enfants depuis 2021. Ces efforts se poursuivront en 2025 et durant la période stratégique 2026-2030 de Gavi, l’objectif étant la hausse des taux de couverture vaccinale pour prévenir les épidémies de rougeole.

Méningite : les vaccinations systématique et préventive soutenues par Gavi ayant contribué à éliminer les épidémies de méningite A de la ceinture de la méningite en Afrique, l’étude s’est concentrée sur les épidémies dues à d’autres souches, qui représentaient la majorité des cas de méningite durant la période étudiée. En effet, à cette période, les vaccinations systématique et préventive contre ces autres souches n’étaient pas la norme. L’étude a conclu que sur dix ans, la vaccination en réponse à ces épidémies a en moyenne réduit les cas et les décès de 27 % et 28 %, respectivement. Comme pour le choléra, l’étude a noté que dans un scénario où la population générale n’est pas protégée par une vaccination systématique, la vitesse de la riposte est un facteur déterminant clé de l’impact global des efforts de vaccination d’urgence.

Étapes suivantes : La récente mise à disposition d’un nouveau vaccin conjugué multivalent – qui protège contre les cinq souches de méningite les plus prévalentes et offre une protection plus durable – a permis à Gavi d’offrir un meilleur accompagnement aux pays. Le vaccin fait partie des stocks mondiaux et est déjà utilisé en réponse aux épidémies de méningite C. Il élargit aussi le soutien de Gavi pour les campagnes de prévention ciblées dans les pays à haut risque, ce qui allégera le fardeau global et offre même la possibilité d’éliminer les épidémies d’autres souches de méningite en Afrique. Plus tard dans l’année, le Niger, touché par les épidémies depuis cinq ans, deviendra le premier pays à mener une campagne de prévention nationale avec le vaccin multivalent.

PROTECTION DE LA SÉCURITÉ SANITAIRE À L’ÉCHELLE MONDIALE D’ICI 2030

Gavi cherche actuellement à financer entièrement sa prochaine période stratégique, Gavi 6.0, qui courra de 2026 à 2030. Avec la menace croissante des maladies infectieuses, l’Alliance souhaite réaliser le plus gros investissement de son histoire dans la sécurité sanitaire. Cela comprend la préservation des réserves de vaccins mondiales actuelles tout en y ajoutant de nouveaux stocks contre des maladies comme la mpox et l’hépatite E, et le soutien d’efforts ciblés pour traiter les causes profondes des épidémies actuelles de fièvre jaune, d’Ebola, de choléra, de méningite et de rougeole.

Gavi poursuivra également son engagement en faveur d’un accès rapide aux vaccins et d’un soutien essentiel aux futures flambées, épidémies et pandémies via son mécanisme de financement du « Jour zéro » et son Fonds de première riposte, des mécanismes innovants qui se sont récemment révélés vitaux dans la riposte rapide et durable à l’épidémie de mpox et qui sont prêts à être activés pour les futures urgences de santé publique de portée internationale.


Contacts Presse

Meg Sharafudeen
+41 79 711 55 54
msharafudeen@gavi.org

Eunice Kilonzo-Muraya
+41 76 424 85 03
ekilonzo@gavi.org


Partager